Soir info par Sylla A. Linfodrome.com
On en sait un peu plus, aujourd’hui, sur les conditions d’arrivée et de départ de Simone Gbagbo à la Polyclinique internationale sainte Anne Marie (Pisam) d’Abidjan-Cocody. Des témoins qui ont suivi le déroulement des événements, de bout en bout, nous ont fait des confidences…
Jeudi 2 mai 2013. Il fait bon temps en ce début de matinée à Odienné (nord-ouest ivoirien), la ville où Simone Ehivet Gbagbo est détenue depuis le 23 avril 2011. L’ex-Première Dame de Côte d’Ivoire vient de se réveiller. Des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) sont à la résidence d’Issouf Koné, l’ex-grand chancelier de l’ordre national sous Laurent Gbagbo, où elle est depuis son transfèrement dans la capitale du district du Denguelé. Ils demandent à l’épouse de Laurent Gbagbo de faire ses bagages.
L’ex-Première Dame de Côte d’Ivoire veut comprendre ce qui se passe. Elle ne trouvera pas de réponse. Immédiatement. Ses interlocuteurs lui répondent qu’ils n’en savent pas plus. Elle se dit, à un moment, qu’elle est en train d’être transférée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Surtout que Sangaré Aboudramane, précédemment détenu à Katiola, venait d’y être envoyé après un tour à la Polyclinique internationale Sainte Anne Marie (Pisam) d’Abidjan-Cocody…
Des véhicules sont déjà positionnés devant l’imposante résidence d’Issouf Koné. L’ex-députée d’Abobo s’exécute. Elle fait tous ses bagages. Elle n’hésite pas à poser des actes de générosité. Mme Gbagbo partage les 100 000 F Cfa qu’elle a sur elle, aux éléments des Frci qui assurent sa sécurité, à Dame Sally -qui lui fait à manger- ainsi qu’à Mahama, l’époux de cette dernière.
En tous cas, tous ceux qui sont présents à la résidence, reçoivent leur part…. L’émotion est au rendez-vous. Des éléments des Frci, avec qui, elle partage le quotidien depuis plus de deux ans, lui présentent des excuses pour des écarts de comportement qu’ils ont eus à son égard. Le cortège prend la direction de l’aéroport d’Odienné. La Vice-présidente du Front populaire ivoirien (Fpi) est conduite dans un avion. Et c’est à l’intérieur de l’appareil qu’elle apprend qu’elle vient à Abidjan pour des soins. Simone Gbagbo se rappelle alors qu’il y a plusieurs mois, elle avait demandé, sans suite favorable, à faire un bilan de santé. Et elle n’avait pas eu de réponse satisfaisante. C’est que, depuis l’accident de la circulation dont elle a été victime avec son époux en 1996, l’ex-présidente du groupe parlementaire Fpi est suivie par un kinésithérapeute.
Quand elle était encore à Abidjan, outre les services de ce « masseur », elle faisait du sport à l’aide d’un appareil. Mais depuis son transfert à Odienné, elle ne bénéficie plus de ces commodités. La baronne de l’ex-parti au pouvoir se contente de faire des marches dans la résidence où elle vit. Elle a donc commencé à ressentir des douleurs au niveau de son corps. Après plusieurs mois d’attente, les autorités ont fini par lui accorder les soins qu’elle avait demandés.
De l’aéroport d’Odienné à Abidjan, le vol fait moins d’une heure. Simone Gbagbo est conduite à la Pisam. L’information qui circulait sous forme de rumeur, est confirmée par les avocats de l’épouse de Laurent Gbagbo. Dans un communiqué de presse, daté de ce jeudi 2 mai 2013, Me Habiba Touré et Me Ange Rodrigue Dadjé informent qu’ « à la suite de problèmes de santé affectant (leur cliente), il a été sollicité auprès des autorités ivoiriennes son transfert médical à Abidjan ». La défense de la Docteur 3ème cycle en littérature orale précise que « Mme Simone Ehivet Gbagbo suivra donc un traitement médical, à la demande de ses Conseils, à Abidjan ».
Retour précipité à Odienné…
Alors que des informations annonçaient que celle qui est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (Cpi) pour crimes contre l’humanité allait être envoyée à la Maca, Simone Gbagbo est ramenée à Odienné. C’était le mercredi 8 mai 2013. « Elle est arrivée à 16 h 00 (locales et Gmt). Elle a été escortée par du personnel de l’Onu et des militaires ivoiriens jusqu’à la résidence où elle était auparavant », déclare à l’Agence France presse (Afp), une source militaire ivoirienne à Odienné. « Elle est retournée aujourd’hui (mercredi) à Odienné », confirme une source proche du dossier. L’un des avocats de Mme Gbagbo, Me Rodrigue Dadjé, avait plus tôt fait état du départ de l’ex-Première Dame de la Pisam. « Ni les avocats ni la famille ne savent l’endroit où elle a été emmenée », avait-il dit.
Une autre avocate de Mme Gbagbo, Me Habiba Touré, dénonce un « transfert effectué dans la précipitation », y voyant de « graves violations » des droits de l’Homme. Dans un communiqué, le Fpi proteste contre l’ « enlèvement sous anesthésie » de l’épouse de Laurent Gbagbo. Le Fpi « dénonce avec force ces agissements d’une autre époque » qui relèvent, selon lui, de la « dictature ».
« Faux » réagi, le samedi 11 mai 2013, Gnénéma Coulibaly Mamadou, le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des libertés publiques. « Ce sont des histoires que les gens racontent. C’est archi-faux et c’est de l’intoxication. Simone Gbagbo est venue à Abidjan, à sa propre demande, pour un bilan de santé. Pendant quelques jours, les médecins se sont penchés sur son état de santé. Une fois cela fait, c’est elle-même, satisfaite, qui a demandé à retourner d’où elle est venue. Elle a donc été reconduite à Odienné. Tout simplement », dément le ministre Gnénéma Coulibaly (Cf, Le Patriote du 11 mai 2013).
Que faut-il retenir de toutes ces accusations et autres démentis ? Que s’est-il réellement passé ? Un témoin rapporte que c’est dans l’avion la ramenant à Odienné, mercredi 8 mai 2013, que Simone Gbagbo s’est réveillée. Etait-elle sous anesthésie comme l’a relevé le Fpi ou dormait-elle simplement ? Pour sûr, lorsqu’elle s’est réveillée -et comme elle est connue comme une personne qui ne mâche pas ses mots-, elle a protesté vigoureusement dans l’avion, s’élevant contre les conditions dans lesquelles elle a été sortie de la Pisam. Elle a demandé aux militaires qui se sont mis au garde-à-vous, à son réveil, de »quitter devant elle… Elle n’était pas du tout contente ». Selon son expression, « elle a été volée ». Une fois à Odienné, c’est M. Cissé, le maire résident qui fut son élève et qui a toujours été à ses petits soins, qui lui envoie une brosse, de la pâte de dentifrice…C’est que, toutes ses affaires sont restées à Abidjan. Mais Simone Gbagbo confie, à tous ceux qui la rencontrent, qu’elle n’éprouve ni haine ni rancœur contre qui que ce soit.
SYLLA Arouna
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook