Source: Le Patriote par Lacina Ouattara
La guerre, certes à fleuret moucheté pour l’instant, entre le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire, Henri Konan Bédié et son secrétaire général, Alphonse Djédjé Mady pour le contrôle du parti doyen à l’issue du 12è congrès de ce parti, prévu en octobre prochain, bat son plein. Dans cette bataille de ‘’titans’’, un troisième larron, le président de la jeunesse, Kouadio Konan Bertin Alias KKB, a visiblement pris fait et cause pour le camp Mady. Pour le duo, qui ne cache plus les atomes crochus qui les unissent, il n’est plus question de laisser un moment de repit au sphinx de Daoukro. Le couteau entre les dents, KKB et Djédjé Mady ne manquent plus de tribunes pour tirer à boulets rouges sur le camp adverse. Mais qu’est-ce qui faire tant courir le président du conseil régional du Haut-Sassandra et le député KKB ? A l’analyse des faits, cette débauche d’énergie répond à trois soucis de ceux qui ambitionnent de déposer Bédié au terme du congrès. Primo : Les deux hommes, qui se sont montrés au grand jour, estiment certainement qu’ils ont été mal récompensés après la prise du pouvoir par la coalition des houphouétistes pour la démocratie et la paix. En effet, plus ou moins sous cape, Mady et KKB laissent entendre dans certains cercles que les relations entre le RDR et le PDCI s’apparentent à celles du cheval et du cavalier. En d’autres termes, le vieux parti est à la remorque de son allié dans la gestion des affaires de l’Etat. C’est-à-dire que le RDR s’est taillé la part du lion pour ne laisser que du menu fretin à ses alliés. Se sentant ainsi lésés dans le partage du ‘’gâteau’’, ils ont décidé, avec le soutien des mains occultes d’entrer en rébellion et de mettre fin à la vie du RHDP. Evidemment, la réalisation d’un tel rêve passe nécessairement par le contrôle de l’héritage politique laissé par le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne. La seconde motivation se met ainsi en lumière. En effet, conscients qu’ils ne pourront pas faire les funérailles de l’alliance des ‘’enfants’’ d’Houphouët, avec Henri Konan Bédié à la tête du PDCI, ils ont engagé de façon frontale la bataille de succession de N’zueba. Derrière le vernis de défense des intérêts du parti se cache un véritable coup d’Etat contre Bédié. «Nous demandons à Bédié de respecter les textes du parti qui l’éliminent de la course» ou encore «Bédié ne peut pas être candidat», dégaine à chaque sortie KKB. Quand Djédjé Mady se bat comme un beau diable pour conduire les travaux du congrès. Il estime, en outre, que c’est à lui qu’il revient d’organiser les assises en lieu et place du comité mis en place par le président du parti et entériné par le bureau politique. C’est un lieu commun d’affirmer que Djédjé Mady veut le parti fondé par le président Félix Houphouët-Boigny pour ressusciter le front démocratique à travers une alliance avec le FPI. Surtout que l’homme a été parmi les membres actifs du mouvement ‘’tout sauf Ouattara’’ sous le régime militaire du défunt général Robert Guéi. Ce sentiment anti-Ouattara, même s’il s’en défend, est également partagé par KKB. En effet, l’on se souvient des révélations faites par Charles Blé Goudé lors du débat des jeunes pendant la campagne du 2ème tour de l’élection présidentielle de 2010. Blé Goudé avait révélé au grand jour les confidences de KKB relatives à ses difficultés de demander au militants du PDCI de porter leur choix sur le candidat du RHDP, Alassane Ouattara. Devant cette révélation fracassante, le député de Port-Bouët, d’habitude volubile, est resté curieusement muet comme une carpe. Mais que gagne la Côte d’Ivoire dans une alliance PDCI-FPI ? Rien du tout ! Sinon le retour des vieux démons de l’ivoirité, de la xénophobie, de la haine, de la division et de la guerre au détriment de la stabilité, de la paix, de la cohésion sociale, de l’unité nationale et du développement de la Côte d’Ivoire. Car, comme s’interroge Bédié : «en quoi est-ce que le FPI a-t-il fondamentalement changé ?». Ce parti qui consacré la ségrégation ethnique en Côte d’Ivoire et qui a précipité le pays dans le chaos ne vise que sa mise à sac. Et l’objectif de KKB et consorts est de le remettre en scelle.
Lacina Ouattara
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