La multinationale française Bolloré se donne jusqu’au 30 juin pour donner suite aux revendications des paysans riverains de ses plantations, qui manifestent dans plusieurs pays africains contre l’expansion des activités du groupe sur leurs terres.
Par Fulgence Zamblé (IPS), Abidjan
« A la suite de la manifestation des paysans riverains du 5 juin, dans leurs pays respectifs et devant le siège de Bolloré à Paris, Vincent Bolloré, le président-directeur-général du groupe, a commis deux de ses représentants avec lesquels nous avons eu un entretien », a déclaré Eloïse Maulet, coordinatrice du Réseaux pour l’action collective transnationale (ReAct).
ReAct appuie les actions des riverains de Bolloré en Côte d’Ivoire, au Liberia, en Sierra-Leone et au Cameroun dans leur lutte commune contre la multinationale.
« Aussi longtemps que cela durera, nous continuerons de manifester »
En attendant le rendez-vous du 30 juin, la mobilisation ne faiblit pas sur le terrain. « Aussi longtemps que cela durera, nous continuerons de manifester contre les multinationales qui accaparent nos terres, afin qu’elles nous les restituent », ont réaffirmé, le 12 juin, les riverains de la Société des caoutchoucs de Grand-Béréby (SoGB), dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Le groupe Bolloré détient la majorité du capital de cette entreprise.
Mise à jour : le groupe Bolloré ne détient pas la majorité du capital de cette entreprise. La SoGB est détenue par la SOCFIN, cette dernière société étant détenue à 38,7% par Bolloré.
Près de deux semaines après l’interruption, le 5 juin, par des éléments de l’armée ivoirienne, d’une marche vers l’usine centrale et les bureaux de la direction de l’entreprise d’exploitation de caoutchouc, les riverains de la SoGB se montrent déterminés à faire reculer la multinationale et obtenir gain de cause.
« Nous demandons que nos terres soient libérées. Depuis quelques années, les plantations d’hévéas s’agrandissent et menacent l’existence de nos villages. Encore que l’entreprise ne tient pas ses engagements de contribuer au développement des villages », a déploré Julien Nemlin, porte-parole des riverains.
Selon lui, le principe d’un développement intégré gagnant-gagnant a été mis à mal par les pratiques dominantes de la SoGB ; l’accaparement aveugle des terres ne laisse aux riverains aucun espace vital pour faire des cultures vivrières.
Un résultat net de 15 milliards de francs CFA
À Grand-Béréby, la SoGB dispose de 34 000 hectares d’hévéas, selon les riverains. Le 2 avril 2013, la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan, publiant les états financiers provisoires de l’entreprise cotée en bourse, a annoncé un résultat net de 15 milliards de francs CFA (environ 30 millions de dollars). Ce résultat accuse une baisse de moitié par rapport à l’exercice 2011, chiffré à 30 milliards de FCFA (60 millions de dollars).
« Quand on réalise de tels chiffres à la fin de son exercice, le minimum est de pouvoir redistribuer une partie des dividendes avec les riverains dont les terres sont occupées, ou alors leur offrir les moyens de développer leurs cultures vivrières qui assurent leur survie », suggère Martinien Gadou, un économiste basé à Abidjan.
« Il ne faut pas, chaque fois, léser les fermiers et autres riverains. On a l’impression que les multinationales font des promesses pour juste obtenir les terres pour leurs activités. Et une fois installées, elles ignorent leurs engagements élémentaires », déclare Martinien Gadou.
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