Dossier La biodiversité en Côte d’Ivoire, quelques résultats des chercheurs et scientifiques

PHOTO BIODIVESITE
Dr. Konaré Aboudrahamane (avec le micro) aux côtés du président de l’Unjci,Traoré Moussa (MT)

La promotion de la science et de vulgarisation des travaux et résultats de recherches menés sous nos tropiques et pour le compte de nos Etats, sensibilisation et éducation à la culture de la science et à l’esprit scientifique et magnifier la science et la technologie, tel est l’objectif de la Quinzaine internationale de la science et des technologies (QIST) qui s’est tenu du mercredi 3 au dimanche 15 avril 2013 à travers les communes d’Abidjan et de l’intérieur de la Côte d’Ivoire.

La promotion de la science et de vulgarisation des travaux et résultats de recherches menés sous nos tropiques et pour le compte de nos Etats, sensibilisation et éducation à la culture de la science et à l’esprit scientifique et magnifier la science et la technologie, tel est l’objectif de la Quinzaine internationale de la science et des technologies (Qist) qui s’est tenu du mercredi 3 au dimanche 15 avril 2013 à travers les communes d’Abidjan et de l’intérieur de la Côte d’Ivoire a été organisée en partenariat avec le ministère Allemand de la Recherche et de l’éducation, l’instituts de recherche et de développement de France (Ird), l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (Unjci), l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (Uvicoci), cette manifestation était ouverte aux experts et chercheurs africains et du monde entier, aux universités, centres et institut de recherche du continent, aux programmes de recherche, nationaux, régionaux et internationaux, aux industries et aux multinationaux. Placée sous le thème de : « la biodiversité », la Qist est chaque année, une occasion pour la Direction de la recherche scientifique et de l’innovation technologique du ministère de l’Enseignement supérieur et de recherche scientifique de porter à la connaissance du grand public d’événements de médiation scientifique. C’est dans ce cadre que des chercheurs Ivoiriens ont instruit, à l’université de Bingerville (Ex-ESIE), de l’Université Félix Houphouët les journalistes Ivoiriens sur la biodiversité.

Effet à court terme de l’intensité et du régime du feu sur la dynamique de la végétation en savane tropicale humide (Lamto, Côte d’Ivoire)
Dans le cadre d’une expérience à petite échelle qui avait pour but de comprendre l’impact de différentes intensités de feu sur la végétation et la faune en savane, deux parcelles de 3.72 ha ont été délimitées dans la savane arbustive de la réserve de Lamto (Côte d’Ivoire). Les auteurs de cette recherche sont : Aya Brigitte N’dri, Jacques Gignoux, Aboubakar Dembélé et Souleymane Konaté. Deux régimes de feu ont été pratiqués, celui de mi-saison (Janvier) et le feu tardif (Avril) avec deux niveaux de combustible (simple et double) sur les sous-parcelles. Pour chaque régime, l’intensité du feu a été déterminée. L’intensité moyenne du feu augmente avec la quantité de combustible. L’intensité moyenne du feu de mi-saison (2966 ± 2233 KW m-1) n’est pas significativement différente de celle du feu tardif (1673 ± 1124 KW m-1). Les blessures ou écorçage causées par le feu sur les arbres ont été observés. Ce sont ces blessures qui semblent initier les creux observés sur ces arbres ; lesquels creux affectent la résistance mécanique des arbres. Ces blessures constituent des portes d’entrées aux termites dans les arbres pour causer ces creux. Elles concernent généralement les arbres adultes et l’espèce C. febrifuga qui est également la plus couramment creuse. La vitesse de repousse de la strate herbacée est également fonction de la quantité de combustible, elle augmente avec la quantité de biomasse. Et cette vitesse de repousse influence à son tour la vitesse de recolonisation des insectes.

Rôle des Espaces non Brûlés comme Refuge pour la Biodiversité: cas des Insectes dans la Savane Humide de Lamto.

Le feu est un facteur écologique majeur dans la savane de Lamto où il est considéré comme la principale source de perturbation du milieu. Plusieurs études ont clairement montré sont rôle dans la création de l’hétérogénéité spatiale de la végétation. Comme l’indique les chercheurs : Kanvaly Dosso, Souleymane Konaté, Tamia Akoua Madeleine Kouakou, Aboubakar Dembélé, Daouda Aïdara et Karl Eduard Linsenmair. Cependant, très peu de données se rapportent à ses effets sur la biodiversité de façon générale et sur les insectes en particulier. Nous avons alors entrepris une étude dans la savane de Lamto pour examiner les effets du feu sur le mouvement des insectes et la composition taxonomique de leur communauté (avant, pendant et après la mise à feu). Différentes méthodes d’échantillonnage (pièges-fosses, pièges de Malaise et biocœnomètres) ont été adoptées pour capturer les insectes à l’intérieur de deux parcelles de savane (l’une brûlée et l’autre protégée contre le feu) ainsi que le long du pare-feu qui les séparait. Comme résultat, on a noté des mouvements intenses des insectes bons voiliers vers la parcelle non brûlée. Quant aux insectes errant à la surface du sol, ils trouvent refuge dans les fines pellicules de sol et à l’intérieur des touffes d’herbes qui échappent aux flammes ; cette stratégie étant beaucoup utilisée par les individus de petite taille. Les espaces non brûlés jouent un double rôle pour la conservation de la biodiversité ; d’abord en servant de refuges pour les insectes fuyant le feu et ensuite comme habitats sources pendant la recolonisation des espaces initialement brûlés devenus plus attractifs quelques semaines après le passage du feu. En conclusion, on retient qu’une bonne gestion de la savane de Lamto requiert encore plus d’études approfondies sur les interactions entre la biodiversité et le feu qui la parcourt chaque année.

