Côte d’Ivoire – Le PDCI RDA face aux défis de son XXIIème Congrès (Dr Serge-Nicolas Nzi)

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Par Dr Serge-Nicolas NZI | Chercheur en Communication | Connectionivoirienne.net 29.07.2013

La section ivoirienne du rassemblement démocratique africain, est confrontée à la tenue de son XXIIème congrès en octobre 2013. L’évènement plusieurs fois reporté depuis 2002 en raison de la situation de crise que traversait le pays.

Ainsi le plus vieux parti politique du pays, est allé aux élections présidentielles, législatives et municipales sans passer par un congrès pour définir une stratégie commune de reconquête du pouvoir politique dans une Côte d’ivoire en mutation.

Le spectacle actuel entre le respect des textes internes du parti exigé par le président de la JPDCI et les partisans de l’immobilisme d’un Henri Konan Bédié, qui souhaitent le maintien à vie de ce dernier à la présidence du parti offre encore une fois aux ivoiriens l’image minable qu’ils ont toujours redouté, celle de la versatilité de leur classe politique et de ce PDCI-RDA, qui a conduit le pays à l’indépendance, avant de devenir à la mort du président Félix Houphouët-Boigny un petit groupement d’intérêts privés.

Comment un parti politique qui a presque soixante-dix ans d’existence, se retrouve t-il à régler ses problèmes interne dans les rues par médias interposés alors qu’il veut conquérir le pouvoir. Le PDCI oublie t-il que ce sont les injures, les exclusions, les anathèmes, le sectarisme, le clanisme et le refus d’écouter ceux qui refusent unanimisme de façade, qui avait poussé notre frère feu, Djéni Kobenan et ses amis à fonder le RDR, qui a pratiquement vassalisé le PDCI aujourd’hui.

Le risque qu’un autre parti sorte du ventre du PDCI-RDA, est bien réel, si les problèmes ne sont pas abordés frontalement avec une bonne foi conforme à la démocratie interne d’un parti politique. Au besoin pourquoi ne pas organiser des primaires internes pour départager les courants et aller au congrès avec la sérénité qu’exige les grand défis face auxquels le pays se trouve confronter ?

Il semble selon nous que les problèmes d’égos et les intérêts personnels des uns et des autres sont à la fois contraires et contradictoires dans un environnement délétère et nauséabond. On veut aujourd’hui recourir aux vieilles méthodes qui ont fait faillite ailleurs. Les motions des délégués départementaux et demain des marches de soutien comme dans le parti communiste des soviets du camarade Joseph Staline.

Il faut sortir de ce folklore mesquin et sans horizon pour affronter les vrais problèmes des ivoiriens qui sont déboussolés entre un RDR, durablement fixé dans son ethnicité et un PDCI à sa remorque sous le regard hagard et médusé d’un FPI à la recherche de ses propres marques.

II – Ne plus répéter les malheurs d’hier

L’histoire du PDCI-RDA nous enseigne que les congrès sont des moments décisifs qu’il faut gérer avec beaucoup de doigté, un grand sens du compromis sans tomber dans l’autoritarisme et surtout aborder les problèmes frontalement et les résoudre sur place. Le temps du PDCI, ou une personne et son clan décident de tout. Le PDCI des applaudisseurs, le PDCI du Clan Baoulé ou le PDCI, à Papa, c’est terminé, passé, surpassé et dépassé par l’exigence de renaissance politique qu’imposent les temps nouveaux.

Les paris sont ouverts, si KKB et ses amis n’ont pas droit à la parole, s’ils sont rejetés, réprimandés et hués par des supporter payés pour l’occasion et si les vrais problèmes du parti et de la perspective 2015 ne sont pas abordés comme il le faut, le risque est grand de voir une dissidence et shiisme au PDCI-RDA.

