Appels de pied aux militants FPI et LMP: pourquoi le PDCI sera désillusionné

Laurent-Gbagbo_Alassane-Ouattara

Une cour assidue. C’est ce à quoi le Parti démocratique de Côte d’Ivoire se livre depuis le début de cette campagne électorale à l’égard des partisans et sympathisants de l’ancien président Laurent Gbagbo. Pas un seul jour ne passe sans qu’on ne voie brandir un ex-membre de l’ancienne majorité présidentielle appelant à voter pour les candidats du PDCI-RDA à ces élections locales. Mardi dernier, le Nouveau Réveil barrait sa Une avec un appel on ne peut plus explicite de Dogbo Raphaël, un ancien ministre du gouvernement fantoche de Laurent Gbagbo, qui demande aux pro-Gbagbo de porter les choix pour ces élections sur le parti doyen. Avant lui, c’est l’ancien porte-parole de Laurent Gbagbo, Gervais Coulibaly, qui a dit ceci en substance à Marcory : « Si vous voulez que Laurent Gbagbo soit en paix à La Haye, votez pour le candidat du PDCI-RDA ». Dans leurs différents staffs des candidats du parti presque septuagénaire, figurent en bonne position des militants avérés de l’ex-parti au pouvoir. Pour rallier tous les inconditionnels de Laurent Gbagbo à leur cause.

Le PDCI-RDA compte énormément sur le vote des militants du FPI et de LMP pour plusieurs raisons. La première raison est le parti doyen est conscient que, sur le terrain dans plusieurs communes, il aura du mal à tenir la dragée haute au RDR. Les dernières statistiques en matière d’élection sont éloquentes sur la question. Surtout au niveau du District d’Abidjan et dans certaines grandes villes de la Côte d’Ivoire. Lors du premier tour de l’élection présidentielle d’octobre 2010, le PDCI-RDA est arrivé dans la plupart des communes d’Abidjan en seconde ou en troisième position, derrière le RDR. Pendant les législatives de décembre 2011, le PDCI-RDA a gardé le même rang. Celui d’être le dauphin du RDR. Les éminences grises du parti fondé par le président Félix Houphouët-Boigny savent que dans cette confrontation directe qui se joue en ce moment, leur parti a peu de chance de battre le RDR. Pour juguler le rapport de force qui lui est défavorable, le PDCI-RDA a compris qu’il lui faut des voix supplémentaires. D’où la vaste opération de charme à l’égard des partisans de Gbagbo. Mais le PDCI-RDA a conscience que cette stratégie à des limites. Car, aux élections législatives, elle a tourné court. Le parti doyen n’a pas voulu aller en RHDP aux législatives, espérant profiter du report des voix des militants du FPI dont le parti avait décidé de boycotter le scrutin. La suite, on la connait. Aujourd’hui encore, il est vrai que le parti allié au RDR remet le couvert pour ces élections municipales et régionales.

Mais en y ajoutant la stratégie de la diabolisation. A savoir faire passer le RDR pour un parti violent, prêt à utiliser tous les moyens pour s’imposer, y compris la tricherie. Mais là encore, la désillusion sera très grande pour le PDCI-RDA. Car les militants du FPI ne sortiront pas le dimanche prochain. La journée, ils battent campagne avec les candidats du PDCI. Mais la nuit, ils se concertent pour voir comment réussir à atteindre pour ces élections un taux d’abstention record. Les mêmes cadres et dirigeants qui flirtent la journée avec les candidats PDCI, sont les mêmes qui tiennent des réunions diurnes avec leurs militants pour insister sur le mot d’ordre de boycott de leur parti. A ce niveau, tous les moyens de communication sont utilisés. De l’envoi des SMS au téléphone arabe en passant par les réseaux sociaux, tout est mis en ?uvre pour que le mot d’ordre soit respecté à cent pour cent. L’enjeu est de taille pour le FPI. Car ses leaders veulent faire passer le RDR et le PDCI pour des partis minoritaires pour mieux négocier, selon eux, la libération de Laurent Gbagbo et de leurs autres camarades. Brandir le taux de participation qu’ils souhaitent catastrophique pour dire à la face du monde et de la communauté internationale qu’il ne peut y avoir de réconciliation et de paix en Côte d’Ivoire sans Laurent Gbagbo.

Un tel parti ne peut pas permettre à ses militants d’aller voter pour le PDCI-RDA. C’est le sens profond du message musclé du FPI placardé hier en grands caractères à la Une du journal « Notre Voie », son porte-voix. « Le Front populaire ivoirien exclu du jeu démocratique ne participe pas aux élections régionales et municipales du 21 avril 2013. Par conséquent, les militants qui sont candidats sur les listes, ou qui sont têtes de listes, ou qui soutiennent des listes, désobéissent au mot d’ordre du parti. Ils trahissent Laurent Gbagbo et le FPI. Ne participez pas aux campagnes ! Ne votez pas ! Restez chez vous ! Ces élections ne nous concernent pas », a écrit Miaka Oureto à l’intention des ses camarades. Après une telle mise en garde, on ne peut plus clair, il faut s’étonner que tous les cadres et militants qui s’exhibent autour des candidats PDCI ferment leurs téléphones portables toute la journée du dimanche. Le PDCI-RDA qui a bâti toute sa stratégie de victoire sur le vote des partisans de Laurent Gbagbo est averti.

