Un autre idéologue de Soro: « La démocratie ivoirienne célébrée à l’Elysée…c’est quand c’est dur que les durs avancent »

Nyamzi
Agrégé de philosophie, Paris, France

Alassane Ouattara et Guillaume Soro à l’Elysée : la démocratie ivoirienne célébrée « C’est quand c’est dur que les durs avancent. » Guillaume Kigbafori Soro

Une tribune internationale de Franklin Nyamsi
Agrégé de philosophie, Paris, France

Ceux qui avaient parié le contraire en ont pour leurs frais. Ceux qui entrèrent à l’Elysée par les portes-arrières ont vu hier, la vraie Côte d’Ivoire entrer à l’Elysée par la porte officielle, avec grandeur et solennité. La nouvelle diplomatie ivoirienne frappe fort.

L’Histoire africaine a pris ses quartiers en Côte d’Ivoire.

L’honnêteté intellectuelle et le sens des événements nous commandent de le reconnaître, car de mémoire de chroniqueur d’actualité politique, rarement on a vu célébrer une démocratie africaine avec autant de solennité et de reconnaissance à Paris, capitale de toutes les grandes passions mondiales. Hier 11 avril 2013, au moment où les Ivoiriens célébraient dans la sobriété et la dignité le deuxième anniversaire de leur délivrance du joug sanglant de la Refondation, se déroulait par l’entrée triomphale du Palais de l’Elysée à Paris, une cérémonie politique à inscrire résolument dans les annales des coups

de maître diplomatiques : recevant pour la seconde fois en visite officielle le Président Alassane Ouattara en moins d’un an, la précédente visite remontant à l’été 2012, le chef de l’Etat français François Hollande a par la même occasion ouvert les portes de la république hexagonale au dauphin constitutionnel de l’Etat de Côte d’Ivoire, indiquant si besoin en était encore que la France reconnaît au plus haut niveau la légitimité du combat mené depuis septembre 2002 par Guillaume Soro et ses frères de lutte pour la démocratisation effective et inclusive de la puissance éburnéenne. Dans la présente tribune, plaise aux lecteurs et lectrices que j’examine deux questions

: 1) Dans quel contexte la visite du Chef de l’Etat ivoirien et de son dauphin constitutionnel prend-elle pied ?

2) Quelles sont lesimplications de cette visite historique pour les relations franco-ivoiriennes et quel message cette visite adresse-t-elle à la classe politique ivoirienne, africaine et mondiale ? Nous nous attacherons dans les lignes qui suivent à creuser les arcanes de cet événement-repère.

I – Le contexte de la visite d’ADO et GKS à François Hollande

Le contexte de la visite du chef de l’exécutif et du chef du législatif ivoiriens en France en ce mois d’avril est double, c’est-à-dire ivoirien et français. D’une part, il y a une Côte d’Ivoire au travail, qui sait sur quoi et sur qui compter dans le monde, et qui n’a jamais négligé d’un iota la qualité des relations privilégiées qui la lient depuis Félix Houphouët-Boigny à la France.

La Côte d’Ivoire qui voyage à Paris est lancée sur le chantier du progrès socio-économique comme en témoigne la volonté du chef de l’Etat d’exécuter rapidement son programme pour relever les Ivoiriens

de la détresse matérielle. La confiance accordée au Président Ouattara par le Parlement de Guillaume Soro est à cet égard exceptionnelle, puisqu’il lui a été donné latitude de réaliser par ordonnances les grands axes de son immense programme socioéconomique. Symbiose assurée à Abidjan !

La Côte d’Ivoire qui voyage à Paris est aussi en phase de consolidation de son expérience démocratique, notamment à travers l’organisation des élections municipales et régionales qui culmineront le 21 avril prochain par le renouvellement de l’ensemble de ses élus locaux, à la suite des présidentielles et législatives de 2010-2011.

Cette consolidation de l’expérience démocratique ivoirienne, on le sait, a un caillou dans la chaussure : la politique du boycott et de la chienlit adoptée par le FPI, pour soi-disant sauver le soldat Gbagbo de la CPI, à travers une stratégie de la chaise vide qui est supposée dé-légitimer la nouvelle majorité politique du RHDP, pourtant issue d’une série de scrutins incontestablement démocratiques. Mieux encore, en associant Guillaume Soro à cette visite officielle au Président Français, Alassane Ouattara envoie un sévère uppercut aux rêveries de ceux qui s’illusionnaient, non seulement sur la solidité filiale de son lien avec son dauphin constitutionnel, mais aussi sur une prétendue hostilité du sol français au député de Ferkéssédougou.

