(…) Pensez-vous qu’un parti qui se veut un parti organisé dise: «voilà ce qui se passe, nous ne présentons aucun candidat» ? (…)
INTERVIEW inédite de l’Inspecteur Genéral d’Etat de la République de Cote-d’Ivoire Emmanuel Niamien N’goran, coordonnateur du 12e Congrès du Pdci-Rda
Source: Le Nouveau Révei
Dans l’interview qu’il nous a accordée hier, le ministre Niamien N’goran, coordonnateur président du 12e Congrès du Pdci Rda, donne tous les détails de la rencontre qui réunira le 1er août prochain, à Daoukro, les secrétaires généraux de section autour du président Bédié.
Monsieur le président, coordonnateur du 12e Congrès ordinaire du Pdci Rda, depuis quelques temps, les différentes commissions chargées de l’organisation pratique du Congrès sont à pied d’œuvre. Quel point faites vous à ce niveau ?
Merci. Je crois que vous animateurs de la presse, vous suivez au jour le jour le déroulement des préparatifs pour ce congrès. Dans un premier temps, nous avons eu la rencontre de Bassam avec les délégués départementaux et communaux. La rencontre, à mon sens, s’est bien déroulée. Je voudrais d’ailleurs profiter de votre micro pour remercier le premier ministre Daniel Kablan Duncan, délégué départemental de Grand Bassam, coordonnateur de l’Inspection du parti, qui nous a offert son cadre, comme on le dit, le gîte et le couvert. Puisqu’il a offert le déjeuner. Vous avez vu qu’à l’issue de ce conclave de Bassam, les délégués départementaux et communaux ont produit une motion demandant au président du parti de se présenter, disons de demeurer à la tête du parti. Bien sûr, selon nos textes, il y aura une élection au congrès. Les délégués ont donc demandé que le président du parti soit candidat à sa propre succession. Autre étape importante que nous sommes en train de préparer, c’est, bien sûr, le conclave des secrétaires généraux de section qui doit se tenir à Daoukro.
La rencontre de Grand Bassam a duré 6h d’horloge. Qu’est ce qui a justifié cette longue durée ?
C’était une opportunité pour les délégués. Vous savez que ceux-ci coordonnent les activités du parti au niveau des communes et des départements. Ce sont les représentants du président du parti au niveau des départements et des communes. Ça donc été l’occasion d’échanges entre les délégués qui ont, en fait aujourd’hui, dix ans d’activités. Alors que le mandat est de cinq ans. Durant ces dix ans, ils ont eu à porter le parti à bout de bras. Ils ont fait part de leurs préoccupations. Nous, en tant que coordonnateur, nous avons pris bonne note. Ils ont émis le souhait de pouvoir rencontrer le président du parti. Nous avons évidemment transmis cette doléance au président du parti. Et nous espérons que le président pourra les recevoir à son retour en Côte d’Ivoire avant les autres étapes de préparation du 12e congrès. Au total, les délégués ont un certain nombre de préoccupations. Ce qui est connu de tous. Il y a les problèmes de moyens, de difficultés du terrain, etc…
Que répondez vous à ceux qui sou tiennent que Grand Bassam a enlevé toute substance au prochain congrès ?
Non, non. Il ne faut pas voir un problème d’hommes au niveau du congrès. Qu’est ce que le Pdci va faire face aux nouveaux défis ? C’est cela le plus important. Qu’est ce que le Pdci va proposer aux Ivoiriens en tant que force politique qui compte sur l’échiquier politique en Côte d’Ivoire ? Qu’est ce que le Pdci va proposer aux Ivoiriens comme idées connaissant les problèmes de la Côte d’Ivoire ? C’est cela qu’il faut voir. Bien sûr, nous sommes en alliance avec d’autres partis, le Rdr, le Mfa, l’Udpci. Mais le Pdci en tant que parti, qu’est ce qu’il va proposer au niveau des idées pour faire face aux problèmes que connait la Côte d’Ivoire ? Vous connaissez ces problèmes, il y a la réconciliation nationale, le foncier rural, l’immigration, les conditions d’éligibilité, la Constitution. Je crois que la Constitution mérite d’être visitée. Ce sont ces points là qui vont faire l’objet d’examen au cours du congrès. Je dis que les hommes passent mais les structures demeurent. Le Pdci est le plus ancien parti de Côte d’Ivoire. Pour un rendez vous aussi important, je pense qu’il ne faut pas se focaliser sur les hommes. Il faut se focaliser sur le Pdci en tant qu’organisation politique. Il y a eu beaucoup de sons discordants sur l’organisation du prochain congrès de votre parti. Le secrétaire général du parti, Pr Djédjé Mady, a convoqué plusieurs réunions à ce propos au cours desquelles il a fait des déclarations.
