Réponse à « Ouattara rattrape la misère de Gbagbo »
«Ouattara rattrape la misère de Gbagbo», titrait à sa Une le journal Le Patriote dans sa parution de samedi dernier. Pour cette autre caisse de résonnance du régime Ouattara, en quête d’arguments pour répondre à Notre Voie, le président Gbagbo serait à l’origine de la misère du nord. En temps normal, une telle bévue particulièrement répugnante pour son caractère grotesque et mensonger mérite un mépris. Mais, pour éviter de se faire complice de cette haute manœuvre d’intoxication de l’opinion sur la situation du septentrion ivoirien, il convient de rétablir la vérité au plus vite. La vérité ici est que ce titre et les malheureuses insinuations qui en découlent sont à la fois ridicules, hypocrites et simplement insultants pour l’intelligence et la mémoire encore fraiche des Ivoiriens et des observateurs de la vie nationale. La vérité est que la misère du nord que le régime et ses relais veulent imputer à Gbagbo a une origine connue de tous. Cette misère a été créée et continue d’être entretenue par la rébellion armée de septembre 2002 qui a occupé pendant dix ans la moitié nord du pays avec pour objectif fondamental d’installer Alassane Ouattara au pouvoir.
Pendant dix ans, cette rébellion ténébreuse et sanguinaire a pris en otage et organisé un pillage systématique des zones sous son contrôle, à commencer par le nord. Les rebelles dont les parrains et soutiens sont connus de tous ont pillé toutes les richesses du nord. Les banques, les entreprises publiques et privées, les micro-finances, les services administratifs de l’Etat, les coopératives agricoles et même les domiciles privés. Sous la menace de leurs armes, les rebelles ont arraché les biens des pauvres populations sans défense. Ils avaient leur caisse noire appelée «La Centrale» dans laquelle ils recueillaient l’argent extorqué aux citoyens à travers des impôts et les taxes parallèles qu’ils ont institués. Les casses des agences de la Bceao ont rapporté plus de 1000 milliards aux rebelles. Toutes les ressources minières, notamment l’or et le diamant, étaient devenues les biens personnels des chefs de guerre. Tout comme le café, le cacao, le coton, l’anacarde qui étaient produits dans les zones rebelles. Tout l’argent tiré de ces trafics et du pillage de l’économie nationale était investi dans les pays complices de la rébellion, dont le Burkina et le Mali ou ailleurs dans le monde. Pendant ce temps, l’Etat, victime de toutes ces déperditions importantes de ses ressources, devrait faire face à ses dépenses de fonctionnement et prendre en charge les responsables et les parrains de la rébellion qui émargeaient tous au sud dans ses caisses appauvries.
Aucun investissement important n’a été fait dans les zones occupées qui échappaient au contrôle du gouvernement légal d’Abidjan. Même Ouattara, qui se présente comme un faiseur de milliards, n’a pas injecté un seul copeck de ses fameux milliards au nord pendant ces dix années de souffrance imposée par la rébellion. Il aura fallu qu’il parvienne au pouvoir d’Etat pour se présenter au nord dans un manteau usurpé d’agent de développement. Comment peut-on s’étonner qu’une région éventrée par ses propres fils au nom d’un combat insensé et dont toutes les richesses ont été pillées connaisse la misère ? A-t-on besoin d’être économiste pour réaliser qu’une région qui est restée aux mains d’une rébellion pendant dix ans est exposée à la misère ? Assurément non ! La rébellion armée qui occupait le nord n’était pas préoccupée par le développement de cette partie du pays. La présence des rebelles étant elle-même antinomique au développement. Les chefs de guerre étaient intéressés par leur enrichissement personnel en attendant la réalisation de l’objectif final, qui était la prise du pouvoir par Ouattara. La preuve, quand le président Gbagbo se battait pour redéployer l’administration dans les zones occupées afin de permettre à ces régions de bénéficier du peu de ressources qui restait à l’Etat, les rebelles s’y opposaient farouchement. Les infrastructures construites par le Comité national pour le redéploiement de l’administration (Cnpra) ont été également pillées et purement détruites. Les fonctionnaires et agents de l’Etat redéployés dans les zones occupées étaient la cible des rebelles et leurs parrains qui avaient intérêt à maintenir le nord hors du contrôle du gouvernement de Laurent Gbagbo pour continuer de le piller. Disons-le tout net. C’est la rébellion armée et ses commanditaires qui ont semé la misère au nord et dans l’ensemble des régions du pays assiégées et pillées pendant dix ans. Cette réalité est sue des Ivoiriens (y compris ceux du nord) et du monde entier. Aucun esprit malhonnête ne peut falsifier l’histoire récente de la Côte d’Ivoire au risque d’étaler sa mauvaise foi maladive et paraître ainsi ridicule aux yeux de l’opinion.
Jean Khalil Sell
Notre Voie
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