Réponse d’un bloggeur « Ma note à l’aîné Venance Konan »

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Ma note à l’aîné Venance Konan

Très cher ainé Venance Konan,

Je viens de lire votre publication reprise par un site de la place. L’Ivoirien anonyme que je suis ne souhaiterait pas s’impliquer dans les débats entre ‘’pro’’. Mes épaules sont assez fragiles pour arbitrer les querelles entre ces 2 compartiments rigides. Je me permets de vous écrire pour vous signaler qu’en dehors des politiciens, il y a de pauvres Ivoiriens qui ne demandent qu’un climat social apaisé afin de batailler pour gagner leur pain sec quotidien.

Ceci dit, une de vos phrases a particulièrement retenu mon attention: « Justice des vainqueurs ? Oui ! Et alors ? Peut-on nous dire, dans la longue histoire de l’humanité, où et quand le vainqueur a été jugé ou s’est jugé lui-même pour se punir d’avoir…vaincu ? Où et quand le plus faible a jugé le plus fort ? »

Cher ainé, il urge de consolider la paix en Côte d’Ivoire. Le concept des opérations dites de consolidation de la paix désigne les efforts déployés pour promouvoir la sécurité humaine dans un contexte post conflictuel. Son objectif central est de renforcer la capacité des sociétés à gérer pacifiquement les conflits et ainsi, d’assurer de façon durable la sécurité humaine de leurs citoyens, dans l’espoir d’éviter un début ou une reprise d’hostilités armées.

Simplement dit, ces opérations cherchent à mobiliser et coordonner les efforts nationaux et internationaux visant à stimuler le développement économique, le renforcement des institutions politiques et juridiques tout en assurant l’établissement d’une société civile. Considérant la fragilité d’un État et la facilité de voir un basculement graduel vers une reprise de conflit ou vers sa défaillance totale, les actions telles le DDR, la RSS sont entreprises en vue de normaliser les conditions de vie et de travail. De manière explicite, il s’agit d’assurer la promotion et le respect des droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels dans un contexte post conflictuel comme celui de la Côte d’Ivoire.

Toutes ces activités gravitent autour de l’idée de justice transitionnelle qui «(…) englobe l’éventail complet des divers processus et mécanismes mis en œuvre par une société pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé, en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation. Peuvent figurer au nombre de ces processus des mécanismes tant judiciaires que non judiciaires, avec (le cas échéant) une intervention plus ou moins importante de la communauté internationale, et des poursuites engagées contre des individus, des indemnisations, des enquêtes visant à établir la vérité, une réforme des institutions, des contrôles et des révocations, ou une combinaison de ces mesures. » (S/2004/616 23.8.2004).

Ces 4 piliers fondamentaux sont: le droit se savoir, le droit à la justice, le droit aux réparations et les garanties de non répétition. Elle est basée sur l’idée qu’une politique de justice responsable doit contenir des mesures qui cherchent à la fois à établir la responsabilité pour les crimes commis dans le passé et à dissuader la commission de nouveaux crimes, en tenant compte du caractère collectif de certaines formes de victimisation, ainsi que du caractère transnational de certaines autres. La justice transitionnelle est également basée sur la conviction que l’exigence de justice n’est pas un absolu mais qu’elle doit au contraire être équilibrée avec le besoin de paix, de démocratie, de développement économique et de l’Etat de droit. Elle reconnaît également que dans des contextes de transition, il est possible qu’il y ait des limitations concrètes particulières liées à l’aptitude de certains gouvernements à adopter des mesures de justice spécifiques.

Très cher ainé, qui est « victime » en Côte d’Ivoire ? Quelles sont les garanties de non répétition qui sont mises en pratique ? Comment susciter la cohabitation pacifique ? La cohésion sociale ? Les réponses à ces questions intéressent l’Ivoirien que je suis qui n’aspire qu’au retour de la paix afin de vaquer tranquillement à ses préoccupations.

Très cher ainé, mon intention n’était nullement de vous offenser sur quelques points que ce soit. Juste la modeste contribution de l’Ivoirien anonyme qui refuse de se mettre entre les grands et longs couteaux aiguisés !

Abidjan le 15 juillet 2013

Sylvain N’GUESSAN

climbie.ivoire-blog.com

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