Amère, bien cruelle désillusion pour les branleurs de chimères de la Refondation et autres anticolonialistes dogmatiques surexcités à l’encan par la fulgurante ascension de l’enfant prodigue de la gauche libérale ivoirienne : Guillaume Soro.

Enfin, la Côte d’Ivoire qui voyage à Paris a un message de confiance à adresser aux investisseurs étrangers, contre la tentative de sabordage de l’atmosphère sécuritaire qui hante les esprits aigris ronronnant aux frontières Est et Ouest du pays. Ce message est le suivant : « la sécurité est garantie en Côte d’Ivoire par l’union du peuple, de l’armée, de l’Etat et de son Chef. Venez, amis de la démocratie et de la prospérité des peuples, modernisons ensemble le poumon de l’économie francophone d’Afrique de l’Ouest ! »

Côté français, la visite des Ivoiriens arrive à point nommé. Le chômage triture la France, les scandales politico-financiers menacent de ternir l’image de la dynamique de changement enclenchée par l’engagement électoral du Président Hollande. La France a besoin des souffles de l’espérance venus des nations émergentes comme la Côte d’Ivoire. La France a besoin d’une Afrique résolument tournée vers

l’avenir, attachée à se moderniser. Seule une telle Afrique peut accompagner la France dans sa résistance contre la morosité et le déclin qui la menacent de toutes parts ! Mais la France est aussi, depuis sa propre Révolution qui la rend sensible aux révoltes justes comme celle de Guillaume Soro, un pays de grande résistance. C’est dos au mur qu’elle donne toute sa mesure. D’un autre côté, en effet, avec l’approbation internationale et nationale, la France hollandienne a frappé un grand coup au Mali. En volant au secours de ce pays contre le fondamentalisme jihadiste, Hollande a indiqué un nouveau cap de partenariat décomplexé et non paternaliste avec les Africains, aux antipodes des excès inacceptables d’un certain Discours de Dakar…En annonçant au paragraphe 58 de son programme la fin du système de la Françafrique et en martelant la croyance désormais radicale de la France en la nécessaire association de la démocratie et du progrès économique en Afrique, Hollande prédispose la France à mieux coopérer

désormais sur le continent avec les présidents réellement élus, et à dédaigner plus que jamais tous ceux qui, à l’instar de Laurent Gbagbo, savent qu’ils ont été « élus » dans des conditions calamiteuses.

Enfin, Hollande sait ce que représente la Côte d’Ivoire dans la géostratégie française en Afrique et ménage en bon chef de la famille française, les intérêts régaliens et collatéraux des siens chez ce puissant allié africain de toujours. Qui a douté un seul instant de la continuité des relations franco-ivoiriennes par-delà toutes les alternances ? Seuls en ont été capables, ceux qui, en Côte d’Ivoire comme ailleurs, ignorent contre vents et marées que les Etats ont avant tout des intérêts, leurs amitiés se fondant ensuite seulement sur ceux-ci. Mais il y a plus dans cette rencontre historique. Allons donc plus loin.

II – Implications franco-ivoiriennes et message cryptés aux sourds politiques de tous bords

De mémoire d’historien des relations franco-ivoiriennes, on n’avait jamais vu entrer simultanément par la porte triomphale du Palais de l’Elysée, le Président de la République de Côte d’Ivoire et son dauphin constitutionnel. La date du 11 avril, date de la chute historique de Laurent Gbagbo, choisie à dessein par les deux parties franco-ivoiriennes, signifie clairement le triomphe de l’amitié démocratique internationale sur la politique identitaire de haine qui a perdu pied en Côte d’Ivoire. Il faudrait même élargir notre spectre d’observation à toute l’Afrique francophone. On verra clairement que cela n’est presque jamais arrivé pour une autre nation africaine, de voir à l’Elysée ensemble le chef de l’Etat d’un pays africain et le président de son parlement. Comment guérir ceux qui s’entêtent dans la surdité face à la révolution démocratique ivoirienne ? Ici encore, nous devons procéder à une double analyse, côté ivoirien et côté français.

