Il ya deux (2) ans, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire capturaient Laurent Gbagbo, le vaincu-vainqueur des élections présidentielles de sortie de crise du 28 novembre 2010. Il s’était autoproclamé vainqueur de ce scrutin au détriment d’Alassane Ouattara, vainqueur de cette élection certifiée les Nations unies. Dans le souci d’éviter un affrontement armé, quarante-huit (48) heures après le scrutin présidentiel, Guillaume Kigbafori Soro alors Premier Ministre de Côte d’Ivoire s’est rendu à la résidence de l’ancien Chef d’État Laurent Gbagbo qui s’était inscrit dans une logique de confiscation du pouvoir afin de le convaincre à laisser la proclamation des résultats suivre son cours. L’actuel Président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, M. Guillaume Kigbafori Soro qui s’en rappelle comme si c’était hier laisse entendre :
« Le 30 novembre 2010, j’ai eu un entretien avec l’ancien Président à sa résidence. Je vous passe les détails de mon arrivée là-bas qui n’était visiblement pas souhaitée. Nous nous sommes rencontrés en tête-à-tête et j’ai dit au Président, M. le Président, les nouvelles ne sont pas bonnes pour vous, M. Ouattara vient en tête. Je souhaite que vous acceptiez. Qu’on laisse proclamer ces résultats. Monsieur le Président, on n’est pas un grand homme simplement parce qu’on est président. Monsieur le Président, je vous en supplie, laissez les élections se faire parce que si vous refusez, je n’ose même pas imaginer la crise que notre pays va vivre ».
Mais dans sa folie conservatrice du pouvoir, Laurent Gbagbo n’a pas voulu entendre raison. Il a poussé l’outrecuidance à s’attaquer à ses concitoyens et aux étrangers vivant sur le sol ivoirien. Et pourtant, une fois de plus, Guillaume Soro avait appelé à un règlement pacifique de la crise et avait donné tous les gages pour une sortie honorable de l’ex-président.
« Moi-même, j’ai appelé le Général Dogbo Blé qui est encore vivant et à qui vous pourriez poser la question. Je lui ai dis : Mon Général, la ville d’Abidjan est encerclée. Je ne veux pas de sang versé dans la ville d’Abidjan. Je vous demande en tant que Commandant de la Garde républicaine d’aller voir le Président Gbagbo et lui demander de laisser tomber les armes. S’il n’a pas confiance en ce que je dis, il peut solliciter l’ONUCI ou les Français pour sa sécurité. J’ai même dis à Dogbo Blé que si Gbagbo acceptait de laisser le pouvoir, je m’engageais à négocier un poste pour lui auprès du Président Alassane et avec ses pairs de l’Union africaine, pour qu’il ait un poste comme le général Sékouba de Guinée et autres. Le Général Dogbo Blé m’a répondu qu’il était militaire, qu’il savait se battre et qu’il avait les moyens de se battre. À partir de là, j’ai compris que les hostilités ne pouvaient qu’être évidentes. Nous sommes donc rentrés à Abidjan. Ce qui s’est passé à Abidjan, c’est que les miliciens de Gbagbo ont commencé à attaquer invariablement les citoyens et même les diplomates français. Le cas de l’Ambassadeur du Japon est palpable. C’est dans ces conditions que les Nations unies ont décidé de bombarder et de détruire les armes lourdes de Gbagbo. C’est dans ces conditions également que nos hommes ont pu rentrer jusqu’à la résidence de Gbagbo ».
Et c’est dans le strict respect des droits de l’Homme que Laurent Gbagbo fut d’ailleurs capturé. Humaniste jusqu’à l’excès, Guillaume Soro, en tant que Premier Ministre et Ministre de la Défense avait intimé l’ordre aux Forces républicains de Côte d’Ivoire de ménager l’ancien dictateur des Lagunes. Conduit à l’Hôtel du Golf en compagnie des membres de son pré-carré, il fut logé, nourri et blanchi. Là où le printemps arabe n’a pas ménagé Hosni Moubarak de l’Égypte, Ben Ali de la Tunisie et Mouammar Kadhafi de la Lybie. À ce propos, voici la déclaration faite par l’ancien Premier Ministre Soro.
« Nous avons donné des instructions à nos hommes pour leur dire que nous ne voulons pas qu’il arrive quoi que ce soit à un seul cheveu de Gbagbo. Nous avons préparé les gilets par balle pour le protéger. Il y avait plus de cent-sept (107) personnes dans le bunker, nous les avons tous sortis sains et saufs à l’exception de l’ancien ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro. Évidement, c’était un grand acte de réconciliation que nous voulions donner aux Ivoiriens. Dans d’autres pays, certains dirigeants n’ont pas eu cette chance. Kadhafi n’a pas eu cette chance en Lybie. Vous croyez que si c’était nous qu’on avait encerclé à l’Hôtel du Golf, je serai aujourd’hui parmi vous ? ».
En entendant le verdict de l’audience de confirmation des charges contre lui par la CPI pour crime de guerre, crime contre l’humanité, Laurent Gbagbo croupit toujours à la prison de la Haye au Pays-Bas depuis le 30 novembre 2011.
Mélissa Nanga
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