ROME (© 2013 Afriquinfos) – Roberto Calderoli, vice-président du Sénat italien et membre du parti de droite anti-immigration de la Ligue du Nord, a glissé dans un discours politique que Cécile Kyenge ressemblait à un Orang-Outan. Ce n’est pas la première fois que la ministre de l’Intégration originaire de la RDC est la cible de propos racistes, et ce n’est pas la première fois non plus que M. Calderoli se fait remarquer par des commentaires de ce genre.
« Quand je vois des photos de Kyenge, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle a les traits d’un orang-outan » déclare fièrement Roberto Calderoli au beau milieu d’un meeting politique, samedi dernier, avant d’ajouter, pensant peut-être nuancer l’énormité de la remarque : « mais je ne dis pas qu’elle en est un ». Inutile de préciser que l’insulte a provoqué le scandale et l’indignation en Italie et ailleurs, jusque dans le propre parti de M. Calderoli, dont plusieurs membres ont exigé hier sa démission.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il se fend d’un commentaire aussi choquant : en 2006, il arbore un t-shirt ridiculisant le prophète Mahomet, ce qui lui vaut de démissionner de son poste de ministre de la Réforme ; quelques mois plus tard, lors de la victoire de l’Italie à la Coupe du Monde de football, il soutient que le pays a gagné grâce à ses joueurs « Italiens de souche », contrairement à une équipe française composée « de nègres, de musulmans et de communistes ».
La ministre de l’Immigration Cécile Kyenge n’en est elle-même pas à sa première attaque. Première et seule ministre italienne de couleur noire, elle a eu droit à de nombreux commentaires, ouverts ou anonymes, d’une violence parfois aberrante. Parmi les figures politiques, quelques-uns l’ont déjà gratifié de réflexions racistes, comme Mario Borghezio, de la Ligue du Nord lui aussi, affirmant qu’elle essayait d’imposer des « traditions tribales » en Italie, ou encore Dolores Valandro, du même parti, lançant sur twitter un appel au viol sur sa personne.
Alors que la ministre fait face avec dignité à ce navrant florilège d’insultes, M. Calderoli, en réponse à l’indignation générale, se justifie imperturbablement : « Je n’avais l’intention de blesser personne et si la ministre Kyenge l’a été, j’en suis désolé, mais mes propos ont été tenus dans le cadre d’un discours politique beaucoup plus large, qui critiquait la ministre et ses choix ». Quant à savoir en quoi ce commentaire d’une méchanceté enfantine avait sa place dans un discours politique, ou comment il espérait ne blesser personne avec de tels propos, le mystère reste entier.
« Je ne prends pas personnellement les paroles de Calderoli » déclare Cécile Kyenge avec une pointe de lassitude, « mais elles m’attristent à cause de l’image qu’elles donnent de l’Italie ».
Qui sont les sauvages, maintenant ?
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