Le président des jeunes, Kkb, multiplie, lui aussi, les déclarations. Quelle est la situation au niveau du Pdci aujourd’hui ? La sérénité est elle de mise ?
Je pense qu’on doit garder la sérénité. On se doit d’avoir la sérénité. Au niveau des personnalités que vous avez citées, qui font partie des personnalités que le président du parti a nommément désignées pour l’organisation du congrès, je souhaiterais qu’elles participent aux travaux qui sont en cours. De mon côté, en tout cas, il y a la sérénité. Je ne vois pas pourquoi il ne faut pas avoir la sérénité. Il faut la sérénité. C’est dans la sérénité qu’on pourra, de manière fraternelle, avoir les débats, les échanges d’idées pour qu’au sortir de ce congrès, et c’est cela notre souhait, que le Pdci soit rassemblé. Evidemment, quand je dis rassemblé, ce sont les jeunes, les femmes, les plus âgés. Il faut qu’on sorte de ce congrès, rassemblés. C’est ce qu’il faut. Le secrétaire général de votre parti était absent à la rencontre de Bassam.
Qu’est ce qui explique son absence ?
Nous avons convoqué les délégués, nous, en tant que coordonnateur, pour préparer le conclave de Daoukro. N’oubliez pas que dans le dispositif qui a été mis en place par le président du parti, sur instruction du Bureau politique, parce que je dois vous indiquer que l’organisation du congrès incombe au Bureau politique, le secrétaire général est superviseur délégué. Le président du parti est superviseur. Et bien sûr, nous sommes à leur disposition si tant est qu’ils nous interpellent en disant où vous en êtes au niveau des travaux.
Entre le secrétaire général, superviseur délégué du congrès, et vous même, coordonnateur du congrès, le courant passe t il bien ?
Moi, en ce qui me concerne, il n’y a aucun souci. Il ne faut pas chercher des problèmes là où il n’y en a pas. En ma connaissance, il n’y en a pas. Le travail est en train d’être fait. Quand vous regardez la composition des commissions, toutes les compétences sont déjà à pied d’œuvre. Ce ne sera pas un travail du coordonnateur que je suis. C’est un travail d’ensemble, d’équipe. Si ce travail est bien fait, c’est toute l’équipe qui l’aura fait. Ce n’est pas une personnalité qui va s’approprier ce travail. C’est un travail d’équipe.
Pour mieux vous comprendre, peut on dire que le travail de préparation du congrès en cours est chapeauté par le secrétaire général de votre parti, superviseur délégué du congrès ?
Le travail est chapeauté par le président des différentes commissions. Des propositions seront faites au niveau des commissions. Et on va aller au précongrès avant d’arriver au congrès. Et au pré congrès, quand on se réfère aux textes du parti, c’est au moins 16 OOO personnes qui sont concernées. Et le pré congrès sera éclaté dans les 156 délégations départementales et communales. Les débats seront très ouverts. Ce sera un travail de l’ensemble des militants autorisés selon les textes du parti, à aller au congrès. C’est ce qu’ils vont adopter, c’est le fruit de leur travail qui va régir le Pdci de demain. Concernant les commissions thématiques, c’est à dire celles qui vont s’occuper des questions liées à la défense, à la sécurité, à la réconciliation, au projet de société de Pdci, tout cela fera l’objet de présentation d’examen en commission. Quand nous allons arriver au congrès, après les plénières, tous les congressistes vont s’inscrire dans les différentes commissions. Ça va se faire aussi bien au niveau des pré congrès éclatés qu’au niveau du congrès lui même. Ce n’est donc pas un travail d’une seule personnalité.
Le 1er août prochain, les secrétaires généraux de section de votre parti seront reçus par le président Bédié à Daoukro. La ville natale du président de votre parti est elle prête à accueillir cette rencontre ?
Daoukro sera prête. Dire que Daoukro est prête serait prétentieux. Daoukro sera prête. Nous avons pratiquement deux semaines pour aller à cette échéance, Daoukro sera prête. A l’hôtel La Paix, il y a un bâtiment qui peut accueillir 3000 personnes. C’est donc en ce lieu que la rencontre va se tenir. Le bâtiment a besoin d’être un peu restauré, parce que malheureusement, il a été vandalisé. Toute chose que nous déplorons parce qu’il appartient à la collectivité ivoirienne. Mais, il sera aménagé pour que les 3000 secrétaires de section puissent avoir leur rencontre avec le président du parti. Le 1er août, la salle sera fin prête. Il y aura les chaises, la sonorisation et la réunion pourra se tenir.
