Mali: Plus de 3 milliards d’euros « de promesse » d’aide

Mali Captain Amadou Sanogo

BRUXELLES (© 2013 AFP) – La communauté internationale s’est engagée mercredi à Bruxelles à consacrer plus de trois milliards d’euros pour aider le Mali à « se remettre debout » économiquement et politiquement après la guerre.

Les 108 pays et institutions participant à la conférence « Ensemble pour le renouveau du Mali » ont été plus généreuses qu’attendu. Les autorités de Bamako avaient fixé à 1,96 milliard la contribution internationale à l’ambitieux Plan pour la Relance durable du Mali, destiné à remettre en marche le pays sur deux ans (2013-2014).

Le président malien Dioncounda Traoré a chaleureusement exprimé « la reconnaissance et la gratitude » du peuple malien envers la communauté internationale. « Nous sommes tous ensemble pour la reconstruction du Mali! », s’est-il félicité en saluant au passage son « ami » et son « frère » François Hollande.

Coorganisée par l’Union européenne et la France, la conférence était destinée à ouvrir une deuxième phase de la résolution de la crise malienne. Cinq mois après le début de l’intervention armée française, « nous devons maintenant réussir la paix », a résumé M. Hollande.

« Le constat est simple: il n’y aura pas de sécurité et de stabilité durable sans développement et sans démocratie. Il faut donc agir de front sur les trois côtés du triangle: sécurité, démocratie, développement », a expliqué le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

L’une des priorités est de mobiliser rapidement les moyens nécessaires pour lancer des projets urgents destinés à « rétablir les services de base », comme l’eau, l’électricité ou l’éducation. Ce sont des « conditions indispensables pour redonner confiance » à la population malienne, en particulier dans le nord du pays, a souligné le Commissaire européen chargé du Développement, Andris Piebalgs.

L’Union européenne reste le principal bailleur de fonds en apportant une aide de 520 millions d’euros pour 2013-2014.

La Banque Mondiale et la Banque islamique de Développement vont participer à hauteur de 250 millions d’euros chacune, tandis que des dizaines de pays, dont les Etats-Unis, le Japon ou le Royaume-Uni, vont également accroître leur soutien, sous la forme de dons ou de prêts.

Quant à la France, partenaire historique du Mali, son aide s’élève à 280 millions d’euros, selon M. Hollande, qui l’a qualifiée d' »effort important à un moment où nous connaissons des difficultés financières ».

L’aide sous contrôle

A cette occasion, la France va lancer un dispositif, avec un site internet, afin de garantir l’efficacité de son aide et d’éviter le détournement ou la mauvaise utilisation des fonds.

« Si un projet ne se réalise pas ou est en retard, les gens pourront prévenir par téléphone ou SMS, via une hotline, de ce qui n’a pas encore été fait. Cela permettra aussi de décentraliser le suivi citoyen de l’aide et favorisera l’appropriation par les Maliens des projets », a expliqué le ministre au Développement, Pascal Canfin.

M. Hollande a souligné qu’il revenait désormais « aux Maliens de respecter les engagements pour la réconciliation, pour la sécurité, pour l’Etat de droit et pour la bonne gouvernance ».

« Cette crise nous aura beaucoup appris », a répondu le ministre des Affaires étrangères, Tieman Coulibaly.

Le président Traoré a également tenté de rassurer sur la transition démocratique, en annonçant sa détermination à organiser le premier tour de l’élection présidentielle le 28 juillet, comme le souhaitait la communauté internationale.

« Cela peut paraître très proche » mais « c’est un pari que nous sommes obligés de gagner car nous sommes convaincus que les véritables problèmes qui se posent au Mali (…) ne peuvent être réglés que par un gouvernement élu, légitime et disposant de plus de temps », a expliqué M. Traoré, qui a précisé qu’il ne se présenterait pas à cette élection.

La principale difficulté sera d’organiser le scrutin dans le nord du pays, qui n’est pas encore totalement pacifié et est en partie contrôlé par le mouvement touareg MNLA, qui réclame une large autonomie pour la région de l’Azawad. « Organiser les élections dans le Nord représente un sacré défi à relever, et le temps presse », a fait remarquer un diplomate européen.

Interrogé à l’issue de la réunion pour savoir s’il croyait que les élections pourront effectivement se tenir fin juillet dans tout le Mali, M. Hollande a estimé que « les deux principes auxquels je tiens peuvent être tenus et seront tenus ».

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