Cocody, Treichville, Yopougon pourquoi il faut fermer ces CHU inhospitaliers

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Par Jean Roche Kouamé

Vous avez dit Centre hospitalier universitaire (Chu)? Je dirai plutôt Centre inhospitalier universitaire. Dans nos structures sanitaires, notamment les trois Chu (Cocody, Treichville, Yopougon), le manque de conscience professionnelle, la cupidité, le laisser-aller, la corruption, le clientélisme, le sabotage… ont atteint un seuil tel que toutes les formes de manquements à la déontologie et à la réglementation sont devenues presque banales.

Le laxisme des responsables qui ont en charge la gestion de ce service public a transformé, en effet, nos Chu en de véritables mouroirs vers lesquels continuent malheureusement de converger ceux qui n’ont aucun moyen d’aller se soigner dans les cliniques huppées ou même en Europe. Un ami, victime d’un grave accident de la route, dans la nuit de mercredi 7 août, a failli passer de vie à trépas. Par manque, dit-on, de film pour faire la radio de son bras fracturé.

Avant d’être conduit dans un établissement privé grâce à certaines bonnes volontés pour une intervention urgente. Auparavant, il a assisté impuissant aux derniers soupirs de deux compagnons d’infortune, dans sa chambre, victimes, eux-aussi, d’un accident de la route. Ces cas de non assistance à malade sont légion. Pas besoin de camera cachée pour montrer cette triste réalité. Raymonde Goudou, ministre de la Santé et de la Lutte contre le sida qui n’ignore rien de ce comportement scandaleux dans nos hôpitaux a tapé du poing sur la table. « Ce n’est plus un problème d’équipement ou de ne pas avoir ce qu’il faut; ça se passe dans la tête. Ça veut dire qu’on se donne le droit en permanence, même si on a ce qu’il faut, de racketter quand même, de prendre l’argent du malheureux patient (…) On ne tolère plus ! Non, non et non ! Je ne suis pas d’accord (…) Les brebis galeuses, vous les connaissez. Vous ne devez pas vous en accommoder. » Mardi, devant les directeurs des formations sanitaires, la ministre est sortie de ses gonds. Au-delà de la colère ministérielle, il faut purement et carrément fermer les Chu. La question de la santé publique, comme celle de l’éducation, est un problème trop sérieux pour s’accommoder d’agents inconscients et cupides. Car s’il faut sanctionner comme l’a indiqué la ministre, c’est toute la chaîne qui sera visée. Des vigiles aux directeurs en passant par le personnel soignant, personne ne doit être épargné dans ces Chu inhospitaliers. Leur fermeture serait des mouroirs en moins.

Il paraît que 2013 est décrété «Année de la santé». Mon œil !

L’Expression

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