Le constat, ces derniers temps, crève les yeux : le FPI et un de ses ancien théoricien patenté, en l’occurrence Mamadou Koulibaly, ont décidé d’enfourcher des chevaux bien en furie. Et ils galopent à si vive allure, le couteau entre les dents, le sabre rageur à la main, qu’on se demande s’ils ne vont pas tout droit à l’assaut d’un ennemi qu’ils auraient identifié et à qui il s’apprêterait à porter l’estocade.
Un ennemi, en réalité, dont ils ne font guère mystère, puisqu’ils n’en finissent plus de l’indexer, de le menacer, de lancer contre lui des cris de guerre. Un ennemi contre qui ils préparent l’esprit de ses partisans à une sorte de veillée d’armes avant l’assaut final. Un ennemi qu’ils ont localisé au sommet de l’Etat, dans les dédales du palais présidentiel et des institutions de la République. Cet ennemi-là, c’est de toute évidence, Alassane Ouattara, mais aussi son gouvernement et les institutions qui symbolisent son pouvoir.
Cette chevauchée guerrière, c’est d’abord à travers des déclarations intempestives dont le ton rageur le dispute à la teneur outrancièrement belliqueuse, qu’ils la mènent. Aidé en cela par la presse qui lui est proche – la presse bleue notamment – les dirigeants du FPI font preuve de ce point de vue d’une verve si abondante et malodorante que les éclats de salive manquent d’asphyxier leur cible.
La dernière illustration en date de cette mauvaise humeur qui menace la quiétude des Ivoiriens, c’est la déclaration produite samedi dernier par Miaka Ouréto et les siens, intitulée : « gouvernance par ordonnance et dictature sous le régime Ouattara : le FPI accuse et blâme les députés ». Une sortie au cours de laquelle nos socialistes à l’ivoirienne, après avoir ruminé la bien amère pilule de la chute de leur champion, Laurent Gbagbo, qui serait tombé «à coups de bombe de la coalition franco-onusienne», ont dénoncé à travers des chiffres dont eux seuls savent la provenance, « la mascarade électorale » qui aurait eu cours lors des dernières élections législatives et locales. Avant de s’attaquer par la suite à la loi d’habilitation autorisant, le 10 avril dernier, le chef de l’Etat à gouverner par ordonnance. Et le FPI de s’en prendre violemment à l’Assemblée nationale dont la dernière législature serait à ses yeux « illégale et illégitime » pour avoir permis au chef de l’Etat de « concentrer à lui seul les compétences de l’exécutif et du législatif ». Ce qui confirme de leur avis, que « Monsieur Ouattara est un dictateur ». « Désormais, commentent-ils allègrement, le monde entier est situé sur le mythe du démocrate Alassane Ouattara ». Pour le reste de cette déclaration, on a droit à un fatras de coups de cravache administré tous azimuts aux députés ivoiriens, à qui un blâme est décerné par leur soin avant qu’ils ne soient tenus pour responsables « de la dictature qui se renforce sous le régime Ouattara ».
Un autre témoignage récent de cette offensive anti-Ouattara est venu de Mamadou Koulibaly, ex-théoricien patenté du FPI, qui a pris ses distances avec le « giron maternel », mais qui a visiblement du mal à s’en émanciper. Le chef de LIDER, le parti efflanqué qu’il a créé et qu’il porte désespérément seul à bout de bras, dans une interview fleuve qu’il a accordée à un confrère, a littéralement accusé Ouattara de vendre la Côte d’Ivoire aux étrangers, de laisser des non-nationaux s’accaparer des terres ivoiriennes. il l’a traité d’incapable, qui n’aurait occasionné aucune avancée, sur tous les plans. Il a pour ce faire réitéré son appel à faire front contre Ouattara, à le bouter hors du palais présidentiel.
Pour des opposants à un régime, on aurait presque concédé que c’est de bonne guerre. La critique étant le fermant de la démocratie, qui se formaliserait en effet devant des aspirants au pouvoir d’Etat qui entreprennent de déceler, voire de dénoncer des failles dans la gestion de la chose publique par ceux qui gouvernent ? Quel démocrate digne de ce nom se vexerait parce que des opposants essaieraient de peindre en noir ce qu’il s’évertue, lui, à astiquer chaque jour que Dieu fait, si cela reste dans le domaine du jeu politique ? Quel républicain se choquerait par-dessus tout de voir que les dignitaires d’un ex-régime tout puissant, qu’il a déchu dans les règles de la démocratie, essayent de lui mettre quelques bâtons dans les roues, exprimant ainsi son amertume ?
Mais là où les choses deviennent inquiétants, c’est quand ces opposants ne cachent plus leur volonté d’en découdre ici et maintenant avec le pouvoir. Et surtout quand ils appellent « les démocrates de tous bords » – en réalité les militants de leurs partis dont personne n’ignore ici en Côte d’Ivoire la propension à la violence – à tenter par des actions de masse pour « faire barrage » à Ouattara et son régime. Depuis quelques mois, toutes les sorties du FPI n’ont laissé aucun doute sur l’intention des ex-gouvernants d’empêcher le chef de l’Etat de tenir sereinement la barque ivoirienne. Amamni N’guessan, Akoun Laurent, Koua Justin et bien d’autres dignitaires du FPI sont des témoignages vivants de cette option belliciste contre les fondements de la République.
Pour les Ivoiriens et les observateurs de la vie nationale qui ont été témoins de maintes tentatives de déstabilisation, par les armes, qui ont mortellement secoué l’actuel pouvoir, ces agitations peuvent être interprétées comme des signes avant-coureurs d’actions insurrectionnelles. Que prépare donc le FPI à travers l’escalade verbale de ces derniers temps ?
Le Patriote
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