Côte d’Ivoire – Du tribalisme en général et du rattrapage ethnique en particulier

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I – Le tribalisme pour faire court, est le sentiment d’appartenance à une tribu, c’est-à-dire un groupement humain ayant en commun la même langue, les mêmes croyances, les mêmes origines et au besoin vivant dans le même espace géographique. C’est un phénomène culturel et identitaire tout à fait normal, qui traduit en chaque homme la conscience de son appartenance originelle.

En Afrique c’est le comportement tribal des chefs d’Etats qui a fait du tribalisme une idéologie de gouvernance aujourd’hui dangereuse pour l’équilibre de nos malheureux pays africain. Car finalement chacun se replie sur sa région et son groupe ethno tribal pour se situer par rapport aux autres composantes du pays.

Imaginez simplement si un Corse du nom de Federico Antonio Mariani, devenait président de la république Française et que la moitié du gouvernement français devenait des Corses, que tous les directeurs des entreprises publiques et parapubliques ainsi que les ministères de souveraineté soient détenus par des Corses et que l’Etat-major des armées françaises devenait corse avec plus de la moitié des hommes de troupes.

Et si à côté de cela ce président de la république suspend le parlement monocolore acquis à sa cause et gouverne par ordonnance dans le but de naturaliser deux millions de Sardes et de Siciliens pour faire d’eux des corses dans le but de se constituer un vivier électoral pour se maintenir durablement au pouvoir, pour servir les intérêts Allemands ou Américains.

Ce sera un immense scandale, une révolte et une chasse à l’homme corse dans toutes les villes de France.

En Afrique, On nomme souvent un premier ministre d’un autre groupe ethnique pour faire de la figuration et le vrai pouvoir se trouve dans les mains du ministre de la défense ou celui de l’intérieur, véritable homme de main du président.

Ce qui est ici une hypothèse de travail donne froid dans le dos de nos amis européens et pourtant le Rwanda, Le Zaïre, le Burundi et la Côte d’Ivoire sont des pays qui vivent ou qui ont vécu cette réalité inacceptable. L’idée même qu’on puisse gouverner un pays au bénéfice d’un autre est une chose difficilement compréhensible. Mais mieux on peut emprisonner ses propres compatriotes pour plaire à une tiers puissance. Quel avenir peut-il avoir pour le citoyen dans ce genre de pays ?

Nous disons calmement ici, sans haine et sans passion, qu’on peut affirmer sa singularité et son identité sans mépriser ou écraser les autres. On oublie que c’est en valorisant parfois ce qui vient du voisin qu’on s’épanouit pleinement à son contact. L’exemple que nous donnons dans ce sens nous vient des Baoulés de Côte d’Ivoire.

Ils sont les seuls membres du groupe akan qui ont des masques. Ils doivent cette exception aux contacts anciens qu’ils ont entretenus avec les Gouros qui étaient déjà très liés aux Sénoufos du nord de la Côte d’Ivoire dans cette belle région qu’on appelle la Marahoué. Les échanges entre les Baoulés et les Gouros ont créée un groupe culturel hybride qui est à mis chemin entre les deux groupes ethniques. Les Yowrês, qui portent des noms baoulé en étant de culture Gouro.

Voilà sous nos yeux une véritable richesse dans l’épanouissement collectif d’une nation. Regardez la rencontre harmonieuse entre Gouro et Bété à Daloa, Sinfra ou entre Gagou, Gouro, Baoulé et Bété à Oumé et vous constaterez avec nous le caractère multiple et pluriel de la société ivoirienne que les politicards tribalistes s’acharnent à détruire au non de leurs petits intérêts sordides, minables et mesquins.

Le tribalisme devient un danger en revanche, quand il valorise une identité ethnique, religieuse et régionale dans une communauté nationale qui se veut solidaire. On peut promouvoir l’identité et la singularité des Lobi, des Malinkés ou des Sénoufos en Côte d’Ivoire sans aller nécessairement mépriser, rejeter et faire des Gueré, des Bété, des Avikam, des Dida, et des Agni des ennemis.

