Côte d’Ivoire : Mesures sécuritaires d’envergure dans l’ouest du pays, la pacification de la région en marche ?
ABIDJAN (Xinhua) – Les autorités ivoiriennes s’attèlent à mettre en oeuvre des mesures sécuritaires d’envergure dans l’ouest du pays afin de pacifier cette région en proie à des violences récurrentes.
A la faveur d’une visite durant le week-end pascal dans le département de Bloléquin qui a subi trois attaques d’hommes armés en l’espace de 10 jours, le ministre ivoirien de l’Intérieur Hamed Bakayoko a tenté de rassurer les populations en déclinant les dispositions prises par le gouvernement pour restaurer la quiétude.
M. Bakayoko a annoncé la mise en place dans l’urgence d’un commissariat de police ainsi que la réhabilitation dans les prochains jours de tous les postes frontaliers de la région.
« Nous allons présenter au gouvernement un plan sécuritaire pour la région », a promis le ministre qui a exhorté les préfets des différentes localités à s’impliquer dans le règlement des problèmes tels que les conflits fonciers.
« Ces problèmes seront abordés lors d’une réunion du conseil national de sécurité mardi », a révélé Hamed Bakayoko.
Face à la reprise des attaques meurtrières, le responsable de la sécurité intérieure a exhorté les Forces républicaines de Côte d’ivoire (FRCI) basées dans la zone à redoubler de vigilance.
LES AUTORITES LOCALES S’IMPLIQUENT
Précédant le ministre sur le terrain, les autorités préfectorales de l’ouest ont organisé une tournée dans la zone frontalière pour sensibiliser les populations et galvaniser les troupes de soldats.
« Soyez de bons citoyens, dénoncez aux forces de l’ordre tous les mouvements suspects », a indiqué aux populations le préfet de Zouan Hounien, Lacina Fofana, invitant les communautés à se tendre la main et à cohabiter dans la cohésion.
Les préfets de Toulepleu et de Bloléquin et le sous-préfet de Taï ont également multiplié ces types d’initiatives, dans la perspective d’une normalisation de leurs circonscriptions administratives.
L’ONU EN APPUI
L’ONU ne demeure pas en reste dans les actions de sécurisation de cette région « sensible » qu’est l’ouest ivoirien.
Lors d’une conférence de presse, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU Albert Koenders de l’ouest ivoirien a réitéré l’appui de la mission onusienne pour le retour de la paix dans le pays, notamment à l’ouest où de récentes violences meurtrières se sont signalées.
Dès le début des violences, l’Opération des Nations-Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a envoyé des renforts de Casques-bleus, ainsi que deux hélicoptères de combat pour appuyer le dispositif des forces ivoiriennes.
« Nous sommes déterminés à stabiliser le pays et ses citoyens, et rien ne nous détournera de nos objectifs », avait souligné M. Koenders.
Le chef de l’ONUCI a par ailleurs annoncé une réunion de haut niveau entre les autorités civiles et militaires du Libéria, de Côte d’ivoire et les autorités militaires onusiennes pour plancher sur la sécurisation de la zone frontalière, théâtre d’assauts répétés d’individus lourdement armés.
En plus de l’aspect militaire, Albert Koenders a souhaité que la question du foncier soit traitée en profondeur, afin que la crise soit attaquée à ses racines.
LE FONCIER : LE NOEUD GORDIEN ?
Pour plusieurs observateurs, le problème du foncier est le noeud gordien des violences à répétition et il convient d’y trouver une solution durable.
« Au-delà des considérations politiques, le feu couvait depuis longtemps concernant les problèmes de terre », a expliqué Firmin Lozoua, juriste et enseignant dans une université d’Abidjan.
De l’avis de celui-ci, au regard des personnes cibles, l’incursion de bandes armées s’apparente parfois à des règlements de compte entre autochtones et allogènes.
« L’on ne doit pas lier toutes ces violences à des mobiles politiques », a-t-il estimé.
JUGULER LA CIRCULATION DES ARMES
« Une autre réalité que l’on doit prendre en compte est la circulation illicite des armes dans la région, des armées détenues en majorité par des ex-combattants », a noté M. Lozoua.
A l’issue d’une tournée dans la région ponctuée de rencontres avec des ex-combattants de l’ouest, le directeur général de l’Autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (ADDR) Fidèle Sarassoro également mis le doigt sur le phénomène de circulation d’armes , tout en réaffirmant la volonté du gouvernement à garantir un climat de sécurité.
« L’ADDR qui a pour objectif premier de garantir un climat de sécurité qui passe par la collecte d’armes car il faut le dire, des armes sont encore cachées », a relevé M. Sarassoro.
A en croire celui-ci, tous ont confirmé qu’il y’a des armes qui circulent mais il faut une démarche spécifique de persuasion pour les convaincre.
Pour freiner la circulation des armes de guerre et éviter que des ex-combattants oisifs s’adonnent à la violence, l’ADDR a par ailleurs prévu des stratégies de réintégration dans les corps paramilitaires tels que l’administration douanière, l’administration pénitentiaire et la police forestière, le secteur privé et l’auto-emploi.
L’ouest ivoirien qui a payé un lourd tribut à la crise post- électorale ivoirienne qui a opposé les pro-Gbagbo aux pro-Ouattara connait une résurgence de la violence après une période d’accalmie.
Des récentes attaques y ont fait une vingtaine de morts et 3 000 déplacés, semant l’inquiétude au sein des populations.
Les autorités affichent leur détermination à rétablir l’ordre et la quiétude dans cette région, redonnant de nouveau espoir aux habitants de cette zone forestière qui constitue l’un des greniers du pays.
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