Tous les moyens sont bons en Côte d’Ivoire pour renflouer les caisses de l’Etat

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Côte d’Ivoire: un droit de timbre sur les dépôts en espèces sur mobile

Par Julien libertalia.org

Tous les moyens sont bons en Côte d’Ivoire pour renflouer les caisses de l’Etat. On le savait déjà : payer une facture ou une prime d’assurances en espèces est subordonné à l’acquittement d’un droit de timbre de 100 F CFA exigé au guichet. Mais ce qu’on ignorait, c’est que cette décision s’applique désormais à tout dépôt d’espèces sur un compte mobile fourni par votre opérateur en partenariat avec une structure financière de la place.

Paiement de factures et de primes via le mobile

Au début, plusieurs consommateurs ont tenté de justifier cette décision impopulaire par le fait qu’il est désormais possible de régler la facture de l’électricité, celle de l’eau et celle d’une chaîne câblée via Orange Money. On s’est aussi rendu compte que des primes d’assurances sont aussi payables directement à partir d’un compte MTN Mobile ou Orange Money. Ce qui représente, mine de rien, un manque à gagner au niveau des recettes de l’Etat.

Toutefois, le paiement de factures et de primes d’assurances ne saurait valablement justifier une telle mesure qui s’apparente à un racket légalisé par l’Etat. Il aurait suffit d’indiquer que le timbre d’Etat ne s’applique qu’à ces types de règlements spécifiques. Mais au lieu de cela, chaque dépôt d’argent sur un compte mobile, quel que soit le montant, est systématiquement soumis à ce prélèvement obligatoire.

Un ras-le bol manifeste

Le paiement par mobile a été imaginé suite aux lourdeurs constatées dans les banques et aux interminables files d’attentes qui s’observaient à l’approche des dates limites de paiement. Lancé il y a seulement quelques mois, ce type de paiement a fini par convaincre du fait de sa simplicité entre autres. Les ivoiriens ont peu à peu appris à payer leurs factures sans se bousculer.

Seulement voilà, cette mesure inappropriée vient gâcher le plaisir de faire des dépôts réguliers sur son compte mobile afin de ne pas sentir le poids du paiement. Les petits épargnants habitués à déposer de l’argent sur leurs comptes mobiles à leur rythme l’apprennent à leurs dépens : pour déposer 1000 F par jour sur son compte, il faut débourser 100 F de timbre par jour en plus des frais fixes exigés par l’opérateur mobile.

Une chose est sure : cette décision n’entraînera aucune manifestation de rue. Par contre, il y aura une retractation parfaitement palpable : le volume et le rythme des dépôts vont nettement baisser au profit de la thésaurisation traditionnelle. Ce qui de loin n’est pas profitable aux opérateurs mobiles ni à l’Etat. En voulant ratisser trop large, cette mesure va susciter une réaction logique déjà observée dans maintes situations similaires. Un exemple patent est celui de la baisse de la demande d’abonnement en téléphonie fixe.

La lourdeur qui jadis entourait la demande d’abonnement auprès de Cote d’Ivoire Telecom a engendré des frustrations au point que les gens ont jeté leur dévolu sur la téléphonie mobile dont le succès fulgurant est sans précédent.

Un marché né dans la douleur qu’il faut savoir entretenir

L’avènement des portefeuilles mobiles de type Orange Money, MTN Money et Flooz n’est pas le résultat de l’ingénierie financière des opérateurs mobiles. Il est venu d’un constat et d’une pratique informelle qu’il convient de ne pas oublier.

Au cours du coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002, la Côte d’Ivoire a été divisée en 2 parties, le Nord et le Sud, par la volonté du groupe rebelle dirigé par Soro Guillaume aujourd’hui Président de l’Assemblée Nationale. Les ressortissants du Nord vivant au Sud notamment à Abidjan ne pouvaient ni se rendre physiquement ni expédier de l’argent vers les siens restés au village ou dans les villes occupées. Seules les communications téléphoniques marchaient.

L’idée est donc venu de payer des recharges et de les tranférer à un gérant de cabine mobile qui remet le montant associé au destinaire resté coincé dans une zone occupée par l’ex-rebellion armée. Cette méthode de crise s’est répandue comme une traînée de poudre. Il va sans dire que les opérateurs mobiles ont simplement fait de la récupération.

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