Le congrès des 19, 20, 21,22 et 23 mars 1959, n’avait pas favorisé un dialogue préalable sur la question nationale dans un pays qui allait vers l’indépendance. Le PDCI oubliait sans doute que c’étaient des hommes libres des autres partis politiques qui avaient rejoint son juron à la veille de la loi cadre de 1956. Ils ne venaient pas pour être des dociles applaudisseurs pour avaler goulument l’aplatissement de fait du leader du PDCI, devant les intérêts économiques et politiques des grands comptoirs coloniaux.

Les élections au scrutin secret exigé par de nombreux congressistes, avaient porté le pharmacien de Treichville, Jean-Baptiste Mockey, au secrétariat général du parti, en lieu et place d’Auguste Denise, qui assumait cette fonction depuis avril 1946. Voilà ce qui arrive quand le débat interne favorable à la contradiction et source de dynamisme dans un parti politique qui se veut démocratique est noyé et noyauté par le clanisme, les égos et les incompatibilités qui ne prennent pas en compte l’intérêt national.

Le congrès de 1965, après le malaise et les épurations découlant du faux complot de 1963, avait permis au président du parti d’avoir les mains libres pour placer ses hommes et surtout les membres de son clan dans la hiérarchie du parti et de l’Etat.

Le congrès de 1970 porta Grégoire Philippe Yacé au sommet de la vie politique. Doué d’une éloquence et porté par sa voix suave et mielleuse l’homme incarnait le parti. Il présenta un rapport moral de trois heures et demie d’horloge. Il se sentait poussé des ailes. Cet ancien instituteur, fils d’un douanier originaire de Jacqueville, fut couronné dauphin constitutionnel par le congrès de 1975.

Il était loin de se douter qu’au congrès de 1980, c’est sur une civière qu’il allait quitter le congrès du parti dont-il était le secrétaire général. Sa montée fulgurante et les casseroles de ses propres placards allaient s’allier à ses ennemis pour créer les conditions de la chute dont-il ne se relèvera jamais.

Son interprétation de la constitution à la mort du président Félix Houphouët-Boigny, acheva de convaincre les ivoiriens sur ses propres ambitions et le caractère revanchard de l’ancien président de la cour de sureté de l’Etat dans l’affaire du complot de 1963.

C’est finalement esseulé et lâché par la plupart de ses amis qu’il eu rendez-vous avec la mort le 29 novembre 1998 dans une clinique abidjanaise en bordure de la Lagune Ebrié. Comme quoi on ne sort jamais indemne d’une connivence avec l’arrogance, la suffisance et la magouille en politique. Après lui la fonction de secrétaire général du PDCI-RDA, deviendra un siège éjectable. Comité exécutif, Laurent Dona Fologo et aujourd’hui Djédjé Mady.

III – La reconnaissance des ivoiriens au PDCI-RDA

Il n’y a aucun ivoirien digne de ce nom qui peut aujourd’hui rejeter la contribution positive du PDCI-RDA à la lutte pour l’Indépendance. C’est le parti qui a porté le flambeau du nationalisme ivoirien face à l’occupation coloniale.

C’est dans cet esprit qu’il a remporté toutes les consultations électorales de 1946 jusqu’à 1990. C’est dans ce même esprit que les autres partis ivoiriens avaient rejoint le PDCI-RDA en 1956. On ne peut pas dire aujourd’hui que les ivoiriens sont contre le parti émancipateur, son pacte national et contre l’unité nationale qui avait fait de lui un parti unique?

Car en définitif notre peuple à fait des grands sacrifices d’amour propre pour jeter les bases de cette unité nationale tant chanté au PDCI. Nous voulons rappeler ici que le PDCI en tant que parti unique, est issu d’un pacte national consensuel qui avait existé en Côte d’ivoire à la veille du gouvernement de la loi cadre de 1956.

Il résultait d’un dialogue national utile entre les partis politiques de l’époque. Ils avaient ensemble tirés les leçons des événements sanglants de 1949 à 1950. Car plus que les divergences idéologiques, c’est le fondement tribal de certains partis politiques qui avait poussé les ivoiriens à tuer d’autres ivoiriens.

