Plusieurs cadres islamistes recherchés en Egypte
par Maggie Fick et Alexander Dziadosz
LE CAIRE (Reuters) – Le parquet égyptien a ordonné mercredi l’arrestation de plusieurs cadres des Frères musulmans -dont est issu le président destitué Mohamed Morsi- et Hazem el Beblaoui, nommé la veille Premier ministre par intérim, a dit vouloir s’atteler immédiatement à la formation d’un gouvernement.
La justice recherche Mohamed Badie, guide de la confrérie islamiste, son adjoint Mahmoud Ezzat, ainsi qu’Essam el Erian et Mohamed el Beltagui, responsables de l’aile politique du mouvement, pour incitation à la violence lors des affrontements du début de semaine.
Une fusillade a fait 55 morts lundi au Caire devant la caserne de la Garde républicaine où serait détenu Mohamed Morsi, déposé par les militaires le 3 juillet à la suite d’imposantes manifestations.
Selon Gehad al Haddad, porte-parole des Frères musulmans, qui dénonce une tentative visant à mettre fin aux manifestations de la confrérie, aucun des cadres recherchés n’a été interpellé.
Plus de 450 militants des Frères musulmans ont en outre été libérés sous caution, mais la détention de 206 autres a été prolongée de quinze jours, en raison de leur implication supposée dans les heurts de lundi.
Au Caire, des milliers de sympathisants des Frères musulmans continuent à manifester en silence autour de la mosquée Rabaa Adaoueya, dans le nord-est de la capitale. L’armée compte sur le début du ramadan pour apaiser les tensions.
Deux membres des services de sécurité ont par ailleurs été tués et six autres blessés par des rebelles islamistes dans le Sinaï, sur lequel le gouvernement central exerce peu de contrôle.
PRUDENCE DES SALAFISTES
Sur le plan politique, le nouveau Premier ministre, Hazem el Beblaoui, a affirmé sa volonté de consulter en priorité Mohamed ElBaradeï et Ziad Bahaa-Eldin, chefs de file du courant libéral, pour former le nouveau gouvernement.
Hazem el Beblaoui, 76 ans et détenteur du portefeuille des Finances de juillet à décembre 2011, a néanmoins reconnu qu’il serait difficile de faire l’unanimité et qu’il ne pourrait « satisfaire tout le monde ».
Les salafistes d’Al Nour, deuxième parti islamiste après les Frères musulmans, ont fait savoir qu’ils ne siégeraient pas au gouvernement mais qu’ils ne s’opposaient pas à la nomination de Hazem el Beblaoui. Ils avaient empêché en fin de semaine dernière la désignation à ce poste de Mohamed ElBaradeï.
L’ancien directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et lauréat du prix Nobel de la paix a finalement été nommé vice-président chargé des
Affaires étrangères.
Le Front de salut national (FSN), dont il est l’un des chefs de file, a retiré mercredi le communiqué diffusé la veille et dans lequel son mouvement rejetait le décret constitutionnel pris par le président intérimaire, Adli Mansour. Le FSN l’a remplacé par une déclaration moins critique envers ce texte qui prévoit un processus de transition étalé sur six mois.
Le décret a été rejeté pour des raisons différentes par les Frères musulmans et Al Nour, ainsi que par des groupes de jeunes révolutionnaires et des personnalités sans étiquette politique.
Adli Mansour a en outre encore réduit l’influence des Frères musulmans sur les institutions en nommant un nouveau procureur général, Hicham Barakat, à la place de Talaat Abdoullah, nommé par Mohamed Morsi mais écarté par la suite.
Sur le plan international, le Koweït s’est engagé à fournir une aide de quatre milliards de dollars à l’Egypte. Mardi, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis avaient promis respectivement cinq et trois milliards de dollars.
Avec Tom Perry et Shadia Nasralla; Jean-Philippe Lefief et Julien Dury pour le service français, édité par Gilles Trequesser.
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