En Centrafrique les rebelles dans la capitale Bangui

Le 5 janvier 2013, les forces de sécurité du gouvernement patrouillent dans Bangui. (AP-SIPA / Ben Curtis)
Le 5 janvier 2013, les forces de sécurité du gouvernement patrouillent dans Bangui. (AP-SIPA / Ben Curtis)

Des détonations ont retenti samedi aux portes de la ville. La France a demandé une réunion d’urgence du comité de sécurité de l’ONU.

La présidence de François Bozizé ne semble plus tenir qu’à un fil. Les rebelles centrafricains de la coalition Séléka ont annoncé samedi soir par la voix de l’un de leur porte-parole à Paris, Éric Massi, qu’ils venaient de faire leur entrée à Bangui, la capitale du pays. «Nos éléments viennent d’entrer au PK 12 (point kilométrique 12 qui marque l’entrée dans la ville, NDLR). On appelle les populations à rester chez elles, les Faca (Forces armées centrafricaines, NDLR) à ne pas combattre, et le président Bozizé à partir», a-t-il déclaré. Peu auparavant, le général gabonais Jean Félix Akaga, commandant de la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac) rapportait des détonations entendues dans ce secteur.

Devant l’évolution de la situation, Paris a demandé «samedi une réunion d’urgence du conseil de sécurité des nations unies», a annoncé Romain Nadal, porte-parole diplomatique à l’Elysée. Ce dernier a ajouté que Paris demandait à ses ressortissants de «rester chez eux», aucune évacuation n’étant ordonnée «pour le moment». Le plan de protection des ressortissants inclut ceux d’autres pays qui en feraient la demande, a-t-il précisé. La France dispose d’un contingent de 250 hommes dans le pays. Une source diplomatique française a par ailleurs assuré que des troupes françaises supplémentaires avaient été envoyées pour sécuriser l’aéroport de Bangui face à l’avancée des rebelles. «Une compagnie a été envoyée pour renforcer et sécuriser l’aéroport de Bangui. L’aéroport est désormais sécurisé», a dit cette source.

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Le président Bozizé dans la capitale

La situation paraissait déjà suffisamment grave vendredi soir pour que la France demande déjà une réunion du Conseil de sécurité. Paris avait placé en état d’alerte ses troupes stationnées à Libreville. Mais le gros des forces tricolores mène actuellement la guerre au Mali. «Si nous sommes présents en Centrafrique, avait, en fin d’année dernière, déclaré François Hollande, ce n’est pas pour protéger un régime, c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays.»

A Bangui, écoles et commerces ont fermé leurs portes dès vendredi. Des habitants ont cherché à traverser le fleuve Oubangui pour gagner la République démocratique du Congo mais la majorité de la population se terre chez elle. Le président Bozizé, qu’une rumeur avait annoncé en fuite, est en fait revenu vendredi après-midi de sa visite en Afrique du Sud.

Les accords de Libreville

Le 11 janvier, le président Bozizé a accepté un compromis avec les rebelles en signant à Libreville des accords ayant débouché sur la formation d’un gouvernement d’union nationale. Parmi les points d’accords figuraient le retrait des troupes sud-africaines et ougandaises, l’intégration des combattants de la Séléka dans l’armée, et la libération de prisonniers politiques.

Dimanche dernier, la rébellion de la Séléka a accusé le président Bozizé de ne pas respecter ses engagements. Lundi, des troupes de la Séléka ont fait mouvement dans le sud et commencé une progression vers l’est en direction de la capitale. Mercredi le président Bozizé a signé le décret permettant de libérer «tous les prisonniers politiques et de guerre mentionnés dans les accords de Libreville».

Ce geste présidentiel est-il arrivé trop tard? Un groupe de rebelles a finalement franchi la «ligne rouge» de Damara, tandis qu’un deuxième groupe attaquait la ville de Bossangoa, dans la moitié nord du pays. Et vendredi soir, Bangui était à portée de fusil.

Par Thierry Portes, lefigaro.fr

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