Est ce seulement les secrétaires généraux de section qui sont conviés à cette rencontre ? Et quelles sont les modalités pratiques de l’organisation ?
C’est une question importante. Pour les gens qui viennent de très loin, nous avons prévu des villes de transit. Ceux qui viennent par exemple du Nord vont faire escale à Bouaké. Ceux qui viennent de l’Est vont faire escale à Agnibilékrou ou à Abengourou. Ceux qui viennent de l’Ouest vont faire escale à Yamoussoukro. Donc, les secrétaires de section feront le voyage en deux jours. Parce que s’ils font le voyage d’un trait, ils seront très épuisés. Nous avons donc prévu qu’il y ait des villes transit, Yamoussoukro, Bouaké, Abidjan, Agnibilékrou. Le voyage sera donc en deux jours et ce sera pareil pour le retour. Les délégués et les maires Pdci de différentes villes doivent apporter leur concours aux secrétaires généraux de section. Ils seront en liaison avec toute l’équipe. Sur place à Daoukro, un comité d’organisation sera mis en place. Il y a un comité santé, hébergement, restauration. Vous savez qu’à l’issue de la rencontre, le président du parti recevra à déjeuner tous les secrétaires généraux de section. En plus d’eux, il y aura les délégués départementaux et communaux. Et il y aura certainement le secrétaire général, les vice présidents qui seront présents.
Qu’est ce qui est attendu de cette rencontre ?
Ce qui est attendu est important.
Qui constitue la base essentielle du Pdci ?
Ce sont les secrétaires généraux de section.
Les délégués n’ont ils pas déjà fait le travail à Grand Bassam ?
Non, à Bassam, on a regardé ce qui va se passer à Daoukro. Donc, le travail est important. C’est le président du parti qui va rencontrer les secrétaires généraux de section qui constituent la base du dci avec, bien sûr, les délégués. C’est le président qui va leur dire, voici ma vision de ce que j’entends proposer au congrès. C’est le président du parti qui va leur passer le message, leur donner sa feuille de route de ce qui sera discuté au congrès. Ils auront donc la primeur des propositions qui seront faites concernant les grandes orientations pour le futur du Pdci Rda.
Comment viendront ceux qui sont dans les localités proches de Daoukro telles que Bongouanou, Prikro, Dimbokro, Bokanda ? Viendront ils la veille ou le même jour ?
Ils viennent le même jour. Si vous venez le même jour, vous ne pouvez pas avoir des problèmes d’hébergement. Ces localités qui sont proches vont venir le même jour. J’ai indiqué qu’il y a de localités de transit. Quand vous venez de Yamoussoukro, vous allez partir très tôt le matin, de manière qu’à 9 heures, ou même à 8 heures et demie, tous les secrétaires de sections, quels que soient leurs lieux de départ, soient à Daoukro. Evidement, quand vous êtes éloignés, dans une ville comme Odienné, vous faites transit dans une ville. Yamoussoukro par exemple. Et en ce moment là, vous rejoignez Daoukro en quittant tôt le matin, pour qu’au plus tard à 9 heures ou 9 heures et demie, la mise en place soit terminée pour que commence la réunion.
Qui sont ceux qui vont dormir à Daoukro ?
Pour l’instant, je ne peux pas dire que c’est un tel ou un tel qui va dormir. Compte tenu du nombre de secrétaires, on ne peut pas tout prévoir a priori. Vous avez beau mettre une organisation en place, il y aura toujours des variantes. Nous, nous nous préparons pour faire face à toutes les éventualités. J’indique que nous avons approché le lycée professionnel de Daoukro. Ils ont des possibilités d’hébergement d’à peu près 700 places. Ce n’est pas le grand confort, mais ça permet d’accueillir déjà du monde. Les personnes qui seront prises en charge, il faudra qu’elles viennent avec leurs kits de toilettes, serviettes, et autres draps, pour faciliter l’hébergement sur place. Ce que nous conseillons, c’est de venir le jour de la réunion. Car si vous venez la veille, il y aura forcément des problèmes de restauration, de couchette qui vont se poser sur place. Mais pour les personnalités, ou en tout cas, les personnes qui peuvent se prendre en charge, nous avons essayé de voir au niveau des hôtels, notamment, l’hôtel de la aix, et les hôtels au niveau de M’bahiakro, Bongouanou et aux alentours, de manière que si des personnes veulent bénéficier d’un peu plus de quiétude, qu’elles puissent le faire, moyennant certes, des tarifs négociés, mais elles se prennent en charge.
