Allocution d’ouverture solennelle de la toute première session ordinaire

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Honorables Députés,
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs,

Il y a de cela un an jour pour jour, je prononçais l’allocution d’ouverture solennelle de la toute Première Session Ordinaire de la deuxième Législature de la deuxième République de Côte d’Ivoire.

C’était en présence du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, ainsi que d’un parterre d’invités de marque.

Aujourd’hui, c’est de l’ouverture solennelle des travaux de la Première Session ordinaire de l’année 2013 dont il s’agit.

Monsieur le Premier Ministre,

Votre présence ici, ravit et honore la Représentation nationale. C’est le lieu pour elle de vous exprimer ses sincères félicitations pour tous les efforts quotidiens dans la réalisation progressive de l’ambitieux projet du Chef de l’Etat en faveur des Ivoiriens.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Notre rentrée parlementaire se situe au lendemain des élections couplées municipales et régionales, du 21 avril dernier. Vous me permettrez de vous féliciter d’avoir engagé, plusieurs mois durant, un dialogue ouvert avec les Partis de l’opposition en vue de parvenir à un consensus. Malheureusement que d’efforts mal récompensés !

Justement, parlant de ces élections, c’est le lieu pour moi de saluer la Commission Electorale Indépendante et son premier responsable, M. Youssouf BAKAYOKO.

Je voudrais lui adresser les sincères félicitations de notre Institution pour avoir conduit à son terme avec succès cette mission délicate, malgré quelques dérapages regrettables.

Je demande solennellement aux candidats qui ont participé aux élections de dimanche dernier d’accepter le verdict des urnes : faisons en sorte que quelques sautes d’humeur bien compréhensibles, de la part de candidats qui étaient certains de leur victoire mais que le peuple n’a finalement pas retenus, ne retardent la publication des derniers résultats.

Je félicite tous nos collègues Députés qui ont été élus à de nouveaux postes.

Chers Compatriotes,

Il est grand temps, maintenant que l’État de Droit a été rétabli, de se remettre au travail et de mener le combat contre la pauvreté par la relance économique de notre pays.

Mesdames et Messieurs,

Je poursuis pour saluer ici et remercier mes homologues, Présidents d’Institutions nationales pour leur soutien constant.

Par ailleurs, je voudrais, de façon générale, saluer chaleureusement tous nos autres invités spéciaux, les Ambassadeurs, les Représentants des Organisations accréditées en Côte d’Ivoire, le corps préfectoral, les élus locaux, les Directeurs Généraux, les Officiers généraux, les Officiers supérieurs, les chefs religieux ainsi que tous les amis et partenaires de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.

Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,

Au terme de cette première année d’intenses activités, chacun s’accorde à reconnaître que, d’ores et déjà, l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a retrouvé son prestige et son rang, sur la scène parlementaire internationale.

Il suffit, pour s’en convaincre, de voir cette constellation de Délégations, venues de tous les horizons pour représenter leurs Parlements.

Chers Collègues Présidents,
Mesdames et Messieurs,

J’observe en effet que ce sont les populations de l’Afrique de l’ouest francophone et anglophone, ainsi que celles d’Afrique centrale qui, à travers les Élus que vous êtes, ont fait le déplacement.

Que ce rassemblement de toutes les forces vives de nos Institutions législatives ait pu réapparaître en l’espace de quelques mois témoigne, s’il en était besoin, que pendant toutes ces années de frustrations et de claustrations, l’image lumineuse et généreuse de la Côte d’Ivoire était restée gravée dans le cœur de tous les Africains.

L’événement que nous vivons aujourd’hui est le symbole de la renaissance de cette hospitalité et de cette ouverture à la diversité des peuples et des cultures qui ont fait notre réputation.

Oui, Honorables Députés,

Ce sont bien 10 Délégations d’Assemblées nationales sœurs qui nous font l’honneur de partager avec nous cet après-midi, les valeurs d’amitié et de fraternité propres aux peuples africains.

Je voudrais, en votre nom, saluer de façon particulière ces éminentes personnalités :
vous me permettrez de commencer par notre doyen à tous.

Honorable Guy NZOUBA-N’DAMA, Président du Parlement du Gabon, comme un sage qui est constant dans son accompagnement des cadets, vous êtes encore là, à nos côtés et je vous en remercie du fond du cœur.

Au regard du contexte national actuel marqué par la tenue des élections locales, je ne résiste pas, Honorable NZOUBA-N’DAMA, au désir de rappeler l’appel au fair-play, cette vertu cardinale de l’olympisme, que nous devons introduire en politique.

