La dislocation du Rhdp ne tient pas seulement aux ressentiments nés du partage des postes. Des questions d’ordre idéologique et doctrinal opposent frontalement les principaux alliés. En tête de ces sujets sur lesquels le Rdr et le Pdci ont des positions pratiquement inconciliables, figurent la nationalité et le foncier. Fidèle à ses racines nationalistes, le Pdci s’est opposé du temps de ses pères-fondateurs à toute politique ou initiative attentatoire aux intérêts nationaux. La longue lutte contre les colons pour la décolonisation et la défense des intérêts des citoyens trouve son fondement dans cette posture originelle. Même si, avec le temps, la dimension nationaliste a subi quelques érosions sur l’autel des intérêts personnels de certains dirigeants, le parti créé par Félix Houphouet-Boigny ne s’est pas totalement renié. Ainsi, sur la question de la nationalité, la position du Pdci n’a jamais varié. Le parti doyen refuse le bradage de la nationalité ivoirienne. La guerre de l’ivoirité qui a opposé Henri Konan Bédié à Alassane Dramane Ouattara tire son origine dans la lutte pour la protection de la nationalité. Le premier, soupçonnant le second d’avoir usurpé la nationalité ivoirienne, a mobilisé son gouvernement pour contrer ce qu’il considérait comme une imposture inacceptable. Avant cet épisode, les deux hommes se sont affrontés sur la privatisation. Là où Bédié se battait pour préserver le patrimoine national, Ouattara, au nom d’un libéralisme cristallin, excellait dans la privatisation des sociétés d’Etat. Quand le Pdci et d’autres partis militaient pour la protection de la fonction présidentielle, le Rdr rédigeait des projets de Constitution ouvrant les portes du palais présidentiel à tout venant. Certes, beaucoup d’eau a coulé sous le pont des « houphouetistes », mais les divergences semblent encore bien prononcées. Aujourd’hui, la question de la nationalité divise toujours. Le chef de l’Etat, selon des sources bien informées, veut soumettre au parlement une loi pour faire bénéficier la nationalité à un nombre important d’étrangers. Ce projet qui aurait des visées électoralistes (recherche de bétail électoral) ne rencontre pas l’adhésion du Pdci. Le parti de Bédié refuse le bradage de la nationalité et se prépare, dit-on, à combattre ce projet qui a pris corps sous le prétexte de lutte contre l’apatridie. S’agissant du foncier, les deux alliés ne parlent pas non plus le même langage. Le Rdr et son président prévoient également de soumettre à l’Assemblée nationale une loi qui pourrait favoriser l’accès des étrangers à la propriété foncière. Cette démarche contraste avec la position du Pdci qui est plutôt favorable à la protection du patrimoine foncier et s’accroche à la loi consensuelle de 1998 sur le foncier.
Ces deux sujets constituent, selon des analystes, de vraies bombes à retardement qui feront exploser définitivement le Rhdp déjà agonisant.
Jean Khalil Sella
Notre Voie
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