Affaire Bettencourt: Sarkozy suspend « tout recours » le juge menacé

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Le Point.fr –

L’ex-président de la République a préféré attendre la décision que doit rendre le Conseil supérieur de la magistrature, selon son avocat Thierry Herzog.

L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, qui avait fait annoncer un recours contre sa mise en examen dans l’affaire Bettencourt, a décidé de le « suspendre » en attendant l’avis du CSM sur les commentaires entourant cette mise en examen, a annoncé jeudi son avocat Me Thierry Herzog. « Monsieur Nicolas Sarkozy, respectueux des institutions de la République, m’a demandé de suspendre tout recours, en l’attente de l’avis du Conseil supérieur de la magistrature », a indiqué Me Herzog dans un très bref communiqué. L’avocat n’était pas disponible dans la foulée pour commenter ce communiqué, qui semble être une décision d’apaisement après une semaine de grande agitation politique et médiatique autour de cette mise en examen.

Jeudi soir dernier, s’exprimant à la sortie du tribunal de grande instance de Bordeaux où son client venait d’être mis en examen pour abus de faiblesse aux dépens de Liliane Bettencourt, Me Herzog avait dénoncé une décision « incohérente sur le plan juridique », et « injuste ». Il avait ajouté qu’il allait en conséquence « saisir immédiatement la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Bordeaux pour former un recours ». Les commentaires entourant cette mise en examen, notamment de la part des partisans de Nicolas Sarkozy, ont été particulièrement virulents depuis lors, particulièrement contre le juge d’instruction Jean-Michel Gentil, auteur de la mise en examen avec ses collègues Cécile Ramonatxo et Valérie Noël. Celui-ci a d’ailleurs reçu mercredi une lettre de menaces explicites au tribunal.

Mercredi aussi, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), instance suprême de la magistrature, a fait savoir qu’il avait été saisi par la ministre de la Justice Christiane Taubira sur « les conséquences pour le bon fonctionnement de la justice » de toute cette affaire. La formation plénière du CSM a ainsi été saisie d’une « demande d’avis sur les conséquences (…) sur le bon fonctionnement de l’institution judiciaire et sur la sérénité de la Justice de propos récemment tenus au sujet d’une procédure judiciaire suivie au tribunal de grande instance de Bordeaux », avait indiqué le CSM dans un communiqué reprenant des passages du courier de la ministre. Le CSM doit se réunir « très prochainement » pour préparer cet avis, avait précisé à l’AFP le secrétaire général du CSM, Peimane Ghaleh-Marzban.

Lettres de menaces: un groupe inconnu a écrit au juge Gentil
Le Point.fr –

Le juge Jean-Michel Gentil, qui a mis en examen Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse dans l’affaire Bettencourt, a reçu mercredi un courrier contenant des menaces de mort et des cartouches à blanc, annonce le Syndicat de la magistrature. Ces menaces visent le magistrat, ses proches, et des membres du Syndicat de la magistrature. Le syndicat, classé à gauche, lie l’envoi de ce courrier au climat provoqué par les réactions virulentes des proches de l’ancien président à sa mise en examen et appelle à la retenue et à la « responsabilité ». La lettre reçue mercredi au palais de justice de Bordeaux est signée d’un groupe se baptisant « IFO », « Interaction des forces de l’ordre Paris-Melun-Rouen-Caen-Cherbourg-Rennes », et l’accuse de faire partie d’un « groupuscule de juges rouges », a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. De source proche de l’enquête, d’autres lettres signées de ce groupe ont été envoyées, et les enquêteurs s’employaient jeudi à en établir la liste.

Sans citer ce sigle, une autre personnalité ayant été destinataire d’une lettre du même genre, le journaliste Jean-Pierre Elkabbach, a indiqué jeudi que le courrier ainsi qu’un autre adressé à son confrère d’i>Télé Michaël Darmon proviendraient « du même groupe ». La lettre reçue à Bordeaux est adressée à « Jean-Michel Gentil, du Syndicat de la magistrature, fondé en mai 1968, groupuscule de juges rouges révolutionnaires, social-soviétiques, totalitaires, enragés et engagés politiquement », alors que Jean-Michel Gentil n’est pas membre de ce syndicat de magistrats situé à gauche.

Une idéologie héritée de la « terreur et de la privation des libertés »

On lui reproche de ne pas avoir respecté « l’objectivité et la neutralité dans la fonction confiée », d’avoir « franchi l’irréparable » en étant « conditionné par (son) idéologie, héritée de la terreur et de la privation des libertés ». « Certes, vous êtes physiquement bien protégé, poursuit l’auteur, nous ne sommes pas en mesure d’intervenir dans le Sud-Ouest. » « Qu’à cela ne tienne, menace le courrier, l’un des vôtres va disparaître dans un secteur géographiquement plus proche et beaucoup moins risqué », et « payer de sa vie votre volonté discrétionnaire de déstabilisation du pays par votre assujettissement à la gauche totalitaire soixante-huitarde ». La lettre le menace de devoir « finir comme (ses) tristes prédécesseurs, lorsque nous aurons pu vous atteindre personnellement, ou à défaut un membre de votre entourage ».

« Les cartouches jointes sont à blanc en attendant de monter nos interventions », remarque l’auteur, concluant « Gentil et Elkabbach, même combat pour la liberté républicaine contre la lutte des classes avec une certaine idée de la France ». Ils sont qualifiés au passage de « salopards ». Dans une note en post-scriptum, l’auteur, dans un style se voulant très policier, signale aux « BR » (brigades de recherches), à « la Scientif » (la police scientifique) et aux « labos », que le courrier a été rédigé et expédié de telle sorte qu’il ne soit pas possible d’y trouver des indices comme des traces ADN ou sa provenance, rendant ainsi impossible de « loger (repérer, NDLR) quiconque ».

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