Une femme retrouvée vivante dans les décombres
Le Point.fr – avec AFP
Une survivante a été retrouvée vendredi au Bangladesh dans les décombres de l’immeuble qui s’est effondré le 24 avril près de Dacca, faisant plus de 1 000 morts, a annoncé le chef des pompiers.
« Elle a été localisée dans un trou entre une poutre et un pilier. Son nom est Reshmi. Elle a peut-être des réserves d’eau ou a peut-être bu un peu de l’eau que nous avons injectée dans le bâtiment », a déclaré Ahmed Ali.
Plus de 1 000 morts dans l’effondrement d’un immeuble
Le Point.fr –
Par Anne Jeanblanc
Le bilan du tragique effondrement d’un immeuble du secteur textile au Bangladesh le mois dernier a été porté vendredi à plus de 1 000 morts après la découverte de dizaines de cadavres dans les décombres de la cage d’escalier, où les ouvriers avaient tenté de trouver refuge. Le bilan s’établit désormais à 1 035 morts après la découverte de dizaines de nouveaux corps au cours de la nuit dans les ruines du Rana Plaza, un immeuble de neuf étages situé dans la banlieue de Dacca, a déclaré l’officier de l’armée supervisant les opérations, le brigadier général Siddiqul Alam Sikder.
De nombreux cadavres étaient réduits à l’état de squelettes, 17 jours après le drame. Plus de 3 000 ouvriers parfois payés moins de 30 euros par mois confectionnaient de l’habillement, notamment pour les marques britannique Primark (Associated British Foods) et espagnole Mango, lorsque l’immeuble s’est affaissé en l’espace de cinq minutes. L’odeur nauséabonde se dégageant des ruines, qui oblige les secouristes à porter des masques et à utiliser des vaporisateurs, suggère que de nombreux autres corps sont encore pris au piège des décombres, a ajouté Siddiqul Alam Sikder. « Nous avons trouvé un grand nombre de corps dans la cage d’escalier et sous les escaliers. Lorsque l’immeuble a commencé à s’effondrer, les ouvriers ont pensé qu’ils seraient à l’abri sous les escaliers. »
2 437 personnes retirées vivantes
« A chaque fois que nous déplacions un bloc de béton, on trouvait des tas de cadavres. » Certains corps, en état de décomposition avancée, ont pu être identifiés grâce au téléphone portable retrouvé dans leur poche ou leur badge de travail porté autour du cou. Les autorités ont indiqué que 2 437 personnes ont été retirées vivantes des décombres. Parmi elles, un millier ont subi de graves blessures, dont des amputations de membres effectuées pour libérer les personnes prises au piège des amas de ciment et de béton. Une enquête préliminaire a conclu que des vibrations dues notamment à de gros générateurs, mis en marche lors d’une coupure d’électricité, étaient à l’origine de l’effondrement de l’immeuble qui était déjà très fragilisé.
L’architecte du bâtiment a indiqué que le Rana Plaza avait été conçu pour abriter un centre commercial et des bureaux, et non des usines textiles. En outre, plusieurs étages ont été ajoutés à la structure initiale. La police a arrêté douze personnes, dont le propriétaire de l’immeuble et quatre propriétaires des ateliers, pour avoir obligé les ouvriers à revenir travailler en dépit des fissures constatées la veille sur les murs. Le Bangladesh est le deuxième exportateur au monde de vêtements en raison de la modicité des salaires et d’une main-d’oeuvre abondante. Ce secteur-clé de l’économie, qui génère 29 milliards de dollars par an, représentait l’an dernier 80 % des exportations du pays.
Incendies fréquents
Mais les conditions de travail et les normes de sécurité dans cette industrie sont dénoncées depuis des années par les ONG. Les incendies sont fréquents dans les 4 500 ateliers de confection du Bangladesh, situés la plupart du temps dans des immeubles vétustes ou de construction défectueuse et dotés d’un réseau électrique peu ou pas entretenu. En novembre 2012, un incendie dans une usine textile avait fait 111 morts. Et jeudi, huit personnes sont mortes dans l’incendie d’un immeuble abritant des ateliers de confection. Aucun ouvrier n’a cependant été tué cette fois, car l’incendie est survenu la nuit, alors que les ateliers étaient fermés.
La Clean Clothes Campaign, une association de défense des travailleurs du textile dont le siège se trouve à Amsterdam, rapporte que plus de 700 employés de la confection sont morts dans des incendies au Bangladesh depuis 2006. Les marques occidentales ont critiqué les conditions de sécurité insuffisantes des ouvriers, mais elles continuent de passer commande auprès des usines, suscitant des critiques sur un double discours qui consiste au final à fermer les yeux sur « les ateliers de la misère ». Un groupe d’experts de l’ONU a exhorté mercredi les grandes marques internationales de vêtements à ne pas se retirer du Bangladesh, mais à travailler sur la question des conditions de travail.
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