L’affirmation de soi par la négation des autres a toujours été la pire des politiques en Afrique noire. Le tribalisme pousse à l’exclusion, à la domination hégémonique d’une tribu sur les autres ou pire encore à faire d’eux des citoyens de seconde classe comme dans le Rwanda Hutu du général d’opérette Juvénal Habyarimana. C’est ainsi qu’on tombe pour ne plus en ressortir dans le piège mortel du tribalisme qui est l’une des causes de notre retard économique et social.

II – Les dangers du Tribalisme

Dans un pays multiethniques et pluriel, vouloir exclure les autres pour asseoir l’hégémonie d’un groupe sur tous les autres c’est courir le risque d’implosion de l’Etat. Les Hutus ne traitaient-ils pas les Tutsis de cafards ou de cancrelats ? Dans le cas de la Côte d’Ivoire les rebelles de la coalition militaire qui avait pris les armes contre le régime de Laurent Gbagbo, disent ouvertement qu’ils l’ont fait pour qu’Allassane Dramane Ouattara, qui est l’un des leurs, devienne le président de la République de Côte d’Ivoire.

D’autre part, Dramane Ouattara, qui est candidat à sa propre succession en 2015, veut faire adopter aujourd’hui par le parlement ivoirien, une loi de bradage de la nationalité ivoirienne. À des soi-disant apatrides nés en Côte d’Ivoire, environ 800 000 personnes. Et cela sans aucune demande de leur part.

Cette nationalisation à la pelle est-une exigence de son ancien pays le Burkina-Faso, ou une urgence nationale ivoirienne ? Avancer masqué sur des questions aussi graves, c’est porter en terre les semences du prochain conflit, qui mettra la paix hors de portée des ivoiriens.

La France à donné sa nationalité à des Hongrois, des Polonais, des Italiens, des Magrébins et à de nombreux ressortissants de l’Afrique subsaharienne. Mais cela dans une demande précise et une procédure qui respecte les conditions d’obtention de la nationalité française. Et non pas par une loi dans le but dissimulé de constituer un électorat pour le parti au pouvoir. C’est une démarche malhonnête, irrespectueuse et indigne de la Côte d’Ivoire.

La Côte d’ivoire plus que n’importe quel autre pays porte dans son corps social le virus pervers du tribalisme et risque dans le futur de le payer au prix fort , l’aveuglement et la versatilité de sa classe politique. Observons ici les effets pervers de cette politique qui conduira ce pays vers la tombe :

– Lorsque l’adhésion à un parti politique se fait sur des bases ethno tribales, religieuses ou régionalistes.
– Lorsqu’on dénie toute compétence aux compatriotes des autres ethnies parce qu’ils ne sont pas originaire du bon groupe ethnique du nord de la Côte d’Ivoire.

– Lorsque tous ceux qui sont Bété, Dida, ou Gueré perdent les emplois de direction qu’ils occupaient dans la fonction publique à cause de leur appartenance ethnique ou régionale.

– Lorsqu’on prête à l’auteur d’un article des intentions qu’il n’a pas, ou des propos qui ne sont pas les siens parce qu’il est simplement originaire d’une autre tribu.

– Lorsque toutes les nominations à la tête des entreprises d’Etat ou des grands ministères de souveraineté ont pour seules critères l’origine régionale ou tribale des l’heureux bénéficiaires.

– Le tribalisme pousse toujours les petits politiciens à manipuler l’opinion de leur pays et surtout la jeunesse par des politiques de courte vue.
– Il a rendu l’ivoirien méfiant et intolérant au point ou la Côte d’ivoire est devenu un pays ou un simple accrochage entre deux véhicules dans la circulation peut devenir une affaire d’Etat si l’un des conducteurs est Bété et l’autre Sénoufo ou Koyaga.

– Le tribalisme est nuisible à un pays qui veut construire un avenir commun pour tous car, il crée artificiellement un sentiment de supériorité d’un groupe ethno tribal sur le reste du pays.
– Il conduit au non respect des droits humains, à la mauvaise gouvernance.

– Il conduit à la peur de la différence, à la soif du pouvoir qui pousse à tuer pour exister.