On ne le dit pas assez, car c’est ce pacte national qui avait donné naissance au parti unique ivoirien, né de cette fusion par absorption des six partis politiques de la Côte d’Ivoire en 1956. Il s’agit du PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny, du MSA – mouvement socialiste africain – de Dignan Bailly, du BDE – le bloc démocratique éburnéen – d’Etienne Djaument, Le PPCI – le parti progressiste de Côte d’Ivoire – de Maître Kouamé Binzème, UDICI – L’union des indépendants de Côte d’Ivoire – de Kacou Aoullou qui fusionna avec des ressortissants du nord pour donner naissance à l’EDICI – l’entente des indépendants de Côte d’Ivoire que présidait Sékou Sanogo.

Le PDCI, ne le dit pas assez, et pourtant cela est tout à fait à son honneur, au congrès du RDA à Bamako les 18, 19, 20 et 21 octobre 1946, le député Houphouët-Boigny, avait insisté auprès des autres partis politiques de son pays pour qu’ils constituent une délégation commune avec le PDCI, le parti Progressiste de Côte d’Ivoire, le Parti de Maitre Kouamé Binzème, était représenté, Sékou Sanogo, le président de l’EDICI, en personne était présent dans la délégation ivoirienne à la constitutive du RDA à Bamako. Nous renvoyons ici nos contradicteurs aux archives de leur propre parti pour gagner du temps.

L’objectif poursuivi était l’unité nationale à travers un grand parti de masse, regroupant tous les partis politiques constitués avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire dans le but de permettre à tous les enfants du pays d’aller ensemble à l’indépendance, afin de mettre toutes leurs énergies au service de la Côte d’Ivoire, et de la construction nationale.

Vaste programme plein de bon sens et de bonnes intentions. Nous constatons avec regret que le parti unique à encouragé le tribalisme, le népotisme et n’a pas réussi la construction de l’unité nationale. Il est liberticide. Mieux les Dignan Bailly, Gris Camille, Tidiane Dem, les Sékou

Sanogo, Issa Bamba, Kouamé Binzème, Kacou Aoullou et autres se sont retrouvés en prison à Yamoussoukro en 1963. Il ne s’agit pas ici d’un roman ou d’un film, mais d’une des sombres réalités de la vie politique ivoirienne qui nous fait douter des bienfaits du parti unique qui avait crée une oligarchie tribale de politiciens et d’affairistes profiteurs, qui n’avaient que l’argent facile et la délation comme maître et but de vie. Il a accentué les disparités régionales en créant des dualités dans le corps social de la Côte d’Ivoire.

L’un des problèmes majeurs de la Côte d’Ivoire, hier comme aujourd’hui, est celui de la répartition du pouvoir au sein de l’Etat. Il existe des disparités entre les populations privilégiées et les populations négligées, entre des populations rurales et les populations urbaines, entre les individus instruits et les illettrés, entre les riches et les pauvres, ainsi qu’entre de nombreux groupes de la société ivoirienne.

Certaines de ces disparités sont la résultante du mauvais usage qui a été fait de l’exercice du pouvoir politique de 1960 à ce jour. Mais les innovations récentes sont venues s’y ajouter ou les ont aggravées. L’un des éléments nouveaux a été l’excessive centralisation du pouvoir jointe à l’existence d’une bureaucratie ethnique, hautaine, médiocre et inefficace. C’est dans ce domaine que la future gouvernance du PDCI doit mettre de l’ordre dans ce capharnaüm, avant de se lancer dans des projets pharaoniques de reconstruction post-conflit qui du reste ne seront pas du gâteau.

IV – L’Aggiornamento du PDCI-RDA

L’aggiornamento, c’est se mettre à jour et vivre en affrontant, les réalités de son temps. Cela suppose une remise en cause des méthodes de travail du parti. Avoir aussi le courage de se poser les questions gênantes. N’y avait-il pas une erreur de casting au départ ? Henri Konan Bédié était-il le plus indiqué pour succéder au fondateur de la Côte d’Ivoire moderne ?

