Par Diarra Cheickh Oumar
De la montée fulgurante des candidats indépendants lors des dernières municipales et régionales !
Lors de sa dernière visite officielle dans le Tonkpi, le Président Ouattara, sur un ton comminatoire, s’indignait de la position de certains organes de presse internationaux qui voient en la montée fulgurante des candidats indépendants lors des dernières consultations électorales, un déficit de démocratie au sein des partis politiques, notamment le PDCI et le RDR : « …ils n’ont rien compris du tout. Cela témoigne au contraire de la vitalité de la démocratie au sein de nos partis… », assertait-il. Une fois de plus, avec toute la déférence due à votre rang, je suis au regret de m’inscrire en faux contre votre appréciation du phénomène qui est à des années lumières de la réalité, Monsieur le Président. Je crois qu’il vous sera très utile, Monsieur le Président, vu le grand respect et la renommée exubérante dont vous êtes auréolé au plan national et international, de vous départir de ces analyses politiciennes visant à voiler de guerre lasse une réalité qui crève les yeux. Mieux, au-delà même de votre aura qui est susceptible d’en être écornée, il y va de la survie de votre formation politique, le RDR où, par la faute d’une oligarchie affairiste qui le gère comme un bien privé, règne une dictature sans nom. Vous le savez parfaitement et cela dure depuis les législatives, des candidats sans réelle représentativité sont imposés contre la volonté des militants, de la base. C’est le copinage à tout va, dans certains cas, la célébration puante de l’appartenance ethnique malheureusement retenus comme critères de choix, sacrifiant ainsi les valeurs du mérite, du savoir-être et faire. Vous conviendrez avec moi, Monsieur le Président, que de telles incongruités heurtent fondamentalement les canons de la démocratie attachés au recours aux urnes, aux suffrages universels. Que Monsieur Amadou Soumahoro et la camarilla de collaborateurs qui l’entourent, décident à la place des militants, de la base au fait de la valeur intrinsèque de chaque postulant, sur le socle de considérations fallacieuses, fantaisistes et sans fondement réel, cela s’appelle du dirigisme, de l’autoritarisme. Je n’en connais pas d’autres dénominations. Dans ce capharnaüm organisé, il appartient à chaque candidat illégalement écarté, de voler de ses propres ailes, la caution du parti lui ayant été refusée par la volonté de certains caciques, propriétaires par indivis et devant l’Éternel du Rassemblement des Républicains (RDR). C’est la seule explication rationnelle de cette longue liste de candidats indépendants aux dernières municipales et régionales qui ont démontré avec brio et élégance que le démiurge, omniscient et omnipotent Amadou Soumahoro, lui-même battu à plate couture chez lui, dans sa localité, est loin d’être l’homme qui doit présider aux destinées du RDR, tant ses choix irraisonnés ont été cataclysmiques pour le parti. Je l’ai déjà dit dans une précédente tribune, l’ivoirien est aujourd’hui mature politiquement et pour cela, il mérite un peu plus de considération. Dans la localité où j’exerce, un élu prenant ses fantasmes pour de la réalité, disait, avec tout le brio du cadre supérieur, une infatuation mal contenue que même si le RDR présentait un mouton aux élections municipales, il sera élu. Tout de même, un peu de retenue, ayez un peu de respect pour vos militants qui essuyaient les balles assassines des chiens de guerre de Monsieur Laurent Gbagbo pendant que vous étiez au chaud dans la forteresse du Golf hôtel, mangeant goulûment de la chair de lapin, de pintade. Cet élu semble revenu sur terre parce que son dieu de candidat RDR a été laminé par un candidat indépendant pour qui j’ai moi-même voté. Je le dis avec une particulière sincérité, Monsieur le Président, vous êtes interpellé ; il est plus qu’impérieux pour vous de descendre dans l’arène afin d’éduquer vos hommes à la tempérance, à la modération, au respect de l’autre qui n’est que l’autre de nous-mêmes. Car, sans prétendre détenir la science infuse, je doute fort qu’avec de telles attitudes anti-démocratiques et inutilement orgueilleuses, les élections présidentielles de 2015 puissent être remportées par vous, même avec le soutien du PDCI, d’ailleurs sujet à caution.
