Le Monde.fr avec AFP |
Au moins 26 éléphants ont été tués par des braconniers, lundi 12 mai, dans la forêt de Dzanga Bai, un site du sud-ouest de la Centrafrique classé au patrimoine mondial de l’humanité. Ce massacre est intervenu quelques jours « après l’entrée de 17 individus armés de kalachnikov dans cette réserve unique d’éléphants », rapporte le Fonds mondial pour la nature, WWF, selon qui les braconniers « se sont présentés comme faisant partie des forces du gouvernement de transition », le Séléka, au pouvoir depuis six semaines.
La semaine dernière, le WWF avait déjà alerté les médias de la présence de ces braconniers dans le parc, appelant « la communauté internationale à aider à rétablir la paix et l’ordre en République centrafricaine, qui a été secouée par la violence et le chaos depuis le début de l’année » et à aider « à préserver ce site unique du patrimoine mondial ». Selon l’ONG, Dzanga Bai est « une grande clairière où entre 50 et 200 éléphants se rassemblent chaque jour pour boire des sels minéraux présents dans le sable ».
La zone protégée de Dzanga-Sangha, au sud-ouest du pays, est la cible depuis quelques semaines d’une offensive massive des braconniers. « Ces raids sont le fait de braconniers locaux qui travaillent pour des groupes armés. Une fois l’ivoire prélevé, la viande est vendue sur les marchés », raconte l’un de leurs représentants.
60 % DES ÉLÉPHANTS DE FORÊT D’AFRIQUE ONT DISPARU EN DIX ANS
Le braconnage des éléphants est en recrudescence dans toute l’Afrique centrale. Ce fléau touche particulièrement la Centrafrique, déstabilisée par le renversement du gouvernement de François Bozizé en mars par la coalition rebelle Séléka. Depuis, l’ordre n’est pas revenu dans le pays, des troubles éclatent régulièrement dans la capitale, Bangui, et l’armée est complètement désorganisée. Selon le WWF, « l’instabilité politique qui affecte l’ensemble du pays a aggravé la situation (…), le braconnage des éléphants est en augmentation ».
Les locaux du WWF, présents depuis plus de trente ans à Bayanga, ville située aux abords de la réserve Dzanga-Sangha, « ont été pillés à plusieurs reprises par des groupes qui se disent du Séléka », a expliqué le représentant de l’ONG. « C’était trop dangereux (…) Nous avons décidé de sursoir nos activités et d’évacuer notre personnel. » A Bayanga, « il n’y a plus d’autorités locales, plus de gouvernance et la viande d’éléphant circule désormais librement », a-t-il ajouté. « Nous ne pouvons pas dire combien d’éléphants ont été abattus, mais les éco-gardes sont submergés par la situation (…), ils sont très peu nombreux et essayent de sécuriser les sites clés. »
La réserve, où l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS) a dénombré plus de 1 000 individus l’an dernier, est l’un des derniers sanctuaires d’éléphants en Centrafrique, qui ont « quasiment été exterminés dans le nord et l’est », selon le représentant local du WWF. Selon une étude du WCS parue en mars, plus de 60 % des éléphants de forêt d’Afrique ont disparu en l’espace de dix ans à cause du braconnage, qui pourrait mener à l’extinction totale de l’espèce d’ici à 2025.
« Il faut arrêter ce massacre qui sert au commerce d’ivoire sur le marché noir asiatique », où sa valeur a fortement augmenté ces dernières années, dénonce le WWF. Dans une déclaration commune à Brazzaville en avril (PDF), plusieurs ONG de conservation de la nature ont recommandé – outre une meilleure coordination entre Etats d’Afrique centrale, un renforcement du contrôle du braconnage et une « tolérance zéro » sur la corruption –, de lancer « un dialogue avec (…) la Chine et la Thaïlande, respectivement le plus grand consommateur et le plus grand point de vente légal d’ivoire du monde. A long terme, la survie des éléphants en Afrique Centrale et dans le monde dépendra du tarissement de la demande internationale d’ivoire », estiment les associations.
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