Son avènement à la tête de l’Etat, n’était-il pas un accident de l’histoire. Si non un mauvais casting ? Pourquoi est-il allé manger et fêter à Daoukro, quand tous les services de renseignements intérieurs prévenaient le président de l’imminence d’une grogne dans les casernes militaires? Être plus préoccupé à ce stade de responsabilité par la boisson et des fêtes au village, comme un petit collégien en vacances, relève non seulement de la légèreté, mais de l’inconscience.

Comment peut-on expliquer aujourd’hui la surfacturation des complexes sucriers et les scandales financiers liés à la gestion de notre pays par Henri Konan Bédié et sa clic de prédateurs, n’ont-ils pas favorisé la décomposition de l’Etat ? Cette dernière interrogation est de notre frère le Dr Balla Keita au lendemain du putsch de Noël 1999.

Il faut trouver des réponses urgentes et honnêtes à toutes ces questions pour sortir de la mare boueuse dans laquelle le PDCI-RDA s’est embourbé depuis 1999 jusqu’à nos jours. C’est en refusant de voir la vérité en face que le PDCI à favorisé par ces contradictions, la naissance de UDPCI et du RDR, dont-il est l’allier aujourd’hui.

Il faut solder les comptes pour le bien du parti. Il faut exiger des uns et des autres que tous les problèmes soient abordés frontalement, que toutes les vérités se disent pour crever les abcès, nettoyer les plaies mal cicatrisées, les feux mal éteints qui portent encore des braises sous la cendre. Et qui au demeurant n’attendent qu’un coup de vent pour reprendre du service.

Le PDCI doit-il au nom de sa proximité avec le RDR, devenir muet, sur les questions essentielles, comme le foncier rural, l’endettement du pays, la naturalisation massive des étrangers, l’exil de nombreux ivoiriens, la sécurité des personnes et des biens ? S’il ne donne pas un signal claire aux ivoiriens sur ces grands enjeux, il signera sans le savoir son arrêt de mort politique.

V – Pour affronter l’avenir

Quand on a encore un peu d’estime de soit, il faut être capable de se poser les bonnes questions pour réapprendre à marcher comme dans une sorte de physiothérapie. Pourquoi rien n’a été fait pour ramener dès le début les dissidents du RDR au sein du PDCI ? Pourquoi cette chasse aux sorcières constante contre toutes formes d’opinions divergentes?

Pourquoi le Bureau politique du PDCI est-il aujourd’hui absent dans la vie du Parti, alors qu’il est l’organe de guidance et d’exécution de la marche du parti vers le pouvoir ? L’alliance avec Allassane Ouattara et le RDR, est-elle l’émanation de la base ou de Bédié en tant que président du Parti ?

D’autre part, là ou Adama Dahico, réussi, Bédié se défile. L’image pitoyable du président Bédié, piètre orateur, manquant visiblement d’inspiration et de charisme, dans une campagne électorale terne, investie sans congrès, refusant d’aller au débat télévisé pour défendre son programme présidentiel devant les ivoiriens, est encore dans nos mémoires. Est-ce cela le PDCI qui veut gouverner un pays en mutation comme la Côte d’Ivoire. ?

Il faut solder les comptes. Quelle explication cohérente peut-on donner aujourd’hui à l’évanescence du PDCI RDA, dans les minutes qui ont suivi l’annonce du coup d’Etat du général Robert Gueï ? Sortir du passé pour vivre les réalités de son temps, telle doit être la nouvelle étape vers la reconquête du pouvoir d’Etat. Où sont d’ailleurs les autres compagnons de Bédié ?

