Par Patrice ALLEGBE
Source: alerte-info.net
Un sergent-chef de la police nationale ivoirienne et un sergent police ont été condamnés mardi respectivement à trois mois et deux mois de prison ferme, tandis qu’un troisième agent du même corps a été acquitté par le tribunal militaire d’Abidjan dans une affaire d’ »extorsion de fonds » à des chauffeurs de taxis communaux.
Des policiers prévenus devant le tribunal militaire d’Abidjan
Le sergent-chef de police, Ange Béhi, du 8e arrondissement de Cocody, une commune huppée à l’Est d’Abidjan, était accusé de « tentative d’extorsion de fonds et extorsion de fonds ». II lui était reproché d’avoir pris la somme de 2.000 Fcfa avec M. Yaovi Dossou, un chauffeur de taxi d’origine togolaise, notamment pour « mauvais stationnement ».
Quant aux sergents de police Gervais Zozoro Zoukou et Patrick Brou, du commissariat du 8e arrondissement, ils étaient poursuivis pour « extorsion de fonds » à l’égard de M. Kassoum Konaté, un autre chauffeur de taxi à Cocody, qui dit avoir remis à ces deux sous-officiers 1.000 Fcfa au lieu de 2.000 Fcfa comme exigé, pour « encombrement volontaire de la voie publique ».
Tous ces trois sous-officiers de police, en service au carrefour de l’église catholique Saint-Jean de Cocody, où des embouteillages sont fréquemment crées par des automobilistes, ont été interpellés le 20 octobre 2012.
Selon le plaignant, Yaovi Dossou, à la suite du constat de « contravention », le sergent-chef Ange Béhi, a lui retiré son permis de conduire, qu’il a récupéré plus tard contre la somme de 2.000 Fcfa, peu après avoir saisi l’Unité de lutte contre le racket (ULCR).
Le lieutenant de police Jérôme Aboutou, ayant ouvert la procédure d’enquête au niveau de l’ULCR, a témoigné avoir récupéré lui-même les sommes de 2.000 Fcfa et 1.000 Fcfa réclamés par ces chauffeurs. Elle a été restituée par le commandant du corps urbain du 8e arrondissement, le lieutenant Mathias.
Ce dernier a justifié avoir été « harcelé » par les enquêteurs de l’Ulcr, ce qui l’a amené à débourser cette somme afin que le « moral » et la « motivation » de ses agents ne prennent pas un coup.
Le lieutenant Aboutou a par ailleurs raconté avoir pris en « flagrant délit » les deux sergents, accusés de racket de 1.000 Fcfa. II a indiqué avoir vu un « geste » comme si les agents recevaient de l’argent. Après avoir rattrapé le chauffeur interpellé, celui-ci a confié avoir remis un billet de 1000 Fcfa avant de retirer son permis de conduire auprès des forces de l’ordre.
Tous les prévenus ont nié avoir reçu de l’argent de ces chauffeurs de taxis. Pour le parquet, représenté par le commissaire du gouvernement, le colonel Ange Kessi, cette accusation est « établie » mais les accusés usent de « mensonges », appuyés par leur chef.
Le commissaire du gouvernement, le colonel Ange Kessi a requis à cet effet « six mois de prison ferme avec 50.000 Fcfa d’amende pour chacun des prévenus ». Pour lui, le commandant du corps urbain a ainsi fait « un aveu de dévouement » parce qu’ »une preuve, ça se discute ».
« Nous sommes dans des supputations », a estimé l’avocat de la défense, Koné Benogo, qui a affirmé que « la preuve qui pouvait accabler les prévenus » était au moins une décharge, qui matérialise les faits.
Le sergent Gervais Zoukou a écopé de deux mois de prison ferme avec une amende de 50.000 Fcfa, le sergent chef Ange Béhi, trois mois avec 50.000 Fcfa d’amende, alors que leur collègue, le sergent Patrick Brou, qui conduisait le véhicule de service de la police ce jour, a été acquitté par le tribunal militaire.
Le président du tribunal militaire renvoyé les faits pour « poursuites non établies ». II a statué sur les déclarations des témoins et des accusés.
Les prévenus étaient détenus depuis trois mois à la Maison d’arrêt militaire d’Abidjan (MAMA). IIs devraient regagner leur poste de travail dès mercredi. Au-delà de la peine de six mois, l’agent de l’Etat est radié de la fonction publique.
PAL
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