Côte-d’Ivoire chez les pro Gbagbo demander pardon c’est raffermir ses qualités d’homme !

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Libre opinion Par Diarra Cheickh Oumar

Au FPI – Demander pardon, c’est raffermir davantage ses qualités d’homme !

Pour certains hommes abonnés aux idéologies guerrières, au lexique de la violence, la voie royale permettant de confirmer ses qualités d’homme, est de guerroyer sans cesse et sans raison, s’inscrire dans un perpétuel négativisme tout en crachant sur les vertus de la raison.

Dans leur futile logique, on est homme que lorsqu’on a de l’orgueil à revendre, en faisant preuve d’une témérité insensée, en s’arc-boutant sur des positions tranchées, dogmatiques et indépassables. Cette attitude peu savante, éloigne fatalement de la sagesse, les chantres d’une telle conception de ‘’l’humanéité’’. Il faut donc revoir sa copie, sa vision des qualités devant caractériser le grand homme. La défiance désinvolte, la témérité crétine, les actes belliqueux faisant l’éhontée apologie de la violence, ne fondent pas ‘’l’humanéité’’. Tout au contraire, je les considère comme des vices lui enlevant toute valeur, son essence véritable. On n’est nullement constructif en s’installant sempiternellement dans le conflit, le rejet systématique de la main tendue invitant à la paix. Dans le cours de l’Histoire, il y a un temps pour faire la guerre et un temps où il faut faire prévaloir les vertus du dialogue. Il est grand temps de revenir à la raison. Sans parti pris aucun, il y a une donne politique avec laquelle il faut nécessairement composer – c’est que Laurent Gbagbo ne tient plus le sceptre – pis, il est embastillé et souhaite, au plus profond de lui-même, recouvrer la liberté pour les prochaines joutes électorales qui se profilent à l’horizon. Celui qui est aux affaires présentement, c’est le Président Ouattara, suite à des élections démocratiques certifiées par le monde entier. Cela ne voudrait pas dire qu’il n’a pas sa part de responsabilité dans la crise qui a secoué le pays durant plus d’une dizaine d’années. Il l’a maintes fois reconnu lui-même et assume sa part de responsabilité, même si pour l’instant, il faut l’admettre, ce n’est que de façon théorique. L’enjeu de mon texte, n’est pas de démontrer ici, qui a raison et qui a tort. Toutefois, la réalité est que, en ce moment, dans le rapport des forces, le FPI (Front populaire ivoirien) est dans une posture fort inconfortable, pour ne pas dire de faiblesse. Lorsqu’on se retrouve dans une telle position face à celui qu’on considère comme son ennemi juré, le bon sens commande qu’on sache raison gardée. En mon sens, ce qui doit logiquement cristalliser l’attention des dirigeants actuels de cette formation politique moribonde, c’est de maintenir son assise et ses acquis politiques (46% d’ivoiriens ont voté pour Laurent Gbagbo au second tour de la présidentielle 2010) en développant des attitudes plus conciliantes et positives sur le terrain, en jouant avec responsabilité et hauteur son rôle de parti d’opposition, traduire dans les actes plus d’humilité, de tempérance susceptibles de donner un coup de fouet au processus de réconciliation en cours qui, in fine, pourrait, comme ils le souhaitent d’ailleurs, déboucher sur une loi d’amnistie générale pour tous les prisonniers politiques, sans exclusive. Mais, pour y arriver, il faut mettre sous le boisseau, tout comportement faisant étalage d’une arrogance mal contenue, saisir la main tendue du chef de l’Etat et éviter de donner dans la surenchère politique lors des négociations qui sont ouvertes. Ce n’est pas dans la brutalité, l’agressivité physique ou verbale qu’on arrive toujours à réaliser ses vœux, mais quelquefois, dans la modération, le dialogue, à dose homéopathique. C’est pourquoi, je loue dans une allégresse incoercible, la démarche pleine de sagesse et de responsabilité des chefs Bété.