La réponse est simple beaucoup avaient rejoint Gbagbo, d’autres sont au RDR, et ceux qui y sont comme Constant Bombet ou Camille Aliali, Jean Konan Banny, sont tous désabusés et déçus. Ramener tout le monde dans la maison commune. Tel doit être le grand travail à faire pour se relever et rassurer ceux qui doutent de l’avenir commun dans un pays sans horizon.

Les anathèmes, les querelles dans les journaux, les bannissements, les exclusions, les insultes, les menaces sur la place publique des uns contre les autres ne font qu’affaiblir la crédibilité du parti émancipateur. Quel est l’ivoirien sérieux aujourd’hui qui votera pour permettre à des gens qui ne sont même pas capables de s’entendre entre eux de gouverner la Côte d’Ivoire ? Le PDCI n’est-il dans ce sens une immense plaisanterie ?

Cette alliance avec le RDR, que nous évoquions plus haut, n’est-elle pas contre nature, sinon le fruit de la désaffection de la base du Parti contre sa propre direction ? Que devient le mandat d’arrêt international du régime Bédié contre le Dr Allassane Dramane Ouattara ?

Pensez vous que le Dr Ouattara a par une sorte d’amnésie oublié l’arrestation de sa mère, une femme très âgée et son interrogation pendant des heures par la police du régime des bédéistes triomphants ? Comment expliquer aujourd’hui aux militants du PDCI-RDA qu’Allassane et Bédié sont amis, et se donnent l’accolade en public en fumant le calumet de la paix et de la fraternité ?

Où était Henri Konan Bédié, quand les femmes se faisaient éventrer et que les autres ivoiriens non ressortissants du nord perdaient tous leurs biens à Man, Duékoué, Odienné, Korhogo, Katiola, Niakara, Ferké ou Béoumi ? Quel sens le PDCI-RDA a-t-il donné à l’immense clameur de joie qui s’était emparée des ivoiriens à l’annonce du putsch du général Robert GUEÏ, l’ensemble de toutes ces questions conditionnent la rénovation du parti et nous les relevons ici sans état d’âme.

VI – Les pesanteurs structurelles du PDCI-RDA

Tous ceux qui comme nous observent le fonctionnement du PDC-RDA se rendent comptent que ce parti a crée lui-même les conditions de son inefficacité au plan fonctionnel. Pourquoi le PDCI n’a t-il pas organisé un congrès comme cela se fait dans tous les partis politiques pour désigner son candidat à l’élection présidentielle ?

Le maintient d’Henri Konan Bédié un homme âgé de 79 ans à la tête du Parti en violation de ces propres textes qui fixent la limite d’âge de la présidence du parti à 75 ans révolus n’était-il pas une erreur ? Où étaient les instruments internes de médiations du parti quand l’anathème et la radiation frappaient des hommes et des femmes comme Henriette Lagou, Djeni Kobinan, NZI Paul David, Gnamien Yao, Laurent Dona Fologo et autres KKB aujourd’hui?

Pourquoi le PDCI-RDA, dans son entier a-t-il soutenu la cabale de l’ivoirité contre le Dr Allassane Dramane Ouattara ? Les membres du PDCI-RDA ont gardé depuis l’indépendance cette habitude qu’ont les animaux de la grange, qui consiste à ne pas s’éloigner de la mangeoire ou alors << on sèche son linge là où le soleil brille >>.

C’est tout cela qui avait affaibli et accentuer la division du PDCI-RDA à la veille du second tour des élections présidentielles du 21 novembre 2010 dernier. C’est un risque réel d’implosion qui se dessine à l’horizon, qu’il faut prendre très au sérieux dès maintenant.

Qu’à Gagné le PDCI en s’alliant au Dr Allassane Dramane Ouattara ? Quelques strapontins ministériels dans un gouvernement d’ethnicité. Est-ce cela la grande ambition du PDCI-RDA ? Qu’on ne nous donne pas cette impression. L’appel de ralliement au candidat du RDR est-elle une bonne affaire pour le PDCI-RDA à un moment ou ce parti veut récupérer le flambeau du nationalisme ivoirien qui est totalement aux mains des refondateurs du FPI qui se disent persécutés en raison de leur attachement au pays de leurs pères ?

