Libération des prisonniers politiques Le Cojep supplie Guillaume Soro d’intervenir : le ‘’démon » serait -il subitement devenu l’Ange libérateur ?
Dans une lettre ouverte à Guillaume Soro et publiée dans les colonnes du quotidien Soir Info dans sa parution N°5582 du mardi 30 avril 2013, le Président par intérim du Cojep, M. Joël Poté a souhaité que le Président de l’Assemblée nationale, pour avoir travaillé et côtoyé le pouvoir déchu, s’investisse pour que l’ex-président incarcéré à la Cour Pénale Internationale et les autres détenus soient libérés.
Il convient de rappeler pour comprendre l’utilité de notre démarche, quelques grandes lignes de cette lettre ouverte.
« Monsieur le Président, la Côte d’Ivoire vous a beaucoup donné, le Président Gbagbo vous a tout donné. Monsieur le Président, vous circulez librement, vous étiez reçu dans les hautes sphères de la politique et de la diplomatie du fait d’un seul geste du Président Laurent Gbagbo : La Loi d’Amnistie Générale. C’est pourquoi Monsieur Le Président, je vous invite à militer pour un projet de loi d’amnistie générale pour mettre fin à toutes les poursuites engagées et surtout pour la libération du Président Laurent Gbagbo, de tous les prisonniers politiques y compris notre leader, votre ancien compagnon de lutte. Monsieur le Président, même si nos visions et positions actuelles nous opposent, il est indéniable que nous avons en commun, la nette volonté d’aller à la paix, à la Réconciliation pour reconstruire notre pays. La paix est possible parce qu’aucun leader de l’opposition n’était en prison, la paix est possible aujourd’hui avec la libération du Président Laurent Gbagbo, de tous les prisonniers politiques y compris votre ancien compagnon de lutte, Charles Blé Goudé. Monsieur le Président, les ivoiriens dans leur majorité ont soif de paix, de réconciliation. Le taux d’abstention aux récentes élections locales l’indique clairement. Monsieur le Président, militez pour une loi d’amnistie générale. Monsieur le Président, prenez rendez-vous avec l’histoire car elle vous regarde », a traduit Joël Poté, Président intérimaire du Cojep.
Nous situant dans la dynamique de réconciliation prônée par le Président Alassane Ouattara, cette démarche des frères du Cojep auprès de leur frère, le Président de l’Assemblée nationale est louable et salutaire. Car pour le pouvoir en place, aucune porte n’est fermée quand il s’agit de rassembler, d’unir et de réconcilier les Ivoiriens. Mais en même temps, il ne faut pas faire d’amalgame, il faut savoir choisir les mots et le bon ton pour réussir une telle approche.
A titre de rappel, rien n’a été donné à Guillaume Soro, rien n’a été offert gratuitement à Guillaume Soro comme l’indique Joël Poté, dans cette lettre.
Guillaume Soro alors secrétaire général des Forces nouvelles a su avec maestria et intelligence lire et apprécier la trajectoire de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Il a également su analyser et tirer profit de chaque situation. Guillaume Soro, civil de surcroît s’est permis d’aller dès 2002 à des négociations alors que plusieurs de ses partisans militaires y étaient opposés. Il a aussi signé les Accords Politiques de Ouagadougou en Mars 2007 contre quelques oppositions farouches venant de son propre camp. Guillaume Soro a été attaquée à la Rti où sa vie a été risquée. Son avion a été la cible de balles et de roquettes alors qu’il venait à Bouaké pour le lancement des audiences foraines. Guillaume Soro en tant que président du comité d’organisation a réussi la Flamme de la Paix à Bouaké où plusieurs chefs d’Etats ont fait le déplacement. Les exemples qui montrent que le secrétaire général des ex-Forces Nouvelles est allé chercher la paix sont légions.
Est-il besoin de rappeler que Guillaume Soro, pour l’intérêt supérieur de la nation, a su capitaliser les compromis, le dialogue, les attentats, la roublardise du pouvoir déchu et les humeurs pour aller jusqu’au bout et réussir sa mission auprès de l’ex-président à travers des élections présidentielles transparentes et démocratiques. Combien de fois, le leader des Forces nouvelles n’a-t-il pas consulté les présidents Bédié, Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré quand il y avait des difficultés ? Quelquefois même rongé par le découragement, il a su puiser en lui la force et le courage nécessaire pour réussir sa mission de ramener coûte que coûte la paix en Côte d’Ivoire pour le bonheur de tous les Ivoiriens.