– – Le tribalisme est nuisible à l’intégration nationale, puisse que son pilier principal est l’exclusion et la négation des l’autres.

– Il favorise la corruption, le népotisme la gabegie et le clientélisme. Il est responsable du manque de démocratie de base. Il conduit à un sentiment d’injustice, de frustration et de haine dans le corps social de la nation qu’on veut bâtir. Le tribalisme conduit toujours à des dictatures criminelles, sanglantes et sanguinaires.

– Telles sont les armes de la décomposition, de destructions massives et de décadence nationale qui sont aujourd’hui entre les mains d’Allassane Dramane Ouattara et de sa tribu dans le présent de la Côte d’Ivoire.

En un mot le tribalisme dans ses formes et ses procédés, détruit la cohésion sociale, la paix civile, la solidarité nationale, l’identité nationale qui sont les ferments d’une société qui aspire à un développement harmonieux ainsi
au’au progrès social et démocratique.

III – Le rattrapage Ethnique d’Allassane dramane Ouattara

L’ethnie est un groupement humain homogène dans sa langue, dans sa culture et dans les traditions, qu’il transmet de génération en génération. Le rattrapage est une expression forgée de toute pièce par le Dr Allassane Dramane Ouattara lui-même dans une interview au journal français l’EXPRESS le 25 janvier 2012. C’est une politique d’exclusion et de mépris pour ceux qui ne sont pas du nord de la Côte d’ivoire, la région du Dr Dramane Ouattara.

C’est la revanche des nordistes qui se disaient marginalisés, sur les autres composantes de la Côte d’Ivoire. Faire en sorte que le pouvoir soit totalement exercé par les fils du nord de la Côte d’Ivoire qui représentent selon lui 40% de la population et qui ont été exclus du développement du pays. (Manipulation politique) devant le tôlé suscité par de tels propos venant de la bouche d’un chef d’Etat. Le Dr Dramane Ouattara avait nié une telle déclaration. Mais trop tard, le journal l’EXPRESS, n’a pas eu un démenti formel du chef d’Etat ivoirien. Le mal est déjà fait pour que les ivoiriens se regardent en chien de faïence.

Nous avons le sentiment qu’il y a une vraie malédiction qui plane depuis des décennies sur la Côte d’Ivoire. Car dans un pays normal, le président de la république est l’arbitre des disfonctionnements, des antagonismes, des crises et situations conflictuelles qui peuvent surgir entre les différentes composantes de la nation.

Bizarrement chez les ivoiriens, c’est toujours le président de la république et sont entourage qui déploient toujours un effort surhumain pour aller chercher le poison destructeur de la division et de l’exclusion pour venir l’inoculer dans le corps social de la nation. Hier c’était l’ivoirité de Mr Bédié et aujourd’hui le rattrapage ethnique de Mr Dramane Ouattara. C’est quand même incroyable que personne ne voit dans cette classe politique ivoirienne que la Côte d’Ivoire est au bord du précipice.

Le rattrapage ethnique vise à faire des ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire, les détenteurs exclusifs et absolus de la direction du pays des éléphants. En réalité c’est une forme de Dioulaterie ou dioulatisation qui est la réponse des ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire à l’ivoirité d’Henri Konan Bédié et aux autres composantes de la Côte d’Ivoire.

Ces deux termes qui se valent ont été plusieurs fois utilisés par des compatriotes ivoiriens pour relever et dénoncer le rattrapage ethnique ainsi que le caractère ethno religieux et régionaliste de la gouvernance de l’actuel président de la Côte d’Ivoire, le Dr Allassane Dramane Ouattara. Car depuis sa prise de fonction jusqu’à ce jour, les hommes et les femmes originaires du nord de la Côte d’ivoire sont majoritaires au sein de l’exécutif ivoirien.

Dioula est un terme qui originellement désignait les commerçants Malinkés ou Soninkés d’Afrique de l’Ouest. Dioula vient de l’arabe « Djeoul » qui signifie commerçant ambulant. Aujourd’hui on veut en faire un groupe sinon une appellation pour désigner les ressortissants du nord de la Côte d’ivoire ainsi on applique ce terme pour désigner les Sénoufo, Djimini, les Lobi ou les Tagbana qui sont sociologiquement loin des Bambaras et autres malinkés.