Je demande donc à mes frères et sœurs ivoiriens qui viennent de gagner ou de perdre les élections locales, de se souvenir de cette leçon !
Honorable El Hadj Abass BONFOH, Président de l’Assemblée nationale du Togo, il me revient encore à l’esprit que votre pays a constitué ma première destination, en ma qualité de nouveau Président de l’Assemblée nationale ivoirienne.

C’est chez vous que m’est venu le goût de la diplomatie parlementaire. J’y ai vraiment été accueilli à bras ouverts et c’est à mon tour aujourd’hui de vous témoigner de la grande hospitalité du Peuple ivoirien.

Honorable Mathurin Coffi NAGO, Président de l’Assemblée nationale du Bénin, c’est la première fois que nous vous accueillons dans notre Hémicycle. Je salue votre présence qui nous honore.

Par ailleurs, la Représentation nationale ivoirienne voudrait exprimer toute sa gratitude au Peuple Béninois pour l’insigne honneur fraternel fait au peuple ivoirien à travers son Président de la République, à la faveur de son dernier voyage dans votre pays.

Honorable Justin KOUMBA, Président de l’Assemblée nationale de la République du Congo, mes récents séjours chez vous m’ont permis de faire le constat d’un pays en plein développement. Je me félicite de cette amorce qui est bien la preuve que la stabilité est un gage de développement.

Vous aussi, vous êtes à votre premier séjour en terre ivoirienne. Les Députés de Côte d’Ivoire vous expriment leurs chaleureuses salutations.

Honorable HAMA Amadou, Président de l’Assemblée nationale du Niger, j’espère que vous avez eu le temps d’aller « prendre un bon garba » chez le vendeur d’attiéké du coin ! C’est pour vous dire que vous êtes bien chez vous en Côte d’Ivoire. Je m’honore de la fraternité qui nous lie.
Honorable Aubin MINAKU, Président de l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo, votre présence me ramène, sur les ailes d’un souvenir ému, au 15 mars dernier, quand vous avez bien voulu m’inviter à prendre la parole devant votre Assemblée, ce qui m’a permis de me prononcer sur le panafricanisme vrai.

J’avais tenté de montrer qu’il y a un panafricanisme réducteur, qui consiste à opposer l’Afrique au reste du monde, ce qui conduit à l’ignorance et au refus de l’autre, et un panafricanisme constructif, qui est, à mes yeux, le panafricanisme vrai, celui qui consiste à conjuguer nos efforts pour que notre continent s’intègre au grand mouvement de la civilisation universelle et y apporte sa contribution.

Honorable Apollinaire Soungalo OUATTARA : je vous félicite à nouveau pour votre élection à la tête de l’Assemblée nationale du Burkina Faso et je saisis l’occasion pour vous remercier de votre soutien à l’Institution parlementaire, en votre qualité de Président de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF).

Nous ne cesserons de rappeler la fraternité qui unit nos deux peuples et le rôle important joué par le Médiateur, le Président Blaise COMPAORE, dans le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire.

Honorable Edward Doe AJAHO, je vous ai connu déjà en tant que Vice-Président de l’Assemblée nationale du Ghana.

C’est avec un réel plaisir que je vous reçois en qualité de Président de l’Assemblée nationale ghanéenne. Ce pays est aussi le vôtre, quand on sait les relations de fraternité qui lient de tout temps nos deux peuples.

Honorable Vice-Présidente Madame Katy Cissé WONE de l’Assemblée nationale du Sénégal, vous représentez dignement le Président Moustapha NIASSE. Je vous prie de bien vouloir lui transmettre l’honneur qui sera le mien de le retrouver à l’occasion de la visite officielle à laquelle il a bien voulu me convier.

Honorable Assarid Ag IMBARCAOUANE, 2ème Vice-Président de l’Assemblée nationale du Mali, représentant l’Honorable Younoussi TOURE, puissiez-vous transmettre au valeureux peuple malien le soutien de la Côte d’Ivoire dans la crise qu’il traverse.

A toutes et à tous, qui avez effectué le déplacement, je vous souhaite le traditionnel AKWABA.

Je voudrais relever que pour la présente session, j’ai invité des amis personnels que vous me permettrez de remercier particulièrement.
Je salue Monsieur SPARER et Madame Susie HARVEY, qui nous ont ouvert leurs portes, à moi-même et à la Délégation de parlementaires qui m’accompagnait, lors de mon dernier séjour à Québec au Canada.

Depuis lors, nous nous honorons de leur amitié et sommes comblés qu’ils aient accepté d’effectuer ce long trajet pour répondre à mon invitation.

