Côte d’Ivoire – Les déguerpis d’Abobo se réinstallent progressivement

abobo
Commando invisible

Difficile de circuler aujourd’hui sur certaines artères de la commune d’Abobo (Abidjan), notamment les voies autour du grand marché. Automobilistes, piétons, vendeurs ambulants, motocyclistes… tentent de se frayer un chemin sous un soleil de plomb en cette journée du mois de mars. Cette atmosphère délétère entretenue par les bruits de moteurs, des klaxons, des fumées noires dégagées des pots d’échappement des engins à moteur, les appels des vendeurs ambulants, fait que chacun est pressé de quitter ce lieu suffisamment engorgé. Et tout le monde veut passer au même moment.

Finalement personne n’avance et cela crée de grands bouchons qui peuvent durer plusieurs minutes aux heures de pointe. Dans cette anarchie, de petits vendeurs proposent aux usagers des sachets d’eau glacée ou des fruits pour étancher leur soif. Ils en ont vraiment besoin.
Cette situation est consécutive à l’occupation anarchique des trottoirs surtout dans les alentours du grand marché de la commune. En effet, les commerçants, transporteurs, conducteurs de pousse-pousse, coiffeuses, gérants de cabines téléphoniques et autres personnes occupent illégalement les trottoirs déguerpis. Chassés à plusieurs reprises, ces occupants se réinstallent.

« La mairie nous a dit de partir d’ici. En juin dernier, mon étal a été détruit par un engin municipal. Mais jusque-là, on ne nous a pas recasé. En attendant j’occupe provisoirement cet espace », a expliqué Fatou Diarrassouba, commerçante de vivriers. Non loin d’elle, d’autres commerçants se sont même installés sur une partie de la chaussée. De peur de laisser leurs marchandises être écrasées par les automobilistes, ils les retirent précipitamment, chaque fois que des véhicules s’approchent de leurs étals.
Le problème est que l’occupation de la chaussée par ces vendeurs, entraîne son rétrécissement dont la conséquence immédiate est l’engorgement de la route. Tous ceux qui « squattent » momentanément les trottoirs jouent à cache-cache avec les forces de l’ordre ou les agents municipaux. « Parfois, quand on est installé, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) viennent nous chasser. Le jour où ils sont absents, on profite pour faire rapidement quelques affaires », révèle Kacou J, revendeur de téléphones mobiles.
Outre les commerçants, le désordre est occasionné en grande partie par les transporteurs qui occupent abusivement certaines voies, en dépit des panneaux de signalisation leur indiquant le stationnement interdit. De fait, les autorités municipales avaient placé beaucoup d’espoir en la construction de la nouvelle gare routière d’Abobo. Selon la mairie, ce projet avait pour but de désengorger les ronds-points de la mairie et le grand marché, une fois que les transporteurs seraient partis. Aujourd’hui, l’ancienne gare routière a été déguerpie et sécurisée par une clôture.

Cependant, les transporteurs continuent de mener leurs activités aux alentours de ce lieu. Plus grave, les taxis communaux qui attendent les passagers stationnent aussi le long de la voie entre la mairie et la gare routière. C’est le même constat pour les minicars ou « gbaka » qui chargent les clients à destination d’autres communes: Adjamé, Anyama. Cet espace, considéré comme tête de pont par certains transporteurs, est toujours engorgé.

Autres lieux, mais même réalité: la route du zoo. Ici, de gros camions sont tout le temps stationnés des deux côtés de la chaussée. Cela contribue aussi à perturber la circulation. De plus, les bretelles se trouvant de part et d’autre de la voie express de cette commune, libérées en juin dernier, sont aujourd’hui obstruées par endroit, les rendant du coup impraticables à la circulation. Cette triste réalité est observée d’Anador au quartier Avocatier.

L’on se rappelle qu’à l’initiative du groupement tactique 9 des Frci basées à l’escadron de la gendarmerie d’Abobo, les forces de l’ordre ont dégagé les étals, les tabliers, les voitures stationnées et abandonnées, et les personnes installées anarchiquement sur les trottoirs et autres voies de dégagement tout au long de cette autoroute. Des consignes ont été données pour que dorénavant les véhicules ne s’arrêtent ou ne stationnent sur cette route, sauf s’ils montent sur le terre- plein.

L’objectif de cette opération avait été précisé par le commandant de ce groupement tactique, Koné Gaoussou: « L’occupation anarchique des voies par des commerçants et les usagers de la route a entraîné l’encombrement et le rétrécissement de la chaussée. Ce qui fait qu’aux heures de pointe, il y a des embouteillages. De plus, les bretelles sont tout aussi obstruées pour les mêmes raisons. Nous menons cette opération pour assainir la voie et surtout faire en sorte que les voies de dégagement soient opérationnelles et livrées à la circulation. L’objectif étant d’assurer la fluidité routière », a-t-il justifié.
Pour le suivi et la durabilité de cette opération, il avait fait poster de façon permanente des éléments Frci aux endroits critiques de la commune pour rappeler à l’ordre tout automobiliste réfractaire à cette mesure. C’était en juin 2012. Mais, lorsque ceux-ci sont absents, les règles de la circulation routière ne sont plus respectées et cela occasionne l’encombrement. Tout se passe comme s’il faut un agent des forces de l’ordre derrière chaque usager pour faire régner l’ordre. Ce qui est impossible vu que ces éléments ont d’autres charges.

Sur la question du désordre, les autorités municipales semblent être dépassées par l’ampleur de la situation. « Le problème c’est le suivi. Nous avons conduit de belles opérations de déguerpissement. Malheureusement, il n’y a pas eu de suivi, faute de moyens consistants et nous constatons avec beaucoup de regret le retour des gens. Ce qui voudrait dire que tout est à refaire », a révélé Niagne Olivier, sous-directeur de l’environnement et du cadre de vie à la mairie d’Abobo.

Par ailleurs, l’opération « pays propre » menée par le ministère de Salubrité urbaine n’a réellement pas touchée les voies intérieures de cette commune. Une véritable « cure » s’impose donc dans la cité du maire Adama Toungara pour des questions d’assainissement.

ALFRED KOUAMÉ
Correspondant

Fraternité Matin

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