Un certain Koro Kémoko, spécialiste de coups gueules incontrôlés et intempestifs sur la toile, qui se veut plus royaliste que le roi, me tenait ces propos à la limite de la courtoisie, il y a quelques jours, suite à l’article que j’ai fait publier sur les sites connectionivoirienne.net et Lebanco.net : « Dire que c’est un futur docteur en philosophie qui ecrit cette ode aux negreries folkloriques du Boulanger de Mama, nous demontre combien l’ecole ivoirienne est malade. Cheick Diarra peut pourtant aller sur Google chercher l’origine et les formes que prennent la celebration de la fete du travail du 1er mai. Il verra que le Pr qui est aussi un travailleur, l’a fete de la meilleure facon, en travaillant. » Je précise que ces manquements aux normes grammaticales et orthographiques sont de lui. J’aimerais rappeler à ce Monsieur qui semble avoir perdu le sens de la réalité et du discernement que pour quelqu’un qui a toujours affirmé son attachement aux valeurs du travail, c’est tout de même paradoxal qu’il boude une cérémonie célébrant ces valeurs du travail et les valeureux travailleurs quand on sait qui c’est le travail qui nous fait être et qui fonde notre existence. Et, cette seconde visite d’État dans le Tonkpi pour, dit-on se rapprocher des populations, ce conseil des ministres devant les caméras du monde pour mieux s’imprégner des difficultés des habitants de cette région, étaient-ils vraiment nécessaires ? Les problèmes afférents à cette partie de notre cher pays sont connus et répertoriés dans un cahier de charges qui existe. Il s’agit simplement de les résoudre. Nul n’est donc besoin de déplacer tout le gouvernement comme si c’est seulement maintenant que ces difficultés pointent à l’horizon. Cher Kémoko, c’est ce qu’on pourrait qualifier de nègrerie folklorique. Que dis-tu de cela : des ministres qui sont constamment tenus d’abandonner leurs bureaux, laissant en souffrance des dossiers pour aller accueillir sous un soleil d’aplomb un chef d’État sans cesse parti pour des rencontres de menue importance alors qu’il existe un ministre commis à l’intégration africaine et un autre aux affaires étrangères qui se tournent les pouces ? Des Directeurs généraux débarqués pour l’un, parce qu’il n’y avait pas d’équipe de reportage de la RTI à l’aéroport pour immortaliser l’arrivée du chef de l’État rentrant de voyage et pour l’autre, pour avoir éconduit de leur domicile la femme et les enfants d’un ministre d’État sur ordre de ce dernier ? Quand on a vraiment de la jugeote, c’est bien ce qu’on pourrait taxer de nègreries folkloriques et non mon invite au Président Ouattara à faire preuve d’humilité comme une « ode aux nègreries folkloriques du boulanger de Mama ». Saches-le une fois pour toutes, cher frère Kémoko, je ne suis pas un idéologue de Laurent Gbagbo ni un contempteur du Président Ouattara. La Rédaction des sites Connectionivoirienne.net et lebanco.net peut en témoigner. Au plus fort de la crise post-électorale, sans forfanterie aucune, j’ai participé au combat médiatique à travers plus d’une cinquantaine d’articles très engagés, au péril de ma vie, avec le Dr. Dieth Alexis qui est en Autriche et le Pr. Franklin Niamsy de l’Université de Rouen en France. Ils vivent, eux, à l’étranger, mais, moi, j’étais en Côte d’Ivoire n’ayant comme seule protecteur Dieu. Je fais donc partie des critiques les plus caustiques de Laurent Gbagbo et de son idéologie et, je n’ai pas changé de perspective. N’oublions pas que ce qui doit guider les écrits d’un intellectuel, c’est l’objectivité la plus pure.
Être ouattariste ne signifie guère s’ériger en panégyriste des erreurs d’appréciation, des fautes morales et manquements de Monsieur Ouattara. Il y a ici une nuance qui est fondamentale. Dire par exemple à Monsieur Ouattara d’éloigner sa famille de la gestion du pouvoir, de faire preuve d’humilité, de traiter avec plus considération les enseignants qui ont éminemment contribué à son élection ou d’être plus proche de son peuple en prêtant une oreille attentive à ses plaintes, qu’y a-t-il de mal à cela ? Dire cela serait-il un crime de lèse-majesté au point d’être érigé en gibier de potence ? S’il y a des prouesses de la part du gouvernement à saluer, je le ferai comme le bon sens l’exige. Toutefois, s’il y a également des fautes qui sont commises, elles seront vertement chapitrées, sans plus ! Avoir le courage de dénoncer des maux de nature à inconforter le chef de l’État qui n’a pas le don d’Ubiquité ni la science infuse, c’est tout simplement l’aider à mieux gouverner. Ceux avec qui je faisais chemin dans la mise à nu des failles du système Gbagbo, depuis lors, se sont murés dans un silence en fermant complaisamment les yeux sur toutes les erreurs qui sont commises depuis l’avènement du régime Ouattara. Ils sont devenus des idéologues de partis. C’est leur choix et je n’en veux à personne. Mais, fais-toi à l’idée, cher Kémoko, que je ne suis pas un doctrinaire prêt à applaudir tout ce qui est malséant, même venant de mon mentor. Toute modestie mise à part, l’école ivoirienne doit être fière d’avoir des enseignants comme Diarra Cheickh Oumar qui refuse d’être un âne bâté, une dinde des farces politiciennes mais plutôt un véritable éveilleur de conscience, celui qui s’emploie à titiller le sens critique des uns et des autres. N’est-ce pas d’ailleurs la finalité qui est assignée à la philosophie ? Que Dieu nous garde !
Diarra Cheickh Oumar
E-mail : diarraskououmar@yahoo.fr
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