Il y a une nuance entre le pardon et la résignation passive, la couardise, la faiblesse. Avoir l’humilité de demander pardon qui est l’indice qu’on assume sa part de responsabilité dans le démêlé militaro-politique qui a failli mettre en péril les bases de ce pays , c’est faire preuve de noblesse, d’élévation. Le pardon grandit toujours celui qui a fauté, qui s’est momentanément égaré. Et, il faut avoir l’humilité de le reconnaître, la responsabilité de Laurent Gbagbo est grande dans la série de crises qui a fragilisé les assises de ce pays depuis son intrusion sur la scène politique. Faire amende honorable pour les torts infligés à la population ivoirienne, ce n’est pas se déculotter, se réifier, évacuer sa dimension humaine. Je pense qu’en faisant fi de tout sentiment de suffisance, de vanité, le FPI devrait s’associer à la démarche entreprise par ces chefs ayant sagement décidé de voler au secours de leur fils, le Président Laurent Gbagbo, son épouse et tous ses collaborateurs et non, tirer sur eux, à boulets rouges. Tous ceux qui ont un amour franc pour le Président Laurent, c’est-à-dire un attachement non fondé sur les faveurs qui leur étaient faites lorsqu’il était au pouvoir, doivent applaudir cet acte de bravoure posé par ces sages. Sans me targuer d’avoir la prescience de l’avenir, je crois que c’est en empruntant ce sillon qu’on aboutira à l’élargissement du Président Laurent Gbagbo et ses affidés. Car, quels que soient les faveurs et les soins dont on y bénéficiera, la vie carcérale restera à jamais un lieu infernal. Il faut donc éviter de se prononcer à la place de ces pauvres détenus qui sont certainement, pour beaucoup, à bout de souffle. La liberté est un bien très précieux qui est le substratum de toutes nos réalisations socio-culturelles, nos prouesses scientifico-techniques, nos exploits politiques, économiques etc. Par ricochet, pour que Monsieur Laurent Gbagbo redevienne le Président de la République de Côte d’Ivoire, il faut, au préalable, que les charges retenues contre lui, ne soient pas confirmées et qu’il puisse être libre de tous ses mouvements. Et, une réconciliation réussie, impactera positivement la décision des juges de la Cour pénale internationale, si je m’inscris dans la logique des responsables du FPI eux-mêmes qui ne cessent de déclamer que le procès de leur leader est fortement connoté politiquement. Si tant est que ce procès est politiquement connoté, alors faites sauter ce verrou politique en empruntant de nouveaux sentiers, même par hypocrisie, qui tranchent d’avec les attitudes vaniteuses jusque-là servies. Faisons un peu d’Histoire ! Samory Touré, quoique réputé guerrier redoutable, doublé du manteau de stratège et de meneur d’hommes, savait mettre un bémol à sa lutte, épargnant ainsi la vie à son peuple, à ses proches et à sa suite lorsque l’ennemi se montrait supérieur. C’est ainsi, qu’il s’offrit en esclave à Sory Bréman, un des nombreux chefs qui ravageaient la région à l’époque, durant sept bonnes années pour racheter la liberté de sa mère capturée lors d’une incursion victorieuse menée dans la contrée sous son règne, par ce dernier ; séjour au cours duquel il affina ses techniques guerrières et compléta son instruction coranique. Son acte, vous en conviendrez, ne relevait nullement de la couardise, encore moins du défaitisme. Seulement, en bon chef, aimant son peuple, l’Almamy Samory Touré, sacrifiant momentanément ses ambitions personnelles, avait plutôt privilégié le salut, certes de sa mère génitrice, mais au-delà d’elle, celui de son peuple. Cet exemple, est à méditer !

 »Le dialogue est l’arme des forts » disait le Président Houphouët-Boigny, père de notre chère nation. S’incliner et faire amende honorable n’est faiblesse que pour des esprits bornés, incapables d’abstraction. A la vérité, c’est la marque distinctive des grands hommes que de savoir s’humilier pour renaître, pour accéder à une certaine virginité morale. Ma mère, paix à son âme, me disait qu’on peut, dans certaines situations, être dans le vrai, avoir raison et cependant demander pardon. Cela n’ôte pas pour autant à l’homme sa qualité d’homme, il participe toujours du concept d’homme et, gagne en estime et en considération. Pour l’intérêt supérieur de la patrie, il est nécessaire qu’on se parle en transcendant chacun, son amour-propre. Rien ne sert de s’arc-bouter sur des positions dogmatiques, insurmontables, par orgueil. L’arrogance est un très mauvais maître. Que Dieu nous garde et nous oriente sur des sentiers menant à la réconciliation vraie, loin des pestilences de la duplicité !

Diarra Cheickh Oumar

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