Un deal entre le Président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue burkinabé, Blaise Compaoré ?
Par GUY TRESSIA Lebanco.net
Ouf ! Amadé Ouédraogo Rémi dit Amadé Ouérémi, a été arrêté depuis le samedi 17 mai dernier dans son antre de la forêt du Mont Péko. Comment ? On dit qu’il s’est rendu sans combattre les forces gouvernementales. Où est-il mis en garde à vue ? Silence radio. Tout ce que savent les Ivoiriens, c’est qu’Amadé Ouérémi aurait été héliporté à Abidjan et mis sous bonne garde. Mais des rumeurs persistantes font état de ce qu’il serait logé là où loge Charles Blé Goudé, ex-leader des ex-patriotes pro-Gbagbo. Toutefois, c’est la réjouissance totale du côté du pouvoir qui vient de mettre fin à une longue défiance à l’autorité de l’État et du gouvernement ivoirien depuis plus d’une dizaine d’années. Doute et scepticisme du côté de nombreux Ivoiriens qui croient à une mise en scène et à un arrangement entre le Président ivoirien, Alassane Ouattara et son homologue burkinabé, Blaise Compaoré.
De fait, ceux qui pensent à un deal Ouattara-Compaoré ne manquent pas d’arguments. Pour eux, « on n’y croit pas. D’abord parce que cet homme a défié les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), et défait des soldats gouvernementaux qui ont tenté de le déloger de cette même forêt. On nous apprend que c’est à la suite de négociation et autres pressions que Ouérémi se serait rendu « volontairement ». Les arguments du pouvoir ne tiennent pas la route, vu les photos montrées au monde entier et non un film de la RTI comme on l’a fait pour Lida Kouassi, le Commandant Séka Séka, Charles Blé Goudé et autres pro-Gbagbo qu’on a présenté comme des bandits de grands chemins à la RTI pendant des jours. Et puis, où sont ses complices ? Ouérémi a-t-il tout seul agi dans cette partie de la Côte d’Ivoire ? Toujours est-il que nous attendons que la RTI montre ce sinistre individu à la Nation et au monde entier par de vraies images télévisées. On ne négocie pas avec un bandit qui dirige une armée et qui n’a pas fait de prise d’otage », disent-ils.
UN SITE BURKINABE, LOBSERVATEUR.BF S’Y MET
Selon ce journal en ligne, « Amadé Ouérémi, le milicien burkinabé en Côte d’Ivoire, a donc finit par être alpagué dans son sanctuaire du mont Péko, dans l’Ouest ivoirien, où il régnait depuis une dizaine d’années en maître absolu, semant la terreur et la désolation. Cet homme de sinistre réputation s’est mis au service de la rébellion de Guillaume Soro, comme une force supplétive pour combattre le président Laurent Gbagbo. Après la capture de l’enfant de Mama, les différents chefs de guerre ont rejoint la capitale économique, Abidjan, et l’armée régulière, rebaptisée Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Mais le Seigneur du mont Péko s’est retranché dans la forêt avec ses éléments pour créer un no man’s land où il appliquait ses propres lois et défiait l’autorité de l’Etat. À plusieurs reprises, des émissaires du pouvoir ont tenté de le rencontrer, vainement », écrit ce journal burkinabé. Et de poursuivre : « Il a fallu lui mettre la pression et resserrer l’étau autour de lui afin qu’il abdique. En mobilisant 200 militaires et gendarmes loyalistes pour traquer Amadé Ouérémi, le président Allassane Ouattara a voulu montrer sa volonté de mettre fin à l’anarchie et donner un gage de bonne volonté à ses contempteurs qui l’accusent à tort ou à raison de pratiquer une justice à deux vitesses ». Puis le même journal donne les méthodes utilisées pour son « arrestation ». « Amadé Ouérémi, l’homme, qui est suspecté d’avoir pour hauts faits d’armes les massacres de Duékoué, a donc finit par être cueilli comme du cacao mûr. C’est l’aboutissement d’une forte pression, car avant sa réédition, des négociations avaient été menées », renchérit lobservateur.bf avant de s’interroger : « Maintenant qu’il a été arrêté, sera-t-il jugé en Côte d’Ivoire ou sera-t-il expédié à La Haye pour crimes de guerre ou crimes contre l’humanité ? »
C’est là que se renforcent les arguments de ceux qui défendent la thèse d’un deal entre Ouattara et Compaoré. Pour ces derniers, il est difficile de comprendre le mystère entretenu autour de ce criminel de guerre doublé d’un rebelle à tous les gouvernements, depuis Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara.
AMADE OUEREMI, POURVOYEUR DE FONDS ET FINANCIER DES TUERIES A DUEKOUE
Retranché dans la forêt du mont Péko, le chef de guerre Amadé Ouérémi exploitait impunément la forêt, des plantations de cacao qu’il revendait via le Burkina Faso au Togo et au Ghana. Le dossier « chocolat chaud » avait dénoncé le fait que le Burkina Faso qui n’avait pas de plantation de cacao était devenu, subitement, exportateur de produit forestier, pilier de l’Économie ivoirienne, durant la longue période de crise déclenchée en septembre 2002, période d’installation d’Amadé Ouérémi, ancien réparateur de vélo, devenu planteur, dans le mont Péko. Sans être vraiment inquiété, durant tout ce temps et même après le 11 avril 2011. Illicitement devenu richissime par la vente des produits de la forêt ivoirienne, il avait non seulement l’entretien d’une milice à ses ordres, mais il remettrait des quotes-parts aux grands chefs de guerre comme Chérif Ousmane qui avait eu la mission de sécurisation de l’Ouest, et à bien d’autres comme Wattao, Losseni, etc., . pour avoir leur protection.
Du coup, l’arrestation de ce grand criminel, à la suite de « négociations et de pressions », » tente de confirmer le deal entre Ouattara et Compaoré qui bénéficieraient de ses « largesses » via des hommes de mains. Et puis, un homme, un bandit qui avait une armée à sa disposition se fait arrêter tout seul. Où sont donc passés ses éléments acquis à sa cause et complices des exactions et pillages des ressources de la Côte d’Ivoire ? Sont-ils restés dans la forêt ? A-t-on trouvé un remplaçant à l’ancien chef de guerre ? Autant questions auxquelles les hommes de Ouattara qui ont « arrêté » le mercenaire-milicien burkinabé devraient répondre pour briser le lien entre Amadé Ouérémi, Blaise Compaoré et Alassane Ouattara. Sinon, le mystère autour de sa capture nourrit les suspicions et la méfiance. Même si le Premier ministre Daniel Kablan Duncan parle d’une procédure qui suit son cours.
GUY TRESSIA
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