Le Monde.fr avec AFP | 15.04.2013
Le chef d’Etat par intérim du Venezuela, Nicolas Maduro, a proclamé sa victoire à la présidentielle, après avoir été déclaré vainqueur par le conseil national électoral (CNE) avec 50,66 % des voix, dimanche 14 avril, qualifiant devant la foule de ses partisans à Caracas sa courte victoire de « juste, légale et constitutionnelle » mais acceptant un recomptage des votes pour lever tous doutes sur le résultat du scrutin.
Le candidat de l’opposition, Henrique Capriles, a refusé de reconnaître la victoire de Nicolas Maduro, avant le recomptage de tous les suffrages. « Nous n’allons pas reconnaître un résultat avant que chaque bulletin des Vénézuéliens ne soit recompté, un par un », a déclaré M. Capriles lors d’une conférence de presse organisée après que son adversaire eut été officiellement déclaré vainqueur. « Le perdant aujourd’hui c’est vous, et je vous le dis fermement », a lancé le candidat de l’opposition au vainqueur déclaré, brandissant un document recensant 3 200 incidents relevés dimanche « au cours du processus électoral ».
« Cette lutte n’est pas terminée », a ajouté M. Capriles, « nous allons insister pour que la vérité soit connue ». L’unique représentant de l’opposition membre du CNE, Vicente Diaz, a également demandé que 100 % des voix soient recomptées, ce qui a été accepté par le président proclamé.
M. Maduro, 50 ans, dauphin désigné par l’ancien dirigeant charismatique, a remporté le scrutin face à M. Capriles, 40 ans, qui a obtenu, 49,07 % des suffrages. Le camp Maduro a aussitôt fêté la victoire de son champion, tirant des feux d’artifice devant le palais présidentiel de Miraflores. Du côté de l’opposition, les militants ont protesté contre le résultat en tapant sur des casseroles.
« NOUS SOUHAITONS LA PAIX »
D’après les résultats annoncés par le CNE, qui les a déclarés « irréversibles », Nicolas Maduro a réuni 7 505 338 suffrages, contre 7 270 403 à son opposant, parmi les 78,71 % des dix-neuf millions d’électeurs vénézuéliens qui se sont rendus aux urnes. Crédité de plusieurs points d’avance dans les sondages, le dauphin d’Hugo Chavez, mort le 5 mars d’un cancer, l’emporte avec un score plus serré que prévu. Il semble qu’Henrique Capriles, 40 ans, a réussi à refaire une bonne partie de son retard dans les derniers jours de campagne.
Après le début de la fermeture des bureaux de vote, le candidat de l’opposition avait mis en garde « le pays et le monde contre l’intention de vouloir changer le choix exprimé par le peuple », dans un message publié sur Twitter. Un signal adressé au camp adverse, emmené par le président par intérim.
Le vice-président vénézuélien, Jorge Arreaza, avait réagi aux propos d’Henrique Capriles en assurant que le gouvernement allait « respecter le peuple ». « Attention, attention, Capriles. Attention, l’opposition », a-t-il répondu sur la chaîne officielle VTV.
Nicolas Maduro a quant à lui appelé au calme et a dit qu’il demandait à la commission électorale d’effectuer un audit du résultat. « Nous ne voulons pas la violence, nous souhaitons la paix, a dit M. Maduro dans une allocution à la nation. Ils souhaitent un audit, nous y sommes favorables. Je demande officiellement à la commission électorale nationale d’effectuer un audit. » « Je suis ici pour assumer mes responsabilités avec courage(…). La lutte continue ! », a clamé l’ancien conducteur de bus et ancien dirigeant syndical devant ses partisans.
UN SCRUTIN « NORMAL ET TRANQUILLE »
Lors du scrutin, le représentant de l’opposition avait incité les électeurs à dénoncer toute irrégularité et avait assuré qu’une « avalanche de votes » constituerait la meilleure réponse aux fraudes. Selon M. Capriles, les autorités auraient envoyé des textos à des fonctionnaires et à d’autres électeurs afin de les pousser à voter en faveur de Nicolas Maduro.
Peu après la fermeture des premiers bureaux de vote, le CNE, arbitre du scrutin dont l’impartialité est contestée par l’opposition, a assuré que le vote s’était déroulé de « manière totalement normale et tranquille ».
Lire : Les comptes Twitter des chavistes piratés
Près de 150 000 membres des forces de l’ordre ont veillé sur le bon déroulement du scrutin dans le pays et les frontières ont été fermées par sécurité depuis le début de la semaine.
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