Les Ivoiriens unis pour imposer à la France une nouvelle politique africaine (Bangoret)

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Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)

Les Ivoiriens ne peuvent réaliser leur unité que s’ils prennent conscience, à l’instar des citoyens de toutes les nations développées, des intérêts communs à défendre. Il nous faut savoir distinguer les discours propres aux campagnes électorales; les programmes politiques, des grandes orientations politiques qui font de Félix Houphouët Boigny et de Laurent Gbagbo des génies politiques, des pionniers de l’unité nationale.

A l’aube de sa lutte politique, Houphouët s’en prenait déjà à la France quand il écrivait: «On nous a trop volés».

Laurent Gbagbo demande justement à la métropole de revoir simplement les traités signés avec son pays (les ex-colonies françaises) en vue de signer des accords (des traités) gagnant-gagnant. Les Ivoiriens d’origine, d’adoption, les étrangers, les partis politiques qui ne s’assignent pas ce noble objectif sont simplement des ennemis de la Côte d’Ivoire, et des peuples africains puisque de tels accords auront des conséquences économiques positives sur tout le continent. La volonté politique des deux grands leaders ivoiriens (Houphouët et Gbagbo) n’est pas partagée par Alassane Ouattara et ses partisans qui évoquent des problèmes secondaires. Tant que nous recevrons des ordres de l’étranger, de la France, de la communauté internationale qui visent à ne défendre que leurs intérêts, il nous sera difficile de réaliser l’unité des ivoiriens. Tant qu’Alassane Ouattara et ses partisans tiendront leur légitimité de la France, des armes, de la guerre, et non des textes qui régissent notre Nation, la Côte d’Ivoire ne se construira que sur du sable. La voix de ses représentants, du président actuel de son Conseil Constitutionnel ne sont que celle d’un groupe ethnique (du rattrapage ethnique) et non du peuple ivoirien. Les problèmes liés au foncier, au taux des étrangers sur le sol ivoirien, à la nationalité sont des équations simples à résoudre, lorsque nous respectons les textes que nous nous sommes donnés librement. Toute nation est appelée un jour ou l’autre à modifier ses lois afin de les adapter aux réalités de l’histoire, mais ces modifications ne peuvent être dictées ni par les étrangers qui vivent sur son sol ni par les pays voisins ni par la métropole; seul le peuple est souverain et se doit de choisir librement ses représentants capables de défendre ses intérêts. Alassane a confirmé à Korhogo qu’il n’est pas ce représentant choisi par le peuple ivoirien puisqu’il tient sa légitimité de la Communauté internationale, de la France, où le projet de loi sur la fraude fiscale vient d’être retiré de l’ordre du jour du Parlement parce que les deux chambres ont été incapables de trouver une version commune. Si de nombreux élus s’opposent au désir de François Hollande de créer un procureur financier à compétence nationale pour plus de transparence de la vie publique française, et surtout pour la moraliser à cause de nombreuses fraudes fiscales, c’est parce que les hommes politiques de la France volaient jusqu’à ce jour nos nations africaines. La fraude a atteint avec Sarkosy un seuil intolérable puisque son parti politique l’UMP a été dénoncé par le Conseil Constitutionnel de son propre pays.

Si ces fraudeurs gardaient en France tout cet argent volé aux Africains, cette nation n’aurait jamais connu la crise, et la monnaie CFA n’aurait jamais été dévaluée. Pendant que la France cherche à mettre de l’ordre dans ses propres finances, il y a encore des Ivoiriens, des Africains qui tuent leurs frères pour préserver les intér êts de ces fraudeurs français. Il ne serait pas, en effet, étonnant de constater que le plus riche de la France est un président africain qui bénéfice de la double nationalité, et est soutenu par le club de ces français qui gardent leur fortune dans les paradis fiscaux. Les Ivoiriens voire les Africains sont donc invités à appréhender, au-delà des objectifs particuliers assignés à leurs différents partis politiques, les intérêts communs à défendre, à œuvrer pour le bien- être de nos peuples. La crise ivoirienne a été en fait entretenue par de nombreux intellectuels originaires des pays voisins du Nord de la Côte d’Ivoire, aveuglés par leurs intérêts personnels ou par ceux de leur grand groupe ethnique.

Lorsqu’un professeur d’université originaire d’un pays voisin de la Côte d’Ivoire (du Mali) souligne que les étrangers participent à la prospérité économique de la Côte d’Ivoire, mais le pouvoir politique lui, reste l’apanage des seuls ivoiriens qui sont associés à la gestion des affaires de l’État, nous sommes tentés d’évoquer des noms de personnalités politiques ivoiriennes, qui étaient, à l’époque d’Houphouët, d’origine étrangère et dont les descendants sont aujourd’hui parfaitement intégrés à la vie politique ivoirienne. Djibo Sounkalo, né le 16 août 1909 à Boutilmit (Mauritanie), compagnon de lutte d’Houphouet-Boigny fut le premier maire de la ville de Bouaké (1956-1980).

