Côte d’Ivoire pourquoi le journaliste André S. Konan soutient l’initiative des chefs de Gagnoa

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André Silver Konan: Voici pourquoi je soutiens l’initiative des chefs de Gagnoa

Libre Opinion

Pourquoi je soutiens l’initiative de nos chefs de Gagnoa ? Eh bien parce que ma conviction la plus profonde est que pour lancer le processus de règlement d’un conflit qui oppose deux parties, il faut nécessairement une partie diligente.

Cette partie diligente n’est pas nécessairement celle qui a tort ou celle qui est en position de force, c’est celle qui éprouve davantage le besoin d’aller à l’apaisement. Nos chefs de Gagnoa ont choisi d’être la partie diligente et il est irresponsable de les soupçonner de trahison, de les infantiliser ou de chercher à les humilier (cf certains articles lus dans la presse).

La diplomatie coutumière qu’évoquent les chefs bété n’est rien d’autre que ce que la sagesse baoulé appelle l’awalé de l’intelligence. L’awalé de l’intelligence ou l’art de manœuvrer avec tact et diplomatie pour parvenir subtilement et mine de rien, à ses fins.

Mais au fait que recherchent nos chefs de Gagnoa ? La libération de nos frères et sœurs emprisonnés, à tort ou à raison, pour des faits réels ou supposés, en rapport avec la politique, au premier rang desquels le plus illustre de tous : Laurent Gbagbo. Ils veulent plus de sécurité dans nos villes, villages et campements où nous nous sentons en insécurité avec des dozos aux accoutrements inhabituels brandissant avec la fierté du vainqueur, la fleur au bout d’un calibre 12 artisanal. Ainsi que ce sentiment d’envahissement qui nous tenaille chaque fois que nous croisons un soldat qui nous parle dans une langue que nous ne comprenons pas.

Nos chefs veulent que dans les administrations publiques et les chancelleries, nos pères et nos mères qui y travaillent ne soient pas vus seulement comme des espions au service du FPI, mais comme des Ivoiriens qui veulent tout naturellement apporter leur pierre à l’édification de notre Nation.

Nos chefs de Gagnoa qui ont pris l’initiative d’aller à la rencontre des autorités (qu’on aime ces dernières ou pas, qu’on les accepte ou non, ce sont elles qui dirigent le pays et nous n’y pouvons rien) ne sont ni corvéables ni malléables. Ils ont choisi d’être la partie diligente car il en est d’un pays comme d’un foyer. Quand un conflit éclate dans un couple, tant que l’un des deux époux ne choisit pas d’être la partie diligente, donc de faire le pas, en toute humilité, vers l’autre, le couple court vers le divorce.

Nos chefs de Gagnoa, en réalité, enfoncent une porte déjà largement ouverte par un certain Laurent Gbagbo en 2007, quand alors que les accords (Lomé, Marcoussis, Accra, Pretoria) étaient piétinés aussi bien par son camp que celui des ex-rebelles, il a choisi en toute responsabilité, d’être la partie diligente. La suite est connue : accord de Ouagadougou, gouvernement de cohabitation avec la rébellion au contrôle à la Primature.

Etre la partie diligente dans un conflit n’a rien de honteux, ni de félon, bien au contraire. Etre la partie diligente dans un conflit est un acte de courage, d’humilité et de sagesse. Ceux qui ne l’ont pas compris ou refusent de l’admettre, n’ont rien appris de la vie et de ses froides réalités.

Mais il ne faut pas s’y méprendre. Au-delà du symbole que représente cette initiative, d’autres actions plus vigoureuses doivent être prises pour établir un dialogue vrai, sincère, inclusif. Le dialogue n’est pas une faiblesse, c’est, comme le disait le sage de Yamoussoukro, « l’arme des forts ».

André Silver Konan
Journaliste-écrivain

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