C’est pour cela qu’il estime que si le parti de Laurent Gbagbo avait accepté de rentrer au gouvernement et de le côtoyer au jour le jour, les choses iraient beaucoup mieux quant à la décrispation et à la Réconciliation nationale et même quant à la prise en compte de leurs revendications, aussi farfelues soient-elles. Voyez-vous ! Malgré le refus du dialogue républicain par le FPI, de nombreux partisans de l’ex-président sont rentrés d’exil et mènent leurs activités politiques en toute tranquillité. Certains d’entre eux ont même été libérés de prison, au nom de la réconciliation. C’est pourquoi le Président Guillaume Soro n’apprécie pas, autant que le Chef de l’Etat, que la question de la libération de l’ex-président Laurent Gbagbo et de certains prisonniers soit un préalable à toute discussion avec le gouvernement.
« Rien n’est automatique en politique. Daniel Kablan Duncan a consacré de nombreuses heures à rencontrer les différents partis politiques de l’opposition, le Fpi comme les autres. Si cela a plutôt été productif avec certains d’entre eux, le FPI, lui, pose nombre de préalables [dont la libération de Laurent Gbagbo ainsi que des autres responsables du parti incarcérés, NDLR] qui ne nous semblent pas acceptables. Difficiles d’avancer dans ces conditions. Mais je ne suis pas découragé : le Dialogue politique doit se poursuivre et va se poursuivre», déclarait Alassane Ouattara dans l’interview accordée à l’hebdomadaire panafricain ‘’Jeune Afrique’’ du 17 avril 2013.
Guillaume Soro est d’autant très heureux de cette démarche du Cojep en ce sens que les lignes bougent dans cette formation politique. A travers cette sollicitation, son image que certains de ce parti se tuent à salir est en train d’être réhabilité, s’étant rendu compte enfin que Guillaume Soro est une personnalité politique de valeur et d’une forte audience. Lui, Guillaume Soro qui, hier, n’a que de place à la Haye à côté du Woody, lui qui est considéré comme le bourreau, le tortionnaire, le traitre, le ‘’wanted’’ en Europe, en somme le diable, soit sollicité aujourd’hui pour une loi d’amnistie, c’est dire que le temps finit par donner raison à l’actuel chef du Parlement.
Mais diantre, l’amnistie ne se décrète pas comme si on achetait des beignets chez la première commerçante de la rue. C’est quand même 3000 personnes qui ont perdu la vie dans ce pays après le refus insoupçonné de Laurent Gbagbo de transmettre le pouvoir au vainqueur. Quelle force aurait Guillaume Soro, fût-il le camarade de Blé Goudé où Premier ministre conduit et reconduit de Laurent Gbagbo pour faire voter une loi d’amnistie alors que le monde entier a été témoin des assassinats et des meurtres perpétrés ? S’il le fait, c’est un suicide politique. Quel visage aurait-il devant les victimes et les familles endeuillées qui attendent beaucoup de ces procès ?
Et puis, l’on aurait pu éviter tout ce scenario. Pour éviter cette grave crise post-électorale, le Premier ministre Guillaume Soro ne s’était-il pas rendu avec courage, aux lendemains des élections présidentielles de 2010, chez Laurent Gbagbo pour lui faire entendre raison. Mais hélas, l’ex-président, sûr de la force de son arsenal militaire dissimulé ça et là et rassuré par un certain Blé Goudé de la disponibilité des ‘’Jeunes patriotes’’ a jugé bon de tordre le coup à la démocratie et de s’imposer par la force pour peu que quelques vies soient sacrifiées. Le résultat est là, palpable ! Des milliers de vies ont été sacrifiées, plusieurs milliers de victimes, des veuves, des déplacés, des exilés. Le bilan est trop lourd pour qu’on puisse le balayer d’un revers de la main à travers une simple loi d’amnistie. Ce serait insulter une seconde fois la mémoire des illustres disparus.
Guillaume Soro est d’ailleurs surpris de ce que les concepteurs du slogan »Asseyons nous et Discutons ‘’ aient une phobie déconcertante de la chaise au moment où le dialogue et la discussion sont plus qu’importants pour la survie de la nation, et non la belligérance, la défiance l’insubordination, le non respect des institutions, les coups fourrés du Fpi dont ils sont passés maître dans l’art. C’est plutôt en ayant le profil bas, en s’asseyant autour de la table, en mangeant dans le même plat que la confiance des uns envers les autres peut renaître. Il en sait quelque chose pour avoir réussi à mettre en place le Centre de Commandement Intégré (CCI) où militaires des Forces de défense et de Sécurité (FDS) et des Forces armées des Forces nouvelles (Fafn) qui ont assuré conjointement la sécurité au cours des élections présidentielles sur toute l’étendue du territoire se cotoyaient.
C’est plutôt au FPI et à ses affiliés de prendre rendez-vous avec l’histoire! La Côte d’Ivoire vous regarde !
Louis Konan
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Commentaires Facebook