Elu député le 4 décembre 1958 à l’Assemblée constituante, il sera constamment réélu à l’Assemblée nationale (1960-1980). Vice-président de l’Assemblée nationale (1958-1960), puis successivement membre des commissions de L’Intérieur, des Domaines et des Finances. Membre du Syndicat agricole africain en (1944). Inspecteur de l’enseignement primaire de classe exceptionnelle, il prend sa retraite en 1968. Membre du PDCI-RDA en 1946, il devient Conseiller territorial en 1946). Réélu en 1951, secrétaire général adjoint du PDCI de Bouaké, sénateur de la communauté (1958), membre du Bureau politique, conseiller économique et social (1960-1965), président du Conseil d’administration de la Fédération cotonnière d’Afrique et de Madagascar. Il meurt le jeudi 24 mai 2001. Son fils Djibo Nicolas est l’actuel maire de Bouaké. Mohamed Tiékoura Diawara né le 23 mai 1928 à Dori, au Burkina fut le 21 janvier 1966 ministre délégué au Plan puis le 23 septembre 1968 ministre du Plan. Le respect de la vie privée des ivoiriens d’adoption ou des étrangers exige que nous nous limitions aux personnalités qui assument des charges publiques. Tous ceux qui affirment que les Ivoiriens d’origine sont xénophobes ou empêchent les ivoiriens d’adoption de participer à la vie politique ivoirienne sont simplement de mauvaise foi. Auraient-ils voulu voir les paysans burkinabé ou maliens occuper de hautes fonctions au sein de l’armée ivoirienne et dans notre administration? Aujourd’hui, c’est chose faite. Houphouët n’a pas trahi l’Afrique, le RDA, car il a joint l’acte à la parole, en favorisant l’intégration des étrangers d’origine burkinabé, malienne, guinéenne, sénégalaise. Quant au tribalisme ou au népotisme sous Houphouët, ce sont des discours que peuvent tenir légitimement les représentants des partis politiques opposés au PDCI dans la conquête du pouvoir politique; cette dialectique est de bonne guerre.

Le président Laurent Gbagbo qui partage les grandes orientations politiques d’Houphouët a trouvé opportun ouvrir son gouvernement à tous les fils du pays, dans le but de mettre fin au «tribalisme». Emprisonné à Korhogo par le régime d’Alassane Ouattara avec le consentement de la France de Sarkosy, il confessa avoir commis une erreur qui lui a été fatale; le fait d’avoir fait confiance. Les Ivoiriens, dans leur ensemble, qu’ils soient du Nord ou du Sud, ne sont pas xénophobes, ils se méfient, en réalité, des partisans du rattrapage ethnique parce que ces derniers sont incapables de cerner les notions de Nation, de République, de Constitution. Le fait d’avoir des parents de l’autre côté de la frontière ne concède pas aux hommes politiques ivoiriens d’adoption le droit d’octroyer à leurs proches la nationalité ivoirienne. Les étrangers qui vivent sur le sol ivoirien n’ont rien à craindre s’ils se soumettent aux textes de notre pays, s’ils ne cherchent pas à conquérir le pouvoir politique au moyen des armes. Voilà pourquoi il est encourageant de voir le PDCI mener avec KKB le même combat.

Si les Ivoiriens unis commencent, contrairement aux partisans du rattrapage ethnique, à respecter les textes fondamentaux qui régissent la vie de notre Nation, des partis politiques, nous pouvons amener la France à changer sa politique africaine, à respecter le vote des Africains, nos Lois comme nous respectons les leurs. Quant aux dossiers brûlants qui opposent le PDCI au FPI ou les Ivoiriens entre eux: l’affaire Kragbé Gnagbé, la mort d’Ernest Boka, le complot Mockey, d’août 1963 que nous condamnons tous, il est temps que nous jetions un nouveau regard sur toutes ces atrocités du passé à la lumière de la guerre qu’a connue notre pays, à cause d’Alassane Ouattara et de Sarkosy. Houphouët n’est plus de ce monde et pourtant la politique de la France menée par Alassane Ouattara a, de 2002 jusqu’à ce jour, occasionné 10.000 morts. Houphouët avait-il réellement les mains libres, lui qui nous a inculqués cette fierté d’ être Ivoiriens? Pourquoi un président élu par son peuple Laurent Gbagbo est-il encore en prison quand on n’a retenu contre lui aucune charge? La réponse est simple et limpide: les hommes politiques de la France qui ont géré directement les affaires de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique jusqu’à ce jour sont simplement des fraudeurs, des manipulateurs. Ils ne peuvent se contenter de 50% des richesses de chacune de leurs ex-colonies africaines. Leur boulimie est telle qu’ils sont capables de protéger des criminels de guerre, d’exterminer des milliers d’Ivoiriens, d’Africains, dans le but d’assurer leur confort matériel. Tous ceux qui refusent de s’associer à la lutte du président Laurent Gbagbo, en vue de la conquête de la souveraineté nationale, d’accords gagnant-gagnant n’aiment ni la Côte d’Ivoire ni l’Afrique.

Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)

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