Aspects socio-économiques de l’exploitation des sporophores de Termitomyces en Côte d’Ivoire: Prise de conscience pour une gestion durable

Pour les chercheurs, N’Golo Abdoulaye Koné, Kolo Yéo, Souleymane Konaté et Karl Eduard Linsenmair, la collecte des champignons sauvages représente une véritable occupation du temps libre et une réelle source de revenu dans de nombreux pays. En zones centre et sud de la Côte d’Ivoire, les sporophores du champignon du genre Termitomyces sont intensivement collectés et vendus par les populations locales. Toutefois, peu d’information existent sur la dimension réelle de cette activité mais également sur d’autres aspects socio-économiques de cette exploitation. Par conséquent, les connaissances ethno-mycologiques de 240 personnes de 12 villages, appartenant à deux groupes ethniques majeurs (Baoulé et Abbey) ont été interviewées à l’aide d’un questionnaire structuré. Des informations ont été obtenues sur la disponibilité des sporophores de Termitomyces, les connaissances ethno-mycologiques et spécialement sur les usages de ces champignons et les aspects de leur commercialisation. Les interviewés avaient une solide connaissance des champignons comestibles en général et des Termitomyces en particulier. Trois des quatre espèces qui fructifient dans la zone d’études sont régulièrement consommées. Cependant, seule Termitomyces letestui (Pat.) R. Heim est exploitée selon un circuit de collecte et de commercialisation. Ces champignons représentent une véritable source de revenus, spécialement pour les femmes et les paysans. Les revenus saisonniers engendrés par l’exploitation de cette espèce varient en fonction des acteurs et de la zone phytogéographique. Par ailleurs, la surexploitation menace le maintien de la diversité et de l’abondance de ces Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) et de leurs termites hôtes. Une gestion durable de leurs habitats et la pratique de bonnes méthodes de collecte sont des préalables pour la sauvegarde de leur biodiversité.

Changement dans la structure des communautés de fourmis suivant un gradient d’âge de cacaoculture dans la région d’Oumé, centre Côte d’Ivoire

Dans cette étude, les experts, Mouhamadou Koné, Souleymane Konaté, Kolo Yéo, Philippe Kouassi Kouassi et Karl Eduard Linsenmair ont cherché à savoir quelle était l’étendue de la diversité des fourmis malgré la conversion des forêts en plantations de cacaoyers. L’investigation a été réalisée dans quatre classes d’âge de cacaoyère (classes I–IV avec une augmentation de l’âge partant de 0–5 à 21–40 ans) et un habitat témoin représenté par la forêt. Des méthodes d’échantillonnage standard (la méthode d’extraction des fourmis de litière par Winkler, la méthode des pièges-fosses et la méthode d’extraction des fourmis endogées dans les blocs de sol) ont été utilisées pour collecter les fourmis le long de trois transects de 200 m par type d’habitat. Au total100 espèces de fourmis ont été collectées pour tous les habitats confondus. La forêt était l’habitat le plus riche avec (73 espèces). Elle était suivie par ordre décroissant de la classe d’âge de cacaoyère IV (69 espèces) > classe III (57 espèces) > classe I (52 espèces) > classe II (43 espèces). Le gradient d’âge est positivement corrélé à la richesse spécifique moyenne. Il est noté une forte différence de la composition spécifique en fourmis de certaines classes d’âge de cacaoyère et l’habitat forestier. Les compositions spécifiques des deux classes d’âge de cacaoyères les plus jeunes (I et II) étaient très dissimilaires de celle de la forêt. Par contre, les communautés de fourmis de l’habitat forestier étaient bien représentées dans les classes âgées de cacaoyères (III et IV). Trois groupes fonctionnels (les prédateurs généralistes, les prédateurs spécialistes et les espèces arboricoles dominantes) ont montré une variation significative dans leur abondance relative. En somme, la cacaoculture qui maintient plus de diversité de plantes et une forte complexité structurale est présentée comme meilleure et adéquat pour la conservation de la diversité des fourmis natives.

Sériba Koné

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