Nous pensons sincèrement que la force de la démocratie, réside aussi dans le fait que dans une démocratie, on peut se poser des questions sans être sûr de détenir les réponses, car dans un système totalitaire on évacue les questions gênantes en tuant celui qui les pose sur la place publique. Cette coercition permet de tuer la pensée gênante et la liberté de penser qui est le trépied de la démocratie.

Nous devons poser toutes ces questions gênantes pour que le PDCI-RDA se réveille pour solder la querelle de succession des houphouëtistes, qui est le virus qui conduira sans doute ce parti vers la tombe, pour faire du RDR, le parti qui tirera les marrons du feu en ramassant tranquillement l’héritage incontournable de Félix Houphouët-Boigny, c’est-à-dire l’étendard du RDA et tout ce qui va avec dans la vie politique ivoirienne.

Konan Bédié et ses biens personnels sont-ils pris en otage par le RDR d’Allassane Dramane Ouattara ? De nombreux ivoiriens le pensent. Car Bizarrement le RDR, à plus intérêt aujourd’hui qu’Henri Konan Bédié soit à la tête d’un PDCI immobile et figé comme une statue dans le brouillard des temps nouveaux. Mais La lucidité étant une exigence de l’histoire humaine, nous ne cacherons pas le fond de notre pensée sur le mode de fonctionnement de ce parti.

Cela étant dit, revenons à la marche interne du PDCI-RDA, pour comprendre que ce parti a crée lui-même les conditions d’un mode opératoire inefficace, passéiste et rétrograde. Comment peut-on reconquérir le pouvoir d’Etat avec des structures et des organes passéistes aussi pléthoriques qu’inefficaces ?

– 9 vice-présidents pour seconder le président du Parti
– Un Grand conseil complètement absent de la vie du parti
– Un conseil politique de 296 personnes
– Un bureau politique de 753 personnes
– 16 membres au conseil de discipline
– 33 membres dans le conseil de l’ordre du bélier
– 21 Membres dans le conseil de médiation
– 26 membres dans le conseil de promotion de la femme
– Auxquels il faut ajouter les secrétaires nationaux ou délégués régionaux

Même le parti communiste soviétique au temps de sa splendeur n’était pas aussi centralisé et pléthorique dans son fonctionnement, que ce que nous montre le PDCI-RDA, aujourd’hui ! Sincèrement, ne sommes nous pas dans un cas de figure ou on a déployé un effort gigantesque pour construire l’inefficacité ?

Celui qui rédige ces lignes a examiné le fonctionnement de l’alliance pour la République, l’APR, le parti sénégalais qui a porté, Macky SALL, au pouvoir. Celui du Parti des travailleurs brésiliens qui a porté, Dilma Rousseff au pouvoir et celui du congrès national démocratique du Ghana qui a porté notre frère, John Dramani Mahama, au pouvoir.

Aucun parti politique au monde ne fonctionne avec une organisation mastodonte et hippopotamus aussi lourde et incapable de se mouvoir dans un environnement politique de reconquête qui nécessite un travail de proximité pédagogique et d’orientation des militants dans un pays malade, fragile et économiquement à genoux, laissant un peuple ivoirien complètement déboussolé à la merci des dozos, des zozos et des gogos de l’armée mono ethnique FRCI, des Allassane Dramane Ouattara et consorts.

Celui qui écrit ces lignes n’a pas besoin non plus du PDCI pour vivre. Il s’agit ici de pointer du doigt sans démagogie une pesanteur structurelle qui a joué contre le parti et ses ambitions de direction de l’Etat de Côte d’Ivoire. Il faut aussi voir la nature des hommes, car ce congrès sonne comme le troisième tour des présidentielles de 2010. Il n’est plus question d’aller voir des membres de la direction du PDCI-RDA se rallier au Dr Allassane Dramane Ouattara et d’autres au FPI, de Laurent Gbagbo. Quel image les ivoiriens garderont-ils du PDCI-RDA après son XIIème congrès d’octobre 2013 prochain?

