Après des années d’intenses et rudes activités de militantisme politique, les militants des principaux partis politiques ivoiriens semblent aujourd’hui revenir à la réalité. Elle est brutale et acerbe. Qu’ils soient issus des formations politiques au pouvoir ou de l’opposition, ils sont désormais confrontés à une déprime post-crises politiques. Pendant plusieurs années, ils se sont affrontés, défiés et agressés jusqu’à la mort. Aujourd’hui, ils se retrouvent, avec les mêmes frustrations, la même pauvreté et le sentiment d’être toujours les grands oubliés, après avoir été manipulés et utilisés.
Malgré la violence des charges des forces de sécurité ou des milices armées qui utilisaient des armes de guerre contre eux, leur détermination restait toujours intacte. Malheureusement, certains sont tombés en manifestant pour l’instauration d’un Etat de droit et de liberté. Ils manifestaient pour que notre pays s’inscrive enfin dans la légalité et dans le respect de la souveraineté de son peuple, acquise par les urnes. Parmi ceux qui sont tombés aux côtés de ceux qui témoignent aujourd’hui, le sanglot dans la voix, certains rêvaient d’une Côte d’Ivoire enfin unifiée, dans laquelle la discrimination ethnique et religieuse serait bannie. De sang froid, ils ont été abattus lâchement par des personnes manipulées qui ne savaient même pas pour quelle raison elles tuaient. Ces martyrs rêvaient d’une nation dans laquelle il ne fallait plus corrompre des agents de l’Etat pour s’inscrire à un concours administratif. Ils souhaitaient tout simplement vivre dans un Etat de droit.
Certains de ces survivants, avaient juré de continuer le combat en souvenir de leurs camarades tués. Pour eux, tant qu’ils seront debout, la rage au ventre et assoiffés de justice sociale et surtout de reconnaissance pour leur engagement aux côtés des dirigeants de leur parti politique, ils continueront à écrire et à raconter partout, comment leurs amis sont morts en défiant avec bravoure et sens de la responsabilité ces chiens de guerre. Ils continueront à écrire et à raconter aux générations futures comment leurs camarades sont tombés pour l’honneur et l’amour de la patrie. Ils se sont jurés de ne laisser personne raconter à leur place ce qu’ils ont vécus et ressentis face à la mort qui rodait autour d’eux. Ils ne veulent laisser personne raconter et décrire la souffrance et la douleur de leurs camarades tombés, pour faire respecter la voix des urnes. Ils veulent continuer encore et encore à raconter la fierté qu’ils ont eu à défendre la république, les mains nues, face à ceux qui avaient peur de perdre leurs privilèges et conforts matériels acquis au détriment du bien être du peuple. Demain, après-demain, dans les décennies à venir, ils veulent toujours continuer à raconter et à écrire pour les générations futures comment chacun d’entre eux s’est battu en espérant que nous puissions enfin vivre ensemble dans un Etat de droit, de liberté et de fraternité. À tous ceux qui raconteront demain à leur place, ces moments historiques sans y avoir participé ni contribué, ils souhaitent répondre tout simplement, qu’ils y étaient et qu’ils ont vu et soutenu dans la douleur leurs camarades tombés et s’éteindre sous les bruits assourdissants des armes de guerre. Ils veulent dire à ceux-là, qu’ils ont contribués modestement avec tous les autres dans le monde entier à faire en sorte que notre pays retrouve enfin le chemin de la raison et de l’unité nationale.
Ils souhaitent aujourd’hui que tous ceux qui se sont sacrifiés pour que cette liberté soit retrouvée, ne soient jamais oubliés. Ils souhaitent surtout que cette liberté acquise dans la douleur et dans le sang, ne soit pas un trompe-œil qui permet à une poignée de personnes de cumuler aujourd’hui les postes et fonctions au sommet de l’Etat. Ils souhaitent aussi, que les dirigeants de leur parti se souviennent surtout de leurs camarades morts pour cette liberté acquise au prix de milliers de vies humaines. Et enfin, qu’ils se souviennent de ceux qui vivent seuls, avec des traumatismes de guerre qui hantent jours et nuits leur esprit, dans l’abandon et le mépris de leurs responsables politiques, au pouvoir ou dans l’opposition. Aujourd’hui, ils espèrent simplement qu’on ne les oublie pas dans leurs détresses.
Macaire DAGRY
23 mars 2013
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