Si j’étais Alpha Condé, je chaufferais mes partisans en disant que je suis combattu par mes opposants, appuyés par des ennemis extérieurs parce que je mène le vrai combat, celui de l’indépendance réelle de mon pays, et de la dignité de mon peuple.
Si j’étais Alpha Condé, je dirais que je suis combattu par les forces impérialistes parce que j’ai entrepris de libéraliser le secteur minier et que j’ai ouvert le marché à des Brésiliens.
Si j’étais Alpha Condé, j’accuserais les réseaux françafricains de vouloir attenter à ma vie et brandirait chaque passage à Paris de l’un de mes opposants, comme preuve irréfutable du complot des forces coalisées de l’occident, pour me faire tomber.
Si j’étais Alpha Condé, je dirais que les forces internationales du mal ne supportent pas que la Guinée, un si petit pays d’Afrique, regorge d’autant de richesses, raison pour laquelle, elles combattent tous les dignes présidents qui se sont succédé jusque-là, dont l’intrépide Dadis Camara, ce digne fils de la Guinée, qui voulait rendre sa fierté au Guinéen et qui est accusé de tous les maux par les organisations internationales, à la solde des occidentaux.
Si j’étais Alpha Condé, je me réclamerais de Sékou Touré et de Samory Touré, ces dignes fils du digne peuple malinké qui ont dit non aux colons.
Si j’étais Alpha Condé, je dirais que je suis combattu par le même colon qui hier n’a pas apprécié de donner prématurément son indépendance, à cette valeureuse Nation et qui aujourd’hui, n’apprécie pas qu’un digne fils de la Guinée, refuse de se faire dicter sa politique à partir de l’Elysée ou du Quai d’Orsay.
Si j’étais Alpha Condé, j’aurais comme éléments de langage dans toutes mes déclarations, les termes suivants : colonialisme, indépendance vraie, capitalisme, impérialisme, patriotisme, nationalisme ; et je suis sûr que je trouverais des millions de gogos aussi bien en Guinée qu’à l’extérieur de mon pays, pour applaudir mon discours courageux jamais soutenu par des faits, encore moins suivi par des actes.
Seulement voilà, je ne suis pas Alpha Condé. Lui, a au moins le mérite de ne pas endormir les Guinéens par un discours faussement nationaliste, réellement démagogique, comme on en entend très souvent sous nos tropiques. Lui, a au moins le mérite d’assumer seul, sans chercher à accuser quiconque, le fait qu’il conduit tout droit la Guinée vers son tragique passé.
Enfin, si j’étais Alpha Condé, je commencerais hic et nunc (rien n’étant encore perdu) à appliquer les principes de la démocratie (organisations d’élections locales et transparentes, dialogue politique, respect des droits de l’homme, justice, etc.) pour lesquels je me suis battu pendant trente ans et pour lesquels j’ai connu brimades, exil et prison.
Si j’étais Alpha Condé…
André Silver Konan
Journaliste-écrivain
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