A quel niveau vous en êtes précisément au niveau des travaux des commissions ?
Le comité ad hoc avait déjà fait un travail qu’on a donné au départ. Nous avons donné le délai du 23 juillet pour la remise des conclusions des travaux des commissions. Il nous revient que certaines personnes qui sont inscrites dans les commissions ne participent effectivement pas aux travaux. Ça, c’est toujours le problème. J’en profite pour leur dire qu’il ne s’agit pas de s’inscrire pour s’inscrire. Il faut participer. Cela dit, il y a une participation effective, je ne dirais pas d’un noyau, mais d’un certain nombre de personnes. Je souhaite, en tout cas, que les gens viennent et participent effectivement aux travaux.
Comment vous comprenez le débat qui entoure le congrès ?
Il n’y a pas lieu de faire un débat autour du congrès. Nous sommes des frères. Le président Houphouët, avant de nous quitter, a dit de se considérer comme des frères. Donc, nous sommes des frères. Avant, on s’appelait des camarades. Ce faisant, on ne devait pas avoir de dissension a priori. Et je ne pense pas qu’on en aura. Fondamentalement, nous voulons tous que le Pdci puisse demeurer un parti fort. Pour être un parti fort, il faut être rassemblé. En tout cas, c’est notre souhait à tous. Tous les militants doivent s’inscrire dans ce cadre.
Qu’en est il au niveau des structures ? On parle, par exemple, de la disparition du secrétariat général.
Souffrez que je laisse cela au président du parti. Il va pouvoir dire les propositions qu’il fait pour les cinq prochaines années. C’est ce qui fait le conclave. Nous espérons qu’il n’y aura pas de crise, comme on a eu à le connaitre. Si on a eu le congrès en 2002 et qu’on fait un congrès en 2013, c’est compte tenu de la situation de crise que nous avons connue et qui a fait que le Pdci n’a pas pu réunir son congrès. C’est le président du parti qui va livrer la primeur des propositions qui vont être faites aux secrétaires de sections qu’il va rencontrer à Daoukro au cours du conclave.
Est ce que vous comprenez les messages, les discours et les préoccupations d’une certaine jeunesse du Pdci ?
Il ne faut pas singulariser en disant : « c’est la jeunesse ». Le Pdci a toujours respecté la chaine des générations. Aujourd’hui, on est jeune au niveau de l’âge physiologique. Mais vous avez des gens qui, au niveau de l’âge physiologique, ont 18 ans, ils sont très rétrogrades du point de vue des idées, comparés à d’autres qui ont un certain âge, mais qui sont beaucoup plus jeunes au niveau des idées. Il ne s’agit pas de faire un distinguo entre les jeunes, les hommes, les femmes. Il s’agit de voir quelle organisation mettre en place, quels sont les valeurs et les messages que le Pdci va véhiculer et auxquels nos compatriotes vont adhérer pour nous permettre, en tant que parti politique qui cherche à conquérir le pouvoir d’Etat, de nous faire comprendre.
Cela veut dire quoi ? Vous êtes entrain de vous organiser pour reconquérir le pouvoir ? Quel Pdci vous proposez vous aux Ivoiriens ?
On ne bâtit pas sur du néant. On bâtit sur quelque chose qui existe déjà. C’est à partir de ce quelque chose qui existe déjà, que nous ferons des propositions pour pouvoir traverser les cinq prochaines années. Il ne faut pas, non plus, oublier que nous sommes en alliance. Que dit cette alliance ? Elle dit qu’au niveau du Rhdp, chaque parti présente un candidat au premier tour des élections. C’est au deuxième tour qu’on regarde quel est le candidat qu’on supporte. La question que vous posez viendra forcément au niveau du congrès.
Comme par exemple: est ce que le président Bédié lui même va être candidat ?
Voilà. C’est au congrès que cette question va peut être se poser. Mais est ce que vous pensez qu’un parti qui se veut un parti organisé dise : « voilà ce qui se passe, nous ne présentons aucun candidat » ? Je ne veux même pas entrer dans ce débat là. Je trouve, moi, que ça ne vaut même pas la peine de faire ce débat.
Interview réalisée par Patrice Yao
Et Paul Koffi
Coll : Benoît Hilli
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook