Texte proposé par:
Dr. PRAO Yao Séraphin, économiste et analyste politique
Les medias du monde entier ont écrit sur l’arrestation du terroriste Amadé Ourémi. Certainement que des historiens trouveront l’occasion de le rendre éternel par un livre tant son histoire courtise l’attention. Terroriste, il l’est aujourd’hui mais il était un réparateur de vélo puis planteur, puis chef de guerre. Il était craint car on lui prêtait des pouvoirs surnaturels. On sait également qu’il est fortement soupçonné d’être le principal acteur des tueries macabres du quartier Carrefour de Duékoué. Sa chevauchée soldatesque s’est arrêtée le 18 mai 2013. Une fois qu’on a exhibé l’arrestation de ce terroriste comme un trophée, en réalité, on n’a pas énormément avancé dans le processus de réconciliation. Des inquiétudes demeurent.
POURQUOI ARRETER MAINTENANT AMADE APRES DEUX ANS
Le Président Ouattara est au pouvoir depuis deux ans. Amadé également exploitait nos forêts classées depuis deux ans. A plusieurs reprises, ce terroriste étrange a nargué les FRCI sans suite. Et pourtant, la Côte d’Ivoire se doit d’assurer sa sécurité intérieure et extérieure alors que la situation internationale et le développement de la criminalité exigent une vigilance accrue et sans défaillance. Notre armée, rempart de la Nation, s’est illustrée d’une triste manière. Mais dans une deuxième approximation, il semble que le silence du pouvoir s’inscrivait certainement dans une logique : il fallait ruser avec les populations et maintenir Amadé et ses soldats jusqu’aux élections présidentielles prochaines. En Côte d’Ivoire, comme le dit Kouakou Konan Bertin (KKB), pour gagner des élections, il faut avoir une armée tapis dans l’ombre mais prête à agir le moment venu. Les FRCI en théorie « apolitiques », il fallait avoir une armée de réserve. Si notre analyse est fausse, comment comprendre qu’une armée nationale ait pu laisser un groupuscule semer la mort, la misère à l’ouest de la Côte d’Ivoire ? Si notre armée a les moyens de l’arrêter maintenant, alors elle était complice de ce terroriste depuis longtemps. En réalité Amadé serait encore dans « ses forêts » si le régime ne subissait pas d’énormes pressions.
UNE SIMPLE DIVERSION FACE A LA PRESSION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE
Les partis d’opposition, dans leur ensemble, ont décrié la passivité du gouvernement face à Ourémi. Le représentant spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire, Bert Koenders a constamment rappelé la nécessité de régler le problème foncier, la colonne vertébrale de la réconciliation en Côte d’Ivoire. Or, comment aborder cette question si un étrange monsieur s’octroie des terres sans titre foncier ? Dans le même temps, la pression s’accentue sur le régime pour sa réticence à livrer les probables pensionnaires de la CPI que sont certains ex-rebelles, aujourd’hui dans l’administration ivoirienne. Pour calmer le jeu et faire croire à la communauté internationale qu’il est capable d’arrêter et de poursuivre les pro-Ouattara en cas de faute, on orchestre l’arrestation d’Amadé Ourémi. Mais en réalité, Amadé Ourémi ne saurait être le bouc émissaire du régime Ouattara, les ivoiriens attendent plus. En Côte d’Ivoire aujourd’hui, il y a plus de 500 prisonniers politiques qui ne sont pas jugés alors que les véritables bourreaux sont en liberté. Voilà la situation réelle de la Côte d’Ivoire sous le régime Ouattara. Ce n’est donc pas « cette comédie » de mauvais alois qui va détourner les ivoiriens du rejet qu’ils ont du pouvoir actuel. Sous le régime Ouattara, non seulement les ivoiriens vivent dans une pauvreté la plus abjecte mais ils sont nargués par leurs bourreaux et les innocents sont en prison. Finalement l’arrestation de monsieur Amadé Ourémi est un épiphénomène.
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