Que signifie clairement cette association exécutif-législatif, côté ivoirien ? Alassane Ouattara indique à tous les tabloïds politiques que davantage qu’un dauphin constitutionnel, Guillaume Soro est proprement son fils symbolique et adoptif, avec dans ses veines le même sang politique que lui, forgé dans leur lutte solidaire et commune contre l’exclusion, la dictature et la gabegie dans les vingt dernières années chaudes de la Côte d’Ivoire. « Entre l’écorce et l’arbre, ne mets pas ton doigt », dit la chanson Makossa de Prince Ndedi Eyango du Cameroun. L’atome Ouattara-Soro est insécable. Lisons aussi les images de la réception des Ivoiriens à l’Elysée le 11 avril 2013. Alassane Ouattara, en s’adjoignant à sa droite sur la table des négociations avec la France, Guillaume Kigbafori Soro, indique clairement que l’unité de vision à la tête de la Côte d’Ivoire et la certitude de sa continuité historique sont les gages de sa sérénité dans les relations internationales. Lorsque l’exécutif et le législatif d’un pays parlent ensemble et d’une même voix à la face du monde, il est certain que ledit pays se fait maximalement entendre.

Alassane Ouattara veut aussi dire à tous ceux qui se sont hasardés à croire que Guillaume Soro n’a pas l’étoffe d’un homme d’Etat, d’aller se faire voir ailleurs. Dans l’écurie politique d’Alassane Ouattara,

Guillaume Soro est le produit par excellence de l’avenir. De son côté, Guillaume Soro montre, par sa loyauté exemplaire envers le Chef de l’Etat, par l’épaisseur de sa cuirasse politique internationale, consacrée par ses nombreuses visites réussies dans les meilleurs parlements démocratiques du monde, qu’Alassane Ouattara peut densément compter sur sa disponibilité à servir la vision politique destinale qu’il assigne à la nouvelle Côte d’Ivoire. Toujours présent quand il le faut aux côtés du Président ivoirien, Guillaume Soro consolide les fondements de l’espérance légitime des Ivoiriens de voir Alassane Ouattara continuer et parachever patiemment son œuvre de rétablissement de la modernité ivoirienne sur des bases solides, afin que demain, rayonne la relève dont l’Afrique attend les semailles pour ébranler positivement la face de la planète.

La France hollandienne quant à elle, adresse aux crieurs aphones de Gbagbo, et aux marchands d’illusions de l’anticolonialisme dogmatique, un message d’une aveuglante clarté. Sauront-ils l’entendre, nos Miaka Oureto et consorts, habitués à entrer par les portes dérobées dans les palais de cette Franc qu’ils houspillent et dénigrent pourtant à la première occasion avec allégresse ? François Hollande montre par la bienveillance et la solennité de son accueil élyséen du 11 avril 2013 que la légitimité du régime RHDP dirigé par le Président Alassane Ouattara est incontestable et incontournable en Occident comme en Afrique. Une illusion frontiste crève ainsi dans l’air, tel un ballon de baudruche. La politique de boycott et de sabordage choisie par le FPI n’émeut plus personne de sérieux en France. Mieux encore, consciente de la diversité complémentaire d’Alassane Ouattara, républicain libéral, et de Guillaume Soro, libéral de gauche, aux sommets de l’exécutif et du législatif ivoiriens, la France hollandienne, qui a très tôt pris ses distances avec le boulanger de Mama depuis 2004, a compris qu’il y a matière à poursuivre sereinement sa coopération multiforme avec ceux que les Ivoiriens ont réellement choisi. Quoi de plus clair pour que le FPI comprenne qu’il est temps pour lui de rentrer enfin dans la bergerie de la démocratie, qu’il ne cesse de fréquenter en pointillés, au profit d’un populisme stérile qui lui a valu sa bien risible déchéance ? La gauche et la droite modernes ivoiriennes sont représentées dans le RHDP. Le FPI, par cette ouverture solennelle des portes de l’Elysée à l’enfant prodigue de cette gauche ivoirienne moderne qu’est Guillaume Soro, devrait perdre ses dernières illusions de pureté idéologique et de légitimité socialiste. La France de François Hollande, que le président Alassane Ouattara et son dauphin constitutionnel ont ardemment invité à venir visiter officiellement la Côte d’Ivoire, met le cap sur l’action pour le développement harmonieux et la stabilité de la jeune démocratie ivoirienne. Elle avance avec ceux qui ont compris, tel Guillaume Soro dont je cite un adage en épigraphe de cet article, que « C’est quand c’est dur que les durs avancent. » Chapeau bas aux intrépides modernisateurs de la nouvelle Côte d’Ivoire !

Une tribune internationale de Franklin Nyamsi

Agrégé de philosophie, Paris, France

Le 12 avril 201

[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]

Commentaires Facebook