(Agence Ecofin)
Les deux géants suisses du négoce des matières premières Glencore et Trafigura auraient indirectement permis à l’Iran de poursuivre son programme d’enrichissement nucléaire en lui fournissant de l’alumine, selon un rapport d’experts de l’ONU publié le 23 mai.
Glencore et Trafigura ont fourni à Téhéran dans le cadre d’un troc de l’alumine, contre du métal, l’aluminium produit par l’Iran à partir de ce minerai. Un montage astucieux, puisque l’Iran n’a plus de devises, et qu’il ne peut plus payer en pétrole les sociétés européennes, y compris les sociétés suisses, du fait des sanctions. De l’alumine pour alimenter les fonderies d’aluminium iraniennes, qui permettront de fabriquer des pièces d’automobile ou des cannettes de boisson en Iran. Le problème, c’est que cette alumine fournie par Glencore et Trafigura est aussi soupçonnée d’avoir permis à l’Iran de fabriquer l’aluminium nécessaire aux tuyaux des nouvelles centrifugeuses nucléaires, là où l’Iran compte enrichir son uranium.
Les maisons suisses de négoce nient avoir su que leur partenaire iranien, la Compagnie iranienne de l’aluminium (Iralco), avait des liens avec l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (Tesa), qui, elle, était bien entendu sous le coup des sanctions internationales.
L’ONU n’a inscrit Iralco dans la liste noire qu’en décembre dernier. Glencore et Trafigura ont dès lors mis fin à leur troc d’alumine contre de l’aluminium avec la compagnie iranienne.
Le jour même de la publication du rapport d’experts de l’ONU, les deux groupes de négoce des matières premières ont nié avoir aidé l’Iran à déjouer les sanctions. «Les compagnies du groupe Trafigura sont respectueuses des législations nationales et internationales là où elles s’appliquent», a affirmé le communiqué de la compagnie.
La société souligne qu’«aucune livraison n’a été faite et aucune exportation n’a été reçue depuis la publication en décembre 2012 des nouvelles sanctions de l’UE ».
De son côté, Glencore a indiqué à que «le dernier échange avec Iralco fut en octobre 2012 ».
Les deux géants du négoce prétendent donc qu’ils étaient de bonne foi, même si dans l’histoire, ils ont largement prouvé qu’ils savaient contourner, sinon enfreindre les sanctions internationales, que ce soit pour fournir l’URSS en blé américain, ou exporter illégalement du pétrole d’Irak.
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