Jean-Claude Coulibaly
Le Patriote

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A deux jours des élections / Pdci – Rdr : y’a problème

Dans cet article que nous reprenons in extenso et paru dans le journal officiel du parti présidentiel, l’on perçoit en filigrane une méfiance observée par le Rdr vis-à-vis du Pdci. A la lecture, l’on pourrait conclure pour dire tout simplement qu’il y’a problème entre les deux grandes formations du Rhdp. Lisez plutôt.

Le fait est plus que troublant ! Deux jours après l’appel du FPI à une alliance avec le PDCI, le relais du vieux parti sort un journal avec deux pages de l’organe de la refondation qui y ont atterri par inadvertance. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le porte-voix de la formation dirigée par Henri Konan consacre sa manchette à un cadre du FPI, avec un message sans équivoque : « FPI, LMP, reportons nos voix sur le PDCI ». La collusion se précise-t-elle, comme en 2000 lors de la mise sur pied du Front Patriotique, conduit par Laurent Gbagbo et Fologo, en vue de diaboliser le RDR et son leader, Alassane Ouattara ? A première vue, la position du Président Bédié, donnée par son porte-parole, le Pr Niamey Koffi, est sans ambigüité : « Bédié n’est pas intéressé par l’appel du FPI. La position du PDCI est claire sur la question. On ne brise pas une alliance pour une autre…. ». Après une telle déclaration, on ne trouverait rien à redire, si la posture du SG du PDCI n’avait pas intrigué plus d’une personne. Interrogé par un confrère sur l’appel du FPI au PDCI, Alphonse Djédjé Mady a donné une réponse pas assez nette. En substance, il dit n’avoir pas lu la déclaration et qu’il revient de voyage. De par sa position de numéro 2 du PDCI, ce discours a du mal à prospérer. Il se passe comme si le vieux parti était tiraillé entre deux courants. Le premier, celui incarné par le président Bédié, s’inscrit dans le renforcement du RHDP et dans la gestion collégiale du pouvoir d’Etat. Quand au second courant, il est l’apanage d’un groupe de personnalités et non des moindres, qui montrent des signes de lassitude, qui refusent d’être comptables d’un pouvoir géré de façon collégiale et qui veulent présenter un candidat PDCI à la présidentielle de 2015. L’année dernière, c’est ce groupe qui a guidé la rédaction d’une déclaration qui reprenait à son compte les griefs de la refondation. On eût dit un pamphlet sorti des laboratoires du FPI. Ce groupement qui est très actif de par ses sorties, en a fait tellement, que des voix comme Ahoussou Jeannot et Adjoumani ont crié haro sur le baudet, devant un tel lynchage et passage à tabac de l’allié du RDR. C’est encore ces hommes et femmes qui réclamaient, il y a peu, un congrès du PDCI pour renouveler les instances. On a vu comment KKB a passé un savon au Président Bédié, arguant que ce dernier est atteint par la limite d’âge du fait de l’article 35 des statuts qui fixe l’âge limite pour présider le vieux parti à 75ans. C’est cette disposition que les détracteurs et partisans du courant de la rupture avec le RHDP brandissent pour donner une forme légale à leur revendication.

Si les actants d’une telle donne parvenaient à la faire prospérer, le plan B fonctionnerait ainsi. D’un, la mise à l’écart du Président Henri Konan Bédié. De deux, la montée en puissance des extrémistes et autres détracteurs du RHDP. De trois, la désignation d’un candidat du PDCI à la prochaine élection présidentielle. A ce niveau, une personnalité et non des moindres au sein du vieux parti, pense que son heure est arrivée pour gouverner la Côte d’Ivoire. Nonobstant son âge, tout aussi avancé. Ses partisans et lui comptent sur le soutien du FPI à la croisée des chemins et qui a du mal à se trouver un leader charismatique, après la parenthèse Laurent Gbagbo. Pour les tenants de cette thèse, avec le soutien de la refondation, le tour de passe serait réussi. C’est pour cela qu’on a remarqué que l’appel du FPI fait des indécis au sein du PDCI. Pour tout dire, des jours de tumulte et de gros vacarme se précisent au parti cher à Henri Konan Bédié. La bataille fera rage entre partisans et adversaires de l’alliance du RHDP et de la co-gestion du pouvoir avec le RDR. Des schémas se mettent en place. Des personnalités dont on dévoilera bientôt l’identité, font la cour au FPI, vont chez Bédié le jour et travaillent contre lui à la tombée de la nuit, à l’instar de cet autre qui a haussé le ton s’il n’a pas carrément grondé le Président Bédié lors du choix des candidats du PDCI aux dernières législatives. La nuit des longs couteaux se met en place.

BAKARY NIMAGA
Le Patriote

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