Je n’oublie pas les éminents conférenciers conduits par le Professeur Franklin Nyamsi de l’Université de Rouen en France, qui ont brillamment animé le Colloque sur le thème : « usage du langage et usage de la violence »

J’adresse mes salutations à sa Majesté Nanan Agnini BILE II, Roi du Djuablin, et à Nanan M’Bésso Louis, Président du Conseil Supérieur des Chefs du Département d’Agboville : comme à l’accoutumée, ils sont mes hôtes privilégiés, car j’ai décidé de faire un clin d’œil à la chefferie traditionnelle à chacune de nos sessions.

Par ailleurs, vous l’aurez remarqué, en lieu et place de la Garde Républicaine, c’est le tam-tam parleur venu de l’Indénié, où j’ai été fait Roi, qui, aujourd’hui, anime et rythme notre cérémonie.

Honorables Députés,
Distingués invités,

Au moment où nous ouvrons cette cérémonie solennelle, permettez-moi de vous présenter le bilan de nos activités autour de quelques orientations.

La première orientation porte sur la modernisation « matérielle » de notre Institution. Celle-ci va se poursuivre, afin qu’à l’horizon 2014, nous puissions disposer d’un Parlement totalement rénové.

La deuxième orientation a consisté à renforcer les capacités des Députés et du personnel.

C’est le lieu d’adresser nos sincères remerciements à tous nos partenaires et particulièrement à l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) ici représentée par son Secrétaire Général administratif, Monsieur Jean-Luc LALA qui, depuis notre entrée en fonction, ne cesse de nous apporter son soutien.

Monsieur le Secrétaire Général, le Parlement ivoirien vous est infiniment reconnaissant.

La troisième orientation concerne les grandes réflexions sur les objectifs stratégiques du Parlement. Ainsi, l’année parlementaire 2012 a permis à notre Parlement, de se doter d’un Plan Stratégique et d’un Programme de Travail de l’Assemblée nationale.
Ces réflexions vont se consolider cette année, avec le Programme de Travail de l’Assemblée nationale 2013, dont le processus d’élaboration est en cours.

Je rappelle notamment que d’importantes réflexions sont en cours concernant la réforme du Règlement de l’Assemblée nationale, l’organisation et le fonctionnement des services de l’Assemblée nationale.

La quatrième orientation a été le renforcement de notre diplomatie parlementaire. Dans ce cadre, notre Parlement a retrouvé sa place au sein des organisations interparlementaires.

Je signale d’ailleurs que nous aurons l’honneur de recevoir en terre ivoirienne, du 08 au 12 juillet 2013, la 39ème session de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, ainsi que la 6ème session du Parlement Francophone des Jeunes.

Cette diplomatie nous a conduit sur l’ensemble des continents pour faire entendre la voix de la Côte d’Ivoire et pour nouer des partenariats.

Les derniers voyages en date ont été ma visite officielle au Japon, à l’invitation du Parlement et mon séjour en République de Corée.

Enfin, en recevant dans cette enceinte, Madame Christine LAGARDE, Directrice Générale du Fonds Monétaire International et Son Excellence Monsieur GOODLUCK Jonathan, Président de la République Fédérale du Nigéria, notre Parlement a fait la preuve de son dynamisme et de son attractivité.

Nous pouvons donc dire, Mesdames et Messieurs, qu’il y a de quoi être fier de notre Parlement et de nos Parlementaires.

La cinquième orientation est la mise en œuvre de la démocratie de proximité en vue de consolider la réconciliation nationale et la cohésion sociale.

Dans cette dynamique, accompagnée par mes Collègues Députés, j’ai effectué des visites de terrain qui m’ont successivement conduit à Grand-Lahou, Dabou, Kouto, Aboisso, Niablé et Abengourou.

Ces visites ont visé à fédérer toutes les forces vives de chacune des régions autour de l’idéal de paix et de fraternité dont les Députés, élus du Peuple et Représentants de la Nation, sont les garants.

Il me plait de saluer, par la même occasion, les efforts inlassables de tous les Députés qui, dans leurs circonscriptions respectives, initient avec succès des activités similaires.
La sixième et dernière orientation dans le processus de modernisation de notre Parlement concerne le travail parlementaire proprement dit.

Les années de crise ont conduit à une stagnation de la fonction législative et entraîné un retard ou une inadaptation de la législation dans bien des domaines de la vie civile, économique, politique et sociale.

C’est pourquoi, pour une large part, les textes examinés et adoptés au cours de l’année 2012, avaient vocation à normaliser ces situations.

