La Coïncidence est arrivée d’elle-même. A peine proclamés les résultats des élections locales, que le président de la République a annoncé qu’il sera candidat à la présidentielle de 2015. Certes, Alassane Ouattara candidat en 2015, ce sera une autre réalité. La réalité du moment, c’est déjà que la donne politique a été considérablement bouleversée, voire défigurée, au sortir des élections locales. Une compétition qui, justement, aura été le dernier baromètre électoral avant les échéances de 2015. et la vérité de ce scrutin, c’est surtout que des nouveaux interfaces politiques, généralement des indépendants issus du Rdr ou du Pdci, ont fait bouger les lignes. Ils ont bous culé les cartes sur le damier politique, s’imposant comme des pions avec qui compter. A l’ouest, au nord, au sud, au Centre et à l’est, des ministres issus du gouvernement ont été surclassés. De gros baobabs qui, jusque-là, ne se doutaient de rien, avant la survenue de la tempête, ont perdu pied. En cela, la déclaration de candidature du chef de l’état est une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle. Elle est bonne pour tous ces nouveaux acteurs qui se sont imposés dans les régionales ou les municipales et qui, par ces victoires, traduisent leur enracinement au sein des populations, leur légitimité populaire. Leur succès est un témoignage : les paris des partis n’ont pas été bons. On notera l’irruption sur la scène du Dr Tia André à Man, capitale de l’ouest. Jusque-là inconnu ou presque, le pharmacien a tombé deux anciens ministres, Sidiki Konaté et Albert Flindé, aux municipales. Dans le district d’abidjan, vivier électoral de premier plan, les anciens maires Pdci, dans l’ensemble se sont maintenus. Ce qui les rendra incontournables quand viendra l’heure de sol liciter les suffrages des Ivoiriens en 2015. au Centre, un ministre en poste a été plumé aux régionales. A l’ouest, zone autrement stratégique, celle qui se faisait appeler « la fille de Alassane Ouattara» a perdu la face aux régionales. Les exemples sont nombreux, comme à Koumassi, à Abidjan, où le très remuant ministre de l’enseignement supérieur a été prié de revoir sa copie. La bonne nouvelle, c’est que des ministres au gouvernement, déjà des élus de leurs circonscriptions respectives, ont confirmé leurs assises. Mais comment garder les ministres perdants ? Comment reconduire des ministres qui ont été éconduits par leurs propres populations ? Là, le chef de l’état a un choix à faire. Objectivement, il ne peut les maintenir après leur échec à mobiliser leurs parents. Ces ministres, candidats malheureux, se sont, pour ainsi dire, disqualifiés d’eux-mêmes, à vouloir apparaitre comme les porte-voix légitimes du président dans leurs localités. Difficile, en tous cas, de miser sur eux pour les futures campagnes électorales, quand il s’agira de rallier le maximum de populations. C’est, peut être là, la rançon de l’élection : ça passe ou ça casse. aussi, la physionomie du gouvernement dans les grandes démocraties du monde reflète-t-elle l’emprise locale de chaque membre. Ce qui donne un cachet de légitimité et d’adhésion populaire aux actes du gouvernement. En France, l’on n’attend même plus un remaniement après les élections. Les vaincus plient bagage. Dur la loi, c’est la loi. et c’est la nouvelle règle du jeu démocratique. un remaniement s’impose donc au président de la République dès lors qu’il veut briguer la présidentielle de 2015. Les rentrants ? Les partants ? Pas besoin de faire un dessin. D’ailleurs, ce qui est valable pour les ministres en poste, l’est aussi pour les anciens, quand ceux-ci n’ont pu obtenir l’onction de leurs populations qui leur aurait permis de revenir aux affaires gouvernementales. Alassane Ouattara doit revoir sa mou ture politique censée le conduire à la présidentielle de 2015. autre jeu, autres cartes.
Benoit Hilly
Le Nouveau Réveil
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