C’est sur les contreforts de la dioulaïté qu’un pays comme le Mali, avait soutenu la rébellion en Côte d’ivoire, car une partie des assaillants qui sont venus endeuiller les ivoiriens le 19 septembre 2002, étaient passés par la frontière Nord avec ce pays frère, qui paye aujourd’hui au prix fort sa propre duplicité et sa connivence avec la dioulaïté, par une rébellion d’une plus grande ampleur sur son propre sol. Comme quoi il ne faut jamais se réjouir des malheurs de ton voisin. Car nul ne connaît ce que demain lui réserve.

Dans le cas ivoirien, en faisant des directeurs généraux, des douanes, du directeur du trésor, des postes, de la loterie nationale, de la filière Café cacao, des ports d’Abidjan, de San Pedro, de la Sotra, de la RTI et de la plupart des présidents des fédérations sportives, des directeurs et des présidents des conseils d’administration des entreprises d’Etat, des ressortissants du nord.

Dans certains ministères, les chauffeurs, les plantons, le ministre et tous les directeurs centraux sont originaires du nord ivoirien.

Ainsi, le président de la république de Côte d’ivoire est entré sans le savoir dans une logique de pouvoir tribalo ethnique comparable à la primauté du pouvoir des Hutus du Rwanda sur l’appareil d’Etat dans le régime détestable du général d’opérette, Juvénal Habyarimana entre 1973 et 1994.

En faisant de la dioulaïté le point central de sa gouvernance, le président ivoirien, vient de trahir sous nos yeux les belles promesses de campagne, d’une Côte d’Ivoire juste et vivable pour tous les ivoiriens. Promesses qui avaient poussé des Baoulés et certain Bétés à voter pour lui.

La dioulatisation de l’appareil d’Etat en Côte d’ivoire est une erreur politique majeure, c’est un tribalisme institutionnalisé qui n’était pas nécessaire en Côte d’ivoire. Car il conduira à terme à construire la méfiance entre ivoirien, à renforcer des ressentiments inutiles et nocifs pour la cohabitation harmonieuse entre ivoiriens et finalement à déconstruire un Etat qui est aujourd’hui exsangue.

Si dans un pays qui compte soixante groupes ethniques, si 80% des postes de responsabilités reviennent de droit aux membres du groupe ethnique, religieux et régional du président de la république, que reste-il aux autres ? En exprimant cela nous ne faisons qu’un simple constat, imposé par le bon sens et la raison qui nous poussent à souhaiter et à vouloir le meilleur pour notre pays.

Une démocratie qui se veut utile et solidaire doit avoir des anticorps et surtout des signaux d’alertes. Nous participons de ce fait aux mouvements des idées par la libre expression, en dénonçant toutes les nocivités qui nous tirent par le bas et qui dans la réalité affaiblissent durablement le pays ainsi que le progrès social et démocratique de notre peuple.

IV – sortir de cette logique ethno-tribale

L’attitude la plus condamnable qui a favorisé durablement cette mentalité ethnique et clanique dans la gestion du pouvoir politique un peu partout en Afrique, est le silence même des membres du groupe l’ethnique des présidents africains.

Pourquoi au Rwanda aucun Hutu n’avait élevé la voix pour dénoncer le harcèlement, le mépris, les injustices et les maltraitances que subissaient les Tutsis, sous leurs yeux pendant des décennies ? Pourquoi les Ngbandis qui étaient autour de Mobutu, avaient-ils gardé le silence devant la répression brutale et criminelle contre les autres groupes ethniques ?

Pourquoi la primauté des Baoulés sur l’appareil d’Etat à l’époque du président Houphouët-Boigny et la répression contre les Bétés du Guébié n’avait pas émut un seul Akan ? Pourquoi des hommes comme Daniel Kablan Duncan, premier ministre passe-partout, hier de M. Bédié et aujourd’hui celui de Dramane Ouattara, ne se sont-ils pas émus en affichant frontalement leur opposition à l’ivoirité ?