Le PDCI-RDA est-il dans la meilleure position pour jouer le faiseur de roi, ou être roi lui même? Que restera t-il de lui si ce congrès accentue les divisions en son sein? Le PDCI est-il prêt à abandonner sans combattre la ligne du nationalisme intransigeant dans laquelle se reconnaissaient hier encore les prisonniers du RDA de Grand-Bassam, dont Jean-Baptiste Mockey, Ekra Mathieu et Bernard Dadié ?

Nous affirmons ici qu’aucune renaissance ne sera possible sans un début de réponses courageuses à tous ces questionnements que nous considérons en tant qu’observateur, comme les fondamentaux de la rénovation politique nécessaire pour l’aggiornamento de la section ivoirienne du rassemblement démocratique africain.

VII – Postulat de conclusion générale

Dans notre réflexion sur le prochain congrès ainsi que la rénovation du PDCI-RDA et surtout sa reconquête du pouvoir d’état en Côte d’Ivoire, nous nous sommes posés beaucoup de questions qui nous ont été inspirées par ce parti, ces méthodes de fonctionnement et les choix de son président dans la phase de crise politico-militaire qui a accompagné la perte du pouvoir par ce parti à la veille de Noël le 24 décembre 1999.

Il est possible que depuis les fauteuils moelleux de leurs salons certains militants ou certains dignitaires utiliseront l’anathème et les dénigrements habituels. Ils n’ont rien d’autre que cela comme habitudes et mode opératoire. Pour nous dire qu’ils n’ont pas de leçons à recevoir de nous. Car la modestie et la remise en cause perpétuelle pour se reconstruire et faire face aux défis de notre temps, demandent un courage politique qui n’habite pas tout le monde.

Nous pouvons donc comprendre leur amertume. Mais nous gardons le droit d’approuver ou de rejeter tous les signaux qui vont dans le sens contraire de la raison chez le parti qui a conduit notre pays à l’indépendance. Nous devons être plus exigeant avec le PDCI-RDA, que les autres partis, car son destin est de cimenter la collectivité nationale et d’empêcher une fissure dans la digue de protection de la nation ivoirienne.

C’est donc sans rancunes ni rancœurs que nous rappelons d’avance à tous ceux et ils sont nombreux qui penseront du mal de nous. Que la mémoire des êtres humains est fragile, c’est pourquoi nous faisons état ici de notre crainte de voire le PDCI-RDA, connaître le même sort que l’Union soudanaise RDA, du président Modibo Keïta au Mali. Le 19 novembre 1968, ce parti n’avait pas su faire face à la grogne des populations et à l’embourgeoisement des cadres dirigeants de l’US-RDA, et ce fut la victoire du Mali des colonels.

De même que l’union démocratique voltaïque l’UDV-RDA dans la Haute-Volta devenue Burkina-Faso, du Président Maurice Yaméogo. Ce parti n’avait trouvé personne en son sein pour contrer le président de la république dans un débat interne pour mettre fin aux excentricités et aux mesures d’austérité du président qui furent à la base de la révolte populaire qui provoqua sa chute le 03 janvier 1966.
Que le parti progressiste nigérien RDA du président, Hamani Diori au Niger. N’avait pas su soutenir le président Diori dans son bras de fer contre la France pour la vente de l’uranium du Niger à des partenaires plus généreux dans le prix d’achat. Le coup d’Etat du 15 avril 1974, sonne plus aujourd’hui encore comme un désaveu pour le PPN-RDA
Du Parti démocratique de Guinée le PDG-RDA, du Président, Ahmed Sékou Touré. Parti, qui n’a pas su en interne trouvé une succession pacifique à la tête du pays à la mort du père de l’indépendance guinéenne. Là encore les égos surdimensionnés, avait pris le dessus pour favoriser des querelles de préséances ethno tribales, ce fut une incroyable défaite de la pensée qui favorisa le putsch du 3 avril 1984 et l’avènement du gouvernement militaire du Général Lansana Conté.

