Des milliers de Burkinabés occupent toujours le Mont-Péko selon Apollos Dan Thé

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Apollos Dan Thé


Exerce comme Actuaire à la City à Londres, Co-fondateur du site Connectionivoirienne.net [retiré depuis 2009], ancien membre du BEN de la FESCI, ancien SG FESCI-Mermoz, SG du MLTCI [Mouvement pour la Libération Totale de la Côte-d’Ivoire], porte-parole du CPAD [Mouvement pro-Gbagbo de la Diaspora ivoirienne], président de la Fédération des Wê de la Diaspora [FEWED]

« La forêt classée du Mont Péko fait 34000 hectares de forêt vierge, flore et faune primaires et abondantes. C’est donc une vaste et riche forêt qui couvre un très grand espace. Pour visualiser l’étendue de cette forêt, elle fait 340 kilomètres carrés comparés aux 440 kilomètres carrés que fait le Abidjan urbain (le Abidjan construit et habité). C’est cet espace qui est occupé par une colonie de Burkinabés dirigée par Amadé Ouéremi. Ce n’est donc pas une centaine de personnes, mais des milliers de burkinabés qui y vivent. Ils venaient par cars entier chaque jour du Burkina et prenaient place dans cette forêt durant 10 ans, ce n’est donc pas une plaisanterie de quelques dizaines d’occupants. Il s’agit d’une colonie de peuplement très vaste. On veut nous distraire avec la pseudo arrestation d’Amadé. Mais nous allons au-delà de cette mise en scène digne des films du Fespaco pour poser le problème dans son fond. Il faut déguerpir tous ces occupants illégaux et détruire les nombreuses plantations qu’ils ont faites dans cette forêt. Sans compter ceux qui ont choisi de s’accaparer les terres et plantations des Wê en dehors de la forêt classée, qui doivent les rétrocéder et dégager aussi. La lutte continue. »

Déclaration de la Fédération des Wê de la Diaspora (FEWED) suite à la pseudo arrestation d’Amadé Ouremi

Les faits

Le dimanche 19 mai 2013, il nous a été donné de voir des images présentant le sieur Amadé Ouremi en état d’arrestation. Dans les heures qui ont suivi, plusieurs journaux et radios ont annoncé cette arrestation qui a été suivie du transfert du chef rebelle à Abidjan. Cette arrestation a été effectuée sans effusion de sang, sans la moindre brutalité. Le transfert à Abidjan a été fait dans des conditions confortables, en hélicoptère.

Rappels

Amadé Ouremi est un Burkinabé comme il y en a des milliers installés dans la région de l’Ouest depuis belle lurette. Il résidait à Bagohouo, un village de la région de Duekoué où il exerçait le métier de réparateur vélo. Quand la rébellion du MPCI a débuté en 2002, Il a constitué une milice composée de burkinabés qui vivaient dans la région et s’est engagé dans les combats contre l’armée régulière de Cote d’Ivoire et surtout contre les personnes civiles innocentes, essentiellement les Wê contre lesquels il s’est particulièrement fait remarquer dans l’exécution de crimes de guerre et actes d’assassinats, viols et vols.

Lorsque les forces d’interposition ont imposé la zone de confiance, ce fut l’aubaine pour Amadé. Profitant du fait que la forêt classée du Mont Peko se trouve en zone de confiance et que l’armée ivoirienne ne pouvait pas y avoir accès, Amadé s’y est installé avec une centaine de ses combattants et y ont établi des camps d’entrainement. Des renforts en hommes et matériel de guerre ont été livrés à la milice d’Amadé de 2002 à 2011; instructeurs ivoiriens, burkinabés et français sont venus former ses combattants dont le nombre est passé à des milliers suite à l’enrôlement de burkinabés vivants dans la région déjà, mais aussi de mercenaires venus du Burkina spécialement mandatés. Les différents rapports annoncent le chiffre de 30000 combattants à la solde d’Amadé. En plus des camps d’entrainement, des plantations de vivrier et surtout de cacao ont vu le jour dans la forêt classée du Mont Peko. La filière du trafic de cacao mise en place par la rébellion étant très fructueuse, il fallait des hommes pour faire les champs dont la récolte était acheminée au Burkina qui était devenu subitement exportateur de cacao. Ainsi, ce fut une véritable ruée organisée des burkinabés sur la forêt classée du Mont Peko qui est désormais totalement contrôlée par la milice d’Amadé au vu et au su des forces dites impartiales, véritables complices. Des cars entiers de Burkinabés arrivaient directement du Burkina à Nidrou qui était le centre d’accueil et les nouveaux arrivants étaient ensuite placés dans la forêt par Amadé qui percevait impôts et frais d’acquisition des terres et offrait en retour protection militaire à ses compatriotes venus s’accaparer les terres de l’ouest qui leur ont été cédées comme butin de guerre par les tenants de la rébellion. Parmi ceux qui arrivaient, il y avait des chercheurs de fortune qui veulent profiter de ce nouvel eldorado, mais il y avait aussi des mercenaires, militaires burkinabés en mission commandée. Au delà de la forêt classée, des terres des autochtones Wê ont été arrachées et octroyées aux burkinabés qui ont afflué en si grand nombre qu’ils ont crée des villages entiers, changeant la démographie et la géographie de cette région.