Pourquoi la dioulaïté, la Dioulaterie et la dioulatisation de la Côte d’ivoire ne rencontrent que satisfaction et abondance de jouissance auprès des ressortissants du nord aujourd’hui ? Observez comment les ressortissants du nord qui ont soutenu Laurent Gbagbo, ont été traité par leurs propres parents.
Pourquoi toutes ces expéditions punitives dans l’Ouest contre des populations qui ont soutenu Laurent Gbagbo ? Pourquoi le pillage des domiciles des pros-Gbagbo fait-il le bonheur des Dozos et autres Zozos originaires du nord ? Oublient-ils que ce genre d’attitude laisse des traces qui peuvent se retourner contre eux demain ? La dioulaïté n’est-elle pas une des formes vénéneuses de l’exclusion et de la xénophobie que dénonçait hier le RDR, de l’actuel président Allassane Dramane Ouattara ?

Les ivoiriens constatent éberlués que les maisons occupées, les plantations occupées, les contrôles au faciès, les emprisonnements arbitraires, la confiscation, le pillage des biens, les perquisitions nocturnes tout cela ne concernent que les autres groupes ethniques.
Pendant que les ressortissants du nord sont tranquilles chez eux dans une sécurité et une paix que leur envie les autres ivoiriens exclus de la paix civile pour cause d’appartenance ethnique. Nous faisons même le pari que ceux qui ne sont pas dioula ne retrouverons plus jamais leur maison, aucune justice ne la leur rendra.

L’exclusion des pros-Gbagbo de toutes responsabilités politiques ou administratives est-elle une solution qui renforce le pays ou affaiblit la nation ivoirienne en construction ? La Côte d’ivoire ne pourra pas faire l’économie de tous ces questionnements car ils conditionnent notre orientation commune dans la jungle de ce monde et surtout dans une sous région, infectée par des loups affamés qui recherchent l’animal le plus faible du troupeau pour un déjeuner sanglant.

V – Les dérives du régime Ouattara

Mettre son ethnie aux avant-postes du pouvoir. L’histoire de l’Afrique nous enseigne que des gens comme Mobutu, Habyarimana, Ahidjo, Gnassingbé Eyadema et autres Bokassa, avaient expérimenté ce genre d’absurdité, nous étions tous convaincus que leur bas niveau d’études était pour beaucoup dans les choix désastreux qui avaient conduits eux mêmes et leur pays dans la violence et le chaos. Hors nous découvrons aujourd’hui en Côte d’Ivoire que cette cécité peut venir aussi d’un homme qui fait des études aux USA et qui a travaillé dans des institutions internationales.

Comment justifier cette médiocrité qu’est le fait qu’on a transformé l’ouest de la Côte d’Ivoire en une zone de colonie de peuplement pour Maliens et Burkinabés avec à la clé l’expropriation des autochtones et des meurtres gratuits ainsi que des charniers dont les auteurs ne seront jamais livrés à la justice ?
Et comme tout cela ne suffisait pas, on veut naturaliser par ordonnance sans aucune demande, les occupants des terres agricoles de l’Ouest originaires des pays voisins du nord de la Côte d’ Ivoire.

Pourquoi le président de la république ferme t-il les yeux sur les violences faites aux ivoiriens ? Nous faisons le pari que si demain des violences se produisent à Kpapékou, et qu’il y a 600 morts le président de la république ne bougera même pas le petit doigt pour exprimer la moindre compassion envers les familles des victimes, car c’est une région de Bété. Voilà ou le tribalisme couplé au rattrapage ethnique peut conduire un chef d’Etat.

Le silence du Dr Dramane Ouattara, devant les morts qui ne sont pas de son camp amène beaucoup d’ivoiriens à penser que c’est le président de la république lui-même qui encourage et favorise toutes ces violences, dans le but d’installer la peur, pour régner durablement par la terreur comme César dans l’empire Romain.