Du Parti progressiste tchadien, le PPT-RDA, du président François Tombalbaye. Dont les querelles internes avaient favorisé le putsch sanglant qui plongea le Tchad dans plusieurs années d’instabilité. La vassalisation du Tchad par son puissant voisin Libyen et l’incapacité du président à construire une entente nationale acceptable pour le bien de tous fut une erreur fatale qui aboutira à son assassinat par le coup d’Eta sanglant du 13 avril 1975.
Concernant le PDCI-RDA, les évènements de décembre 1999, sont encore dans nos mémoires. Certains ivoiriens ne se sont pas encore remis du traumatisme découlant d’une mutinerie que le PDCI, son gouvernement et son président étaient incapables de résoudre par un dialogue sincère ainsi que des mesures rapides et concrètes pour résoudre les problèmes de soldes des mutins.
La suite nous la connaissons. C’est par un tunnel secret que le président Bédié, est allé se cacher à la résidence de l’Ambassadeur de France comme un enfant en fugue de la maison familiale. Abandonnant ainsi ses collaborateurs à la vindicte populaire. Quel courage ?

En commun, tous ces partis politiques venant du RDA, ont perdu le pouvoir pour n’avoir pas su voir loin en se remettant en cause à temps. Dans nos pays fragiles d’Afrique, voir loin en politique, c’est commencer par voir ce qui est sur le bout de votre nez, c’est à dire, le bien être des peuples que ces partis ont conduits à l’émancipation. Ne plus s’enfermer dans la négation des évidences, telle doit être selon nous la première règle de la politique comme un service au bénéfice des peuples de nos malheureux pays africains.
Au fond le plus important pour les ivoiriens, c’est la nature du ciment qui soude la collectivité nationale. Car la société ivoirienne d’aujourd’hui est la résultante d’une hybridation de populations favorisées par les aléas de l’histoire (une longue histoire de sédimentation, de turbulence, de combats communs contre l’ordre colonial, de cohabitation et d’espérances communes). Voilà pourquoi nous parlons souvent de courage politique pour assumer la responsabilité de direction de notre pays, la Côte d’ivoire.

– Le courage en politique est d’abord une attitude, celle qui consiste à couper court à un enthousiasme démesuré, à rompre avec des peurs collectives, à s’opposer à des rumeurs, à ramener les sujets au niveau qui doit être le leur, en calmant les ardeurs des excités de son propre camp. Car on ne remporte pas une victoire contre la nation, mais avec la nation qu’on veut gouverner.

– Comme vous le constatez les conditions d’émergence et de stabilisation de la paix et de la démocratie en Côte d’Ivoire sont donc loin d’être remplies. Il s’agit de les explorer, de les expérimenter dans le mouvement même qui porte les ivoiriens à s’initier à la citoyenneté ; à se délivrer des catégories politiques du bien et du mal.

– À se défaire des opinions définitives et des oppositions tranchées ; à faire l’apprentissage de la diversité et de la tolérance, de la nuance et du compromis sur quelques valeurs essentielles entre ivoiriens ; à vivre en respectant les différences, en acceptant les divergences, en recherchant le consensus sur les équilibres du vivre ensemble et en s’accommodant pour le reste de vérités contraires, d’incertitudes partagées, de majorités et de minorités provisoires, de victoires partielles et de défaites surmontables.

Chers amis et chers compatriotes, l’une des grandes questions qui découlent de notre modeste analyse et sa réponse, n’ont pas varié, oui nous voulons une Côte d’Ivoire digne et prospère pour tous ces enfants, une Côte d’Ivoire debout, car c’est debout qu’on écrit l’histoire !
Merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en Communication
Lugano (Suisse)
nicolasnzi@bluewin.ch

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