Pays-Bas: Willem-Alexander devient roi après l’abdication de Béatrix
Le HuffPost/AFP
ROYAUTÉ – Le prince-héritier Willem-Alexander, est devenu mardi 30 avril le nouveau roi des Pays-Bas après la signature par sa mère Beatrix de son acte d’abdication. À 46 ans, il devient le premier d’une nouvelle génération de souverains européens à monter sur le trône ainsi que le premier héritier masculin à accéder au trône néerlandais depuis 1890.
L’acte d’abdication a ensuite été signé par le nouveau roi et les représentants du gouvernement, dont le Premier ministre Mark Rutte. La cérémonie a été retransmise par des écrans géants en direct sur la place du Dam, située juste devant le palais royal. La foule présente, près de 25.000 personnes, chantait « Merci Bea » et une immense clameur s’est fait entendre quand Beatrix est apparue à l’écran. Drapeaux, chapeaux, perruques, boas, t-shirts : l’orange a submergé Amsterdam mardi matin.
Willem-Alexander est le premier d’une nouvelle génération de monarques européens, dont la moyenne d’âge est actuellement de 71 ans, à régner après la signature de l’acte d’abdication. Sa prestation de serment dans l’après-midi. La fille aînée du couple royal, Catharina-Amalia, 9 ans, est désormais la princesse-héritière du royaume.
Le jeune souverain devrait adopter un style plus détendu que celui de sa mère: dans une interview diffusée par la télévision publique deux semaines avant son intronisation. Il veut être un « monarque de XXIe siècle » conciliant tradition et modernité et, surtout, ne pas être un « fétichiste du protocole ».
Encadré
Le pays avait accueilli dans l’euphorie la naissance, le 27 avril 1967, de Willem-Alexander Claus George Ferdinand, prince d’Orange : pour la première fois depuis 1890, après une régente et trois reines, un homme était appelé à monter sur le trône.
Marié en 2002 à l’Argentine Maxima Zorreguieta, il a trois enfants : la princesse héritière Catharina-Amalia, 9 ans, Alexia, 7 ans, et Ariane, 6 ans. Le père de Maxima, ancien secrétaire d’Etat sous la dictature argentine, n’avait pas été autorisé à assister au mariage de sa fille et ne sera pas présent à l’intronisation de Willem-Alexander.
Aîné d’une fratrie de trois enfants, Willem-Alexander fait preuve dès son plus jeune âge d’un caractère bien trempé. Supportant mal d’être en permanence sous le feu des projecteurs, il jettera des boules de neige sur les journalistes lors de vacances en Autriche puis, à onze ans, invitera la presse néerlandaise à « foutre le camp » à l’issue d’une séance de photos.
Au même âge, lui et ses frères s’amusent à projeter à l’aide d’élastiques des petites boules de papier aluminium sur un défilé officiel à l’occasion de la Fête de la Reine, qui fait office de fête nationale. Il vit ensuite une adolescence difficile et ses parents, la reine Beatrix et le prince Claus, l’envoient terminer ses études secondaires dans une école privée du Pays de Galles. Il a alors une image de gai luron dissipé qui assure d’un ton blagueur qu’il laisserait volontiers le trône à son frère.
Willem-Alexander sera même surnommé « Prince Pils », en référence aux litres de bière qu’il ingurgite lors de soirées étudiantes durant ses études d’histoire à l’université de Leiden (ouest des Pays-Bas), qu’il entame en 1987 après son service militaire dans la Marine.
Selon l’ancien Premier ministre Ruud Lubbers, la famille royale doutera alors de l’aptitude de Willem-Alexander à monter sur le trône. Mais les Néerlandais font confiance à leur nouveau souverain : dans un sondage publié lundi par la télévision publique, 69% des Néerlandais interrogés affirment avoir confiance en Willem-Alexander, une augmentation de 10% par rapport à l’année passée. Pour 48% des sondés, les sentiments à l’égard de Willem-Alexander sont devenus plus positifs après l’interview télévisée avec Maxima, diffusée deux semaines avant l’intronisation.
Dès son diplôme en poche en 1993, le prince d’alors se prépare à la fonction royale en servant dans les différents corps d’armée, où il deviendra notamment pilote de chasse, et en voyageant dans son pays. Le changement s’opère progressivement. Sur les pas de son père, il commence à s’intéresser à la gestion de l’eau, effort couronné en 2006 par sa nomination comme président du Conseil consultatif sur l’eau du secrétaire général des Nations unies.
En 1998, il obtient l’aval parlementaire pour devenir membre du Comité international olympique (CIO). Sa candidature avait divisé la classe politique, guère enthousiaste de voir le futur chef d’Etat intégrer cette institution éclaboussée par les scandales.
Le prince est de fait depuis toujours passionné de sport : il pratique le tennis, le golf, la voile et, origines néerlandaises obligent, le patin à glace. En 1986, il achève une légendaire course de patinage longue de 200 kilomètres dans le Nord des Pays-Bas.
Sa rencontre avec Maxima en 1999, et leur mariage d’amour qui a failli être contrecarré par le refus opposé à son père d’y assister, achèvent de le rendre populaire. Selon son épouse, il est « intelligent, tendre, fort, et il a les deux pieds sur terre ».
En vue de son intronisation et pour se consacrer pleinement à la fonction royale, il renonce aux postes qu’il occupait au CIO et au Conseil consultatif de l’eau, notamment. Mais le train de vie du couple a parfois aussi été vivement critiqué: en 2009, il revend une luxueuse maison de vacances en construction en bord de plage au Mozambique sous la pression d’une opinion hostile en raison de l’extrême pauvreté de ce pays.
Après avoir créé la polémique en participant à un traditionnel concours de lancer de cuvette de toilettes orange lors de la Fête de la reine, le prince avait assuré avoir ressenti « de la honte en pensant aux 2,6 milliards de personnes qui ne disposent pas des infrastructures de base pour remplir avec dignité leurs besoins quotidiens ».
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