Nous lui rappelons ici que tous les empires ont fait faillite à cause des répressions féroces sur lesquelles reposaient leurs pouvoirs politiques, administratifs et militaires. Ce qui échappe encore à beaucoup d’entre nous aujourd’hui, c’est l’apparition des proches parents et membres de la famille du Dr Ouattara, Dans la gestion des affaires d’état.

Même le débonnaire, Henri Konan Bédié, du temps de sa présidence chaotique, n’était pas allé aussi loin dans le népotisme que le Dr Allassane Ouattara, aujourd’hui. Ses neveux et nièces à la direction d’entreprises publiques. Il ne manque plus que son oncle ou sa tante comme préfet ou ambassadeur. On se croirait dans le Zaïre de Mobutu ou dans le Togo de la dynastie Eyadema.

Pour nous qui sommes akan et qui avons combattu l’ivoirité avec véhémence, nous nous rappelons de cette phrase terrible d’un des papes de l’ivoirité dans l’enceinte de université. Il nous disait en privé que nous étions des traites à notre propre groupe ethnique et que: « quand ceux là arriveront au pouvoir, vous qui les défendez aujourd’hui vous perdrez tous vos droits et vous seriez des étrangers dans votre propre pays. »

Nous étions loin de penser que, ce que nous considérons en son temps comme une boutade allait se transformer en prophétie pour nous conduire à l’amère réalité. La promotion des anciens commandants de la zone militaire de la rébellion en préfets. Alors que certains d’entre eux sont quasiment des illettrés montrent le degré d’irresponsabilité du régime qui plonge le pays dans une décadence qui prouve que la Côte d’Ivoire est tombée plus bas que la terre.

VI – Postulat de conclusion générale

Le Dr Allassane Ouattara, s’il veut être utile à l’ensemble de la Côte d’Ivoire, doit s’employer à sortir le pays de la crise identitaire et des oppositions ethno régionales d’aujourd’hui. La Côte d’Ivoire a besoin dans les temps présents d’un chef d’Etat rassembleur, avec une grande intelligence car une intelligence moyenne n’arrivera jamais à se transcender pour conduire les autres vers un grand dessein, celui de leur libération de la pauvreté et de la misère.

Le chef aujourd’hui doit être celui qui porte le flambeau visible de l’unité des ivoiriens. Il doit incarner les aspirations de liberté et de bonheur pour tous. Sans cela impossible de diriger les hommes et les femmes d’un pays qui se veut pluriel et solidaire. Gouverner sans un projet humain et humaniste qui fait de l’homme ivoirien la finalité de l’action politique, c’est faire exactement comme Mobutu, c’est-à-dire travailler pour construire le chaos.

La Côte d’Ivoire a plus besoin d’un chef visionnaire porteur d’un idéal de paix et de dignité pour construire la vie commune dans le partage et la convivialité et non du chef qui divise, qui oppose, qui exclut, qui méprise, qui rejette et embastille les autres au nom de sa tribu et de son ethnie. Dans ce sens, La classe politique ivoirienne doit refuser l’enfermement ethno tribal source de fragilité pour tous les ivoiriens.

Si par certitude, par suffisance ou par mépris le pouvoir actuel persiste dans la voie répressive actuelle, c’est comme s’il est assis sur une bonbonne de gaz ou sur une baïonnette. Il peut remercier ceux de ses compatriotes qui le lui disent avec sincérité pour le bien de la nation car en définitive, ses courtisans ne tiendront jamais ce genre de langage devant lui.

Celui qui écrits ces lignes est celui qui a dressé le bilan sans complaisance de la refondation patriotique ivoirienne et de son exercice du pouvoir. Nous renvoyons nos contradicteurs à nos écrits, qui témoignent que nous ne mangeons pas au pain moisi des roitelets du marigot politique ivoirien.

