Entretien Drigoné Bi Faya : « Oui, je confirme…je rentre lundi… »

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Absent du pays depuis une dizaine d’années, le retour de Drigoné Bi alias Faya a été annoncé hier 2 mai, par l’Alliance pour le Changement (APC) dirigée par l’Honorable Député Soro Alphonse. Pour couper court à la polémique créée par le communiqué de l’APC, Connectionivoirienne.net a joint le concerné depuis son lieu de transit en Afrique de l’ouest.

Interview réalisée par Gbansé Douadé Alexis avec Hervé d’Anvers 03.05.2013

Quelle est votre réaction suite à l’information de l’APC annonçant votre retour en Côte d’Ivoire après des années d’exil ?

Cela fait 12 ans que je suis parti de la Côte d’Ivoire dans les conditions que tout le monde connait. Par la suite il y a eu beaucoup d’évènements, souvent dramatiques qui se sont succédés. Après un bilan de tout cela, après tout ce qui s’est passé au pays, situation regrettable vu le calvaire qu’a connu le peuple, il est important que tous les fils et filles du pays se donnent la main pour la reconstruction et la réconciliation vraie. C’est dans ce sens que j’ai accepté la main tendue du Président Alassane Ouattara lui-même, celle de Soro Guillaume qui est le Président de l’Assemblée Nationale et du jeune Député Soro Alphonse. J’ai longuement échangé avec lui. Au fiinal j’ai décidé de rompre d’avec les années d’exil et de rentrer au pays pour apporter ma modeste contribution à la réconciliation.

Vous confirmez donc l’information de l’APC ?

Oui ! Je confirme l’information donnée par l’APC.

A quand votre retour ?

Je viens de prendre mon billet sur le vol Air Côte d’Ivoire en provenance de Cotonou. Je serai là, lundi à 11H.

Combien de temps comptez-vous séjourner en Côte-d’Ivoire ?

Ça va dépendre de la situation sur le terrain. Si je suis le bienvenu je reste tranquille, si je ne suis pas le bienvenu je le sentirai. C’est en fonction de la situation et de ce qui va se passer que je vais décider de proroger ou pas mon séjour. J’entre au pays avec un esprit de paix et de fraternité. Moi de mon côté, j’ai déjà pardonné aux Ivoiriens. Par la même occasion je souhaite que mes compatriotes me pardonnent aussi. Qu’on mette tout cela au compte du passé pour qu’on puisse avancer.

Le ton utilisé dans le communiqué qui annonce votre retour est plus diviseur que rassembleur. Qu’en dites-vous ?

Je peux comprendre les partisans de l’ancien pouvoir. Qu’on parte demander à l’APC pourquoi est-ce qu’ils ont utilisé ce ton. Moi jusqu’à preuve du contraire, je ne suis pas membre de l’APC. Ce que je retiens dans la partie qui me concerne, c’est que je rentre au pays. En ce qui concerne la forme ça ne m’engage pas.

Les pouvoirs successifs en Côte-d’Ivoire ont à tour de rôle eu leur lot de réfugiés, d’exilés. Aujourd’hui vous avez la chance de retourner sur la terre qui vous a vu naître, que pouvez-vous conseiller au pouvoir actuel par rapport à la dernière vague de réfugiés ? Celle datant de la dernière crise.

Un pouvoir est un pouvoir. N’empêche que tout ce qu’on entreprend sur terre, on l’attribut à une question de rapports de forces. Que ceux qui ont la force comprennent qu’ils doivent tendre la main à ceux qui sont faibles. Que ceux qui sont faibles, comprennent qu’ils doivent avoir la main en dessous de ceux qui ont le pouvoir. Parce-que si tu veux te mettre au même niveau que le pouvoir; il va se sentir un peu embêté et il va avoir maintes réactions. Il y a des comportements à avoir quand tu n’es pas en position de force. Je demande au pouvoir en place de faciliter la venue en Côte d’Ivoire de tous les frères et sœurs exilés à travers le monde entier pour la reconstruction du pays. Au niveau de la politique interne, je n’ai pas toute la réalité du pays en main parce j’ai été déconnecté, cela fait 12 ans. Je pourrai me faire une bonne idée, quand je serai sur le terrain. Que chacun mette de l’eau dans son vin pour qu’il devienne de l’eau.

Soro Guillaume est selon des observateurs en train de rassembler les ex- fescistes autour de sa personne. Le dernier séjour en terres ivoiriennes de notre directeur de publication a été interprété par certains dans ce sens. Est-ce dans ce cadre que vous à votre tour rentrez au pays ?

Supposons que ça soit vrai, où est le mal en cela ? Moi personnellement, je ne vois pas de mal en cela. Que Soro rassemble ses frères et sœurs ivoiriens, et camarades de lutte autour de lui, il n’y a pas de mal en cela. C’est pour construire le pays en mettant à sa disposition toutes les compétences. Après la génération des Ouattara et Gbagbo, il y a une autre génération qui pointe le nez. Si c’était vrai, je l’encourage à le faire. Nous n’avons plus 30 ans, nous sommes dans la quarantaine. A quel moment allons-nous jouer notre rôle historique ? Chacun peut avoir ses ambitions. Moi, je pense que s’il y a une telle initiative de rassemblement, c’est une très bonne chose.

Un dernier mot ?

Je demande aux Ivoiriens de regarder de l’avant. Nous savons tous qu’il y a des problèmes dans notre pays. Mais par le dialogue, tout peut s’arranger. Que tu sois PDCI, FPI, RDR, ça n’engage que toi. Mais concernant le pays, il faut s’entende. Il faut que les Ivoiriens s’entendent sur le minimum dans la différence. Que les leaders puissent se réconcilier. Ce n’est pas facile, mais c’est dans cet état d’âme que je rentre. Peut-être qu’il y a des gens qui peuvent avoir des griefs contre moi, mais si je dois m’agenouiller pour m’excuser au nom du peuple ivoirien, pour leur demander pardon, je le ferai.

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