Bakary Nimaga – Hommage au Fama de la plume !

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Par Diarra Cheickh Oumar Libre Opinion

Ontiquement, je ne l’ai pas connu. Mais, étant moi-même un féru de l’écriture et de la lecture, j’ai été particulièrement frappé par la virtuosité de sa plume qu’il maniait avec une dextérité rarement vue. L’écriture était sa passion et, par son savoir-faire dans ce domaine, il a contribué à donner au journal ‘’Le Patriote’’, ses lettres de noblesse. Combattant intrépide et surtout, en véritable grenadier voltigeur, pour reprendre les termes de feu Djéni Kobina, Bakary Nimaga n’a jamais cédé à l’intimidation et a su se faire remarquer par la qualité de ses analyses vitriolées sous le régime catégorisant et ségrégationniste du Président Bédié, la dictature militaire conduite par feu le général Guéi et le pouvoir particulièrement tortionnaire du satrape sanguinaire Laurent Gbagbo. Je ne donnerai pas ici dans cette hypocrisie qui voudrait qu’on soit uniquement dithyrambique à l’endroit de celui qui décède, juste pour dire que j’aurais aimé qu’il se démarquât, en sa qualité de journaliste émérite qui ne souffre d’aucune contestation, un tant soit peu de l’actuel régime qui lui collait un peu trop à la peau, à l’effet de pondre des réflexions, des articles beaucoup plus objectifs qui n’auraient fait que confirmer ses talents.

Je nourrissais, in for interno, l’intention de le lui signifier par écrit ou de façon plus directe, si j’avais l’occasion un jour de le rencontrer. Mais, hélas ! Comme le disait l’artiste, nous autres êtres humains, sommes rassemblés sur terre comme des oiseaux sur une île. Chaque matin, nous nous ruons à l’assaut de la montagne, nous courons après nos illusions, puis, un jour, c’est le verdict final, le silence absolu. Le destin nous rappelle, à ce moment, que c’est à lui seul que revient la décision finale. Et, comme l’expriment avec brio les philosophes existentialistes, l’homme est un processus de projection vers ses possibilités d’être. Mais, dans cet élan progressif de dépassement de soi-même vers son pouvoir d’être, il ne peut dépasser la mort comme ultime possibilité d’être. La mort, en des termes heideggériens, c’est l’imparable, l’impromptu par excellence. Elle n’est pas la simple disparition d’une présence physique mais surtout l’abrogation d’un pro-jet c’est-à-dire d’une foule d’initiatives, d’ambitions et de réalisations socio-culturelles, morales, intellectuelles etc. Parcourant un jour sa page facebook, je suis tombé sur une de ses adresses à ses lecteurs dans laquelle, il disait être en train de concevoir un ouvrage intitulé, si je ne m’abuse ‘’Ce que m’a donné le journalisme’’. Je ne sais pas si la rédaction de l’œuvre a pu être portée à son terme. Toutefois, si cela n’a pu être fait, ce serait vraiment dommage. Car, au fait des aptitudes littéraires hors du commun de Bakary Nimaga, Fama de la plume, ç’aurait été un réceptacle détonant d’expressions littéraires léchées, perlées, de vocables pittoresques, de constructions grammaticales inédites, un véritable compendium, riche en enseignements de tous ordres. Mais, la transcendance en a décidé autrement. La papelardise n’est pas mon fort. Mon estime pour toi, cher frère, restera à jamais, entière. Que ton âme repose en paix, Fama de la plume ! Sacré Nimaga !

Diarra Cheickh Oumar
Professeur de philosophie
E-mail : diarraskououmar@yahoo.fr

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