Enjeux électoraux: La stratégie du Fpi contre le régime Ouattara

goude

Après avoir appelé ses militants à s’abstenir d’aller voter, sous peine de sanctions disciplinaires, le Fpi, dans un communiqué rendu public le 15 avril 2013, demande au Pdci, allié du Rdr, parti au pouvoir, de ne pas cautionner  » cette mascarade électorale, cela par des décisions courageuses et responsables ». En s’adressant ainsi au Pdci, le parti de Laurent Gbagbo, ex-chef d’État ivoirien, détenu à la Haye, n’ignore pas le poids de ce parti qui, lors de la présidentielle de 2010, a donné un réel coup de pouce au Rdr.

Le Fpi sait également que le Pdci, de par sa posture, est actuellement le  »faiseur de roi », selon qu’il peut changer la configuration politique en faveur d’un camp au détriment d’un autre. Pour convaincre le Pdci du bien fondé de sa démarche, Miaka Oureto, le président intérimaire du Fpi, explique : « Frères et sœurs du Pdci… Il est encore temps de sauver la démocratie dans notre pays (…) L’enjeu est clair et dépasse de très loin les frontières idéologiques (libéralisme et socialisme). C’est la survie de notre nation qui est en jeu. La propriété de son sol, la jouissance de ses richesses, par ses propres fils et filles, le devenir de sa gestion démocratique, et partant le développement du Fpi…».

Mieux, le parti vainqueur des élections de 2000 attire l’attention de Bédié et de son parti sur le fait que « Le moment du grand sursaut national est venu » et les appelle, implicitement, à une alliance quand il écrit « Resserrons nos rangs pour faire barrage aux prédateurs. Rassemblons-nous, pour défendre la nation en péril. Nous n’avons que cette Patrie, alors défendons-là ensemble, au risque de disparaître ensemble, quand l’on nous demande de vivre ensemble chez nous, sans nous ».

La solennité du discours et du plaidoyer qui en résulte montrent tout l’intérêt qu’a le Fpi de voir les municipales et les régionales disqualifiées et déqualifiées parce que ne reposant sur aucune légitimité solide, au cas où le taux de participation serait très faible. Mais en réalité, ces propos de Maika Oureto participe bien d’une stratégie que le Fpi prépare soigneusement, comme l’oiseau ferait son nid, petit-à-petit, pour faire tomber Alassane Ouattara en 2015, date de la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire. Ce parti qui se retrouve aujourd’hui dans l’opposition, dont il est la locomotive, a décidé de jouer sur un tableau précis.

En effet, il sait que de nombreux cadres et autres pontes du Pdci ne sont pas contents de leur allié, le Rdr. On a encore en mémoire cette réunion du bureau politique du parti de Bédié, il y a quelques mois, au cours de laquelle, il avait clairement remis en cause son alliance avec le parti au pouvoir qu’il accusait de s’attribuer tous les postes juteux. Sa défaite aux législatives avait pour cause, selon lui, le mauvais découpage électoral qui profitait au Rdr.

Aujourd’hui, le Fpi observe comme tout le monde les mésententes et les incompréhensions entretenues entre le Pdci et le Rdr dans le cadre des élections locales couplées. Sachant ainsi que le mur du Rhdp comporte de nombreuses fissures, le Fpi tente alors de s’y introduire comme le ferait le lézard, prenant fait et cause pour le Pdci, et le prévient de ce qu’il pourrait être le  »dindon de la farce » du Rhdp. Il s’agit pour le Fpi, à terme, de pousser le Pdci à quitter le Rdr et à se retrouver à ses côtés pour combattre Alassane Ouattara. Car, en tout état de cause, le mouvement politique fondé par Laurent Gbagbo connaît bien la leçon qui est que, seul, on ne peut pas gagner les élections en Côte d’Ivoire . Quelques faits sur la sphère politique dans ce pays l’ont démontré. Peut-être suffisamment.

De 1994 à 1998, le Fpi et le Rdr scellent un pacte de raison dans une sorte de coalition dénommée  » le front républicain ». Objectif : fragiliser le parti au pouvoir d’alors, le Pdci et faire tomber Henri Konan Bédié, chef d’État à cette époque. Bédié fait face à cette adversité et perd en fin de compte le pouvoir suite à un coup d’État, dont l’embryon n’était qu’une mutinerie. De 2003 à 2011, des bandes armées (Mpci, Mjp, Mpigo) et des partis politiques tels que le Rdr, le Pdci, le Mfa, l’Udpci et bien d’autres tissent une alliance. Puis les quatre dernières formations politiques citées unissent leurs idées et leurs forces au sein d’une collation : Rassemblement des Houphouëtistes pour démocratie et la paix (Rhdp). Ils isolent le Fpi, parti au pouvoir. Ces partis font bloc et parviennent à la magistrature suprême du pays, en évinçant Laurent Gbagbo, élu en 2000 président de la République.

On comprend dès lors, que la récente sortie du Fpi a une visée beaucoup plus grande. Car au-delà du fait qu’il veut susciter un faible taux de participation aux élections locales et faire comprendre à l’opinion nationale et internationale que son principale adversaire, le président Alassane Ouattara, ne jouirait pas d’une onction populaire, le Fpi projette une alliance avec le Pdci pour vaincre le président de la République quand sonnera l’heure des joutes présidentielles.

Alain BOUABRE
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