En terminant cette chronique, un passage des écrits du père de la médecine, Hippocrate, revient à l’esprit de l’observateur attentif de la crise ivoirienne que nous sommes : << quand pendant des fièvres aigues, les mains du malade s’agitent devant le visage, comme si elles attrapaient des brins de paille dans le vide, si elles tirent sur les couvertures ou arrachent des débris de revêtement du mur. Tous symptômes de ce genre sont mauvais, voir mortels. >>

La Côte d’ivoire est un pays malade, son corps social est traversé par des forces centrifuges, des convulsions et des spasmes. La gangrène avance vers le cerveau. Le malade pleure, il désespère, il voit la mort avancer à grand pas vers lui. Il délire, une partie de son corps est en décomposition. Il sent la mort. Les chrétiens qui sont autour de lui récitent déjà le rosaire.

Quant aux musulmans pieux de la cour familiale ils oublient que c’est le moment de demander au malade de prononcer les paroles de la Shada, la prière islamique des morts. Les femmes de la maison ivoirienne pleurent déjà le pays perdu. On a déjà demandé au croquemort de venir car il n’y a plus d’espoir ni d’espérance dans un pays sans horizon.

La Côte d’ivoire a exactement les symptômes décrits par le grand savant, grec et père de la médecine. C’est pourquoi nous demandons au Dr Dramane Allassane Ouattara, de se libérer de ses propres démons. Nous voulons dire les démons du mal ivoirien dont il est aujourd’hui l’incarnation.

Le sage disait hier encore que : « Les démons qui possèdent un homme sont nés en lui-même et de lui-même. » Ce démon là dans le cas du Dr Dramane Ouattara s’appelle la haine des ivoiriens. Nous demandons au Dr Ouattara de se ressaisir. Mépriser la majorité des ivoiriens n’apportera rien de bon, ni au présent encore moins au futur de ce pays.

Il nous avait promis la démocratie et des solutions de gouvernance pour faire de la Côte d’ivoire le paradis terrestre alors qu’il est aujourd’hui un enfer interethnique. Pourquoi nos frères du nord qui sont témoins au quotidien de toutes les dérivent gardent-ils le silence ? Pourquoi le PDCI-RDA, qui est le parti politique qui a conduit la Côte d’Ivoire à l’indépendance est-il aujourd’hui plus que muet devant la détresse de la nation ?

Le RDR du Dr Allassane Ouattara, pense t-il pouvoir gouverner durablement dans cette ambiance de fin du monde ? Est-ce cela la paix que nous promettait le Dr Ouattara pendant sa campagne électorale ? Aujourd’hui sa gouvernance nous laisse plus de questions que de solutions et de réponses.

C’est donc dans cet esprit et sans prétention que nous faisons don au président de la république issue de la crise électorale ivoirienne, des sages paroles de Pierre CALAME, dans mission impossible :

« Construire la paix et la démocratie, on le comprend de mieux en mieux, ne se limite pas à signer des traités, à démobiliser des armées, à autoriser le multipartisme ou à changer les institutions. Il faut encore, et surtout faire évoluer les mentalités et l’image que chacun a de l’autre, transformer les modes de gestion des conflits interpersonnels autant que des conflits collectifs. De même, les innovations naissent à un moment précis, dans un contexte précis, avec des personnes précises leur diffusion dépend ensuite d’un contexte général. »

Telles sont les réflexions que nous inspirent la Côte d’Ivoire et ses souffrances sans fin, dans un décor de fin du monde où elle est rongée par un mal pernicieux qui risque de l’emporter définitivement dans la tombe.

Comme d’habitude les dirigeants politiques s’en prendront non pas au message, mais à celui qui porte le message. Pourquoi parle t-il ainsi ? Il est contre nous. C’est un Akan, un pro Gbagbo ou un homme du PDCI-RDA. C’est un assoiffé de pouvoir. Où sont ses parents ?

Qui est-il ? Si jamais il met les pieds ici, il verra de quel bois ont se chauffe, nous allons lui trancher la gorge pour qu’il se rappelle que la démocratie c’est nous les gens du nord qui l’avons amené en Côte d’Ivoire.

Voilà Mesdames et Messieurs les paroles qui ont rendu l’alternance politique pacifique impossible au pays des éléphants.

Merci de votre aimable attention.

Dr. Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano (Suisse)
Tel. 004179246.5353
Mail : nicolasnzi@bluewin.ch

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