De nombreuses et importantes Lois ont été examinées et votées.

La dernière en date, comme vous le savez tous, est la Loi d’habilitation, votée le 10 avril dernier. Cette Loi, justement, parlons-en.

Mais avant, j’annonce que l’Assemblée nationale a reçu sur son bureau, une vingtaine de Lois pour la programmation desquelles la Conférence des Présidents se réunira le 26 avril prochain, dans 2 jours.

Revenant à La Loi d’habilitation qui a autorisé le Président de la République à légiférer par Ordonnance, celle-ci a fait l’objet de vives discussions. Ce qui est une bonne chose.

Mais les interprétations fort éloignées de la vérité le sont moins.

Que les choses soient claires !

D’abord, cette Loi est une Loi ordinaire. Constitutionnellement, elle est limitée dans le temps.

En ce qui nous concerne, la Loi du 10 avril 2013, ne porte que sur la gestion budgétaire pour l’année 2013.
Ensuite, elle répond à l’exécution du programme du Président de la République, conformément à l’article 75 de la Constitution.

Cette Loi a néanmoins alimenté le procès de notre Institution, accusée de vouloir donner un véritable blanc-seing au Gouvernement en matière de législation.

Je concède volontiers à nos détracteurs que la critique constructive, dans un système démocratique, a une fonction pédagogique, lorsqu’elle repose sur des bases juridiques.

Ce qui n’est pas le cas en l’espèce, puisque l’Article 75 de notre Constitution autorise la Loi d’habilitation et définit les conditions de sa mise en application.

Il n’est donc pas étonnant que, par le passé, nos prédécesseurs, aient eu recours à la Loi d’habilitation.

Depuis le Père fondateur de cette nation, feu Félix Houphouët-Boigny jusqu’à ce jour, l’Exécutif a été autorisé, à travers les différentes Lois de finances, à prendre par Ordonnances des mesures qui sont normalement du domaine de la Loi.

Notre Législative n’a donc pas innové.

Loin d’être une exception, la Loi d’habilitation constitue en réalité, une pratique de gouvernance largement utilisée.

Honorables Députés,
Distingués invités,

A présent, c’est à l’examen de la question cruciale de la réconciliation que je souhaite consacrer la dernière partie de mon propos.

Ayant beaucoup lu et échangé au cours de mes voyages avec d’éminentes personnalités sur cette question, j’en suis arrivé à cette conclusion : si nous voulons que la Côte d’Ivoire redevienne, dans les meilleurs délais, cet oasis de justice et ce havre de paix qui ont fait jadis sa fierté, il faut que nous nous posions au préalable la question suivante: Comment le Parlement doit-il s’y prendre pour mettre toutes les chances de son côté, afin de contribuer à la réconciliation nationale ?

Honorables Députés,
Mesdames, Messieurs,

Notre devoir est de poursuivre résolument la réconciliation entre tous les Ivoiriens.

Chacun d’entre nous doit se transformer, tout au long de cette nouvelle année parlementaire, en diplomate conciliant, mais aussi en prescripteur exigeant.

A présent que le processus électoral de sortie de crise vient de s’achever avec les élections municipales et régionales, le temps est maintenant venu, pour toutes les parties, d’accepter de s’asseoir pour aborder ensemble la question de la réconciliation nationale, avec ses implications sur le développement et la sécurité.

Nous devons nous tendre la main au-delà de nos différences, mais aussi nous devons accepter de nous saisir mutuellement la main tendue.

J’observais tout à l’heure, en me rendant à l’hémicycle, les efforts gigantesques qu’il nous faut déployer pour construire un pont entre les deux berges de la lagune Ebrié et réaliser ce bel ouvrage d’art qui portera le nom du Président Henri Konan BÉDIÉ.

Quel paradoxe que le travail qui consiste à jeter un pont entre des populations divisées, nous paraisse plus périlleux et plus délicat, alors que jeter un pont entre nous ne dépend pourtant que de nous !

C’est à cela que je vous invite, à savoir, construire le pont de la réconciliation entre toutes les forces vives de la nation !

Je vous remercie de votre aimable attention.

MONSIEUR LE PRÉSIDENT,

Conformément aux dispositions de l’article 62 alinéa 2 de la Constitution et de l’article 2 alinéa 5 du Règlement de l’assemblée nationale, je déclare ouverte la première session ordinaire de l’année 2013.

(COUP DE MAILLET).

(LE PRÉSIDENT S’ASSOIT).

Guillaume Kigbafori SORO
Président de l’Assemblée nationale

Abidjan, le 24 avril 2013

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