Les dessous du soutien du Fpi à Uhuru Kenyatta

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Kisselminan COULIBALY
source Soir info

Raila Odinga, le rival de Uhuru Kenyatta, s’était rangé, en 2011, du côté d’Alassane Ouattara, en pleine crise post-électorale en Côte d’Ivoire.
Le fait aurait pu être anecdotique n’eûrent été son contexte et certaines considérations éminemment politiques.
En publiant une déclaration de soutien au président élu du Kenya, le Front populaire ivoirien (Fpi) ne s’accommodait pas juste d’une vieille tradition qui consiste dans un courrier de félicitation émis au vainqueur d’une élection, dans un pays proche ou lointain. Le parti socialiste véhiculait, par dessus-tout, cet autre message : celui d’un soutien à Uhuru Kenyatta, porté à la présidence de la République, nonobstant le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (Cpi) qui le vise. La déclaration signée de Miaka Ouretto, président par intérim du Fpi, n’évoque pas, à dessein, le mandat d’arrêt lancé par la Cpi contre celui qui est soupçonné d’être impliqué, dans les violences post-électorales, dans son pays, entre 2007 et 2008. Toutefois, le texte est ouvertement laudatif vis-à-vis de Uhuru Kenyatta : ses « qualités d’homme d’Etat » et « l’expérience » qu’il a acquise dans l’exercice « d’éminentes fonctions » sont vues, par le Fpi, comme des « atouts » qui permettront au fils du premier président du Kenya de réussir sa mission.

Le Fpi a de bonnes raisons de soutenir avec autant de ferveur le rival de Raila Odinga, lequel, d’ailleurs, conteste, en justice la victoire de Kenyatta. Son leader, Laurent Gbagbo, se trouve au centre pénitentiaire de Scheveningen, à La Haye et est accusé par la Cpi de crimes contre l’humanité dans les violences post-électorales en Côte d’Ivoire, entre 2010 et 2011. Miaka Ouretto et ses camarades conçoivent une sorte de communauté de destins quoique les deux situations ne soient pas exactement pareilles, Laurent Gbagbo ayant été visé par un mandat d’arrêt de la Cpi, une fois qu’il avait perdu le pouvoir tandis que Kenyatta qui était sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour, vient d’être élu président. Le Fpi perçoit chez Uhuru Kenyatta, un soutien politique de poids. Il serait la preuve, aux yeux des responsables de ce parti, que la Cpi a cette propension à s’en prendre à des dirigeants « souverainistes et nationalistes ». Le regard que porte le Fpi sur la juridiction est, en effet, éloquent. Il est contenu, dans une déclaration du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd), une coalition politique dont le Fpi est le chef de file : « …la Cpi est un instrument politique de répression, de chantage, d’intimidation des dirigeants du tiers-monde qui dérangent ou osent déranger l’ordre mondial établi pour que les plus riches soient de plus en plus riches et que les plus pauvres soient de plus en plus pauvres ». En assurant, dans son communiqué, Uhuru Kenyatta, de sa « disponibilité » à œuvrer à faire progresser le continent africain, Miaka Ouretto et le Fpi espèrent trouver un allié.

Sur un autre plan, le soutien du parti de gauche à Kenyatta, s’explique et se justifie par cette réalité historique : Raila Odinga, le rival de Uhuru Kenyatta, s’était rangé, en 2011, du côté d’Alassane Ouattara, en pleine crise post-électorale en Côte d’Ivoire. Le Fpi et ses dirigeants ont un arrière-goût amer de la médiation de Raila Odinga. Ce dernier, premier ministre du Kenya, avait été désigné médiateur de l’Union africaine dans la crise consécutive à la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire et Odinga était venu à Abidjan demander à Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir au profit de son adversaire, Alassane Ouattara, déclaré élu par la Commission électorale indépendante (Cei). Les responsables du Fpi conservent un triste souvenir du passage de Raila Odinga en Côte d’Ivoire. Sa médiation à l’époque associée à la vague de pressions à travers le monde, avait fini par avoir raison de l’incroyable pugnacité de Laurent Gbagbo.

Au Fpi, l’enthousiasme que procure l’élection de Uhuru Kenyatta est inversement proportionnel à l’hostilité de ce parti vis-à-vis de Raila Odinga.

Kisselminan COULIBALY

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