Amadé Ouremi s’est retrouvé à la tête d’une armée et d’une colonie de Burkinabés et a mis toute la région sous son autorité. Tous les chefs de village Wê étaient tenus de se soumettre à lui, sinon étaient systématiquement tués ou destitués pour les plus chanceux. C’est le cas du chef du village de Bagohouo, Bean Bernard, qui avait opposé une résistance à Amadé et qui a du fuir son village pour se refugier à Duekoué ; il a été traqué au quartier Carrefour et découpé à la machette par les hommes d’Amadé. Bah Bernard, sous chef du village de Nidrou, Nanhi Vao Blaise, sous chef du village de Yrozon ont également connus le même sort, ils ont été pourchassés de leurs villages et massacrés à Duekoué Carrefour où ils étaient allés se refugier. Quant au chef de village de Guinglo-Zia, Zoin Albert, il a tout simplement été destitué par Amadé et remplacé par un burkinabé de 2002 à 2008.

La milice burkinabé d’Amadé a été particulièrement très active dans les massacres de Duekoué, aux cotés des autres branches de la rébellion, le tout sous la bannière FRCI. Depuis l’installation du pouvoir actuel, la milice d’Amadé se retrouve en territoire conquis, exproprie, chasse et tue les Wê dans une impunité totale et semble bénéficier du soutien des hautes autorités de l’état. A plusieurs reprises Amadé a été vu en compagnie de préfets et ministres et aussi de commandants militaires sans jamais avoir été inquiété. Mieux, lui, ses combattants et la colonie de burkinabés ont été naturalisés ivoiriens et des titres fonciers des terres arrachées aux Wê et de la forêt classée du Mont Peko leurs ont été octroyés !

Notre position

N’eut été le combat inlassable de quête de justice des fils et filles de la région dont la Fédération des Wê de la Diaspora (FEWED) et la pression des organismes des Droits de l’Homme, Amadé n’aurait jamais été inquiété. Toutefois, nous ne tirons aucune satisfaction de cette pseudo arrestation qui n’est qu’un simulacre.

En effet, le traitement cinq étoiles reçu par Amadé lors de sa pseudo arrestation démontre le manque de crédibilité. Comment un gangster accusé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, massacres, pillages et autres peut être arrêté sans aucune menotte, le sourire aux lèvres, une bouteille d’eau minérale en main, donnant même des ordres aux soldats venus l’escorter. Cerise sur le gâteau, il est transporté confortablement en hélicoptère jusqu’à Abidjan et depuis lors, personne ne sait où il est détenu. Que deviennent les 30000 combattants de sa milice ? Que deviennent les milliers de personnes de la colonie de burkinabés installés illégalement dans le Mont Peko et environs ? Que deviennent les terres et maisons arrachées aux Wê ? Voici autant de questions qui sont sans réponse et qui fondent notre réserve à ne pas jubiler. Le cas Amadé fut fortement médiatisé, mais les régions Wê regorgent de plusieurs chefs de guerre burkinabés à la tête de milices et colonies de peuplement burkinabés. Ils ont pour noms Issiaka Tiendrebeogo à Guiglo, Sana Salifou à Blolequin, Issa Ouedraogo à Toulepleu, Kounda Lassane à Zagné, pour ne citer que ces cas.

Nous, fils et filles de la région exigeons la restitution des terres, plantations, maisons et autres biens arrachés à nos parents. Nous exigeons le déguerpissement des occupants illégaux des forêts classées de l’Ouest, dont celle du Mont Peko et la destruction totale des plantations qui ont été faites dans ces forêts classées qui doivent demeurer patrimoine de l’Etat comme cela a toujours été le cas et scrupuleusement respecté par les autochtones Wê.

La FEWED continue de constituer son dossier et va saisir les juridictions adéquates incessamment afin que justice soit rendue au peuple Wê.

Fait en Europe, le 21 mai 2013

Apollos Dan Thé
Président de la FEWED

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