Ce que dit son avocat français
par KISSELMINAN COULIBALY
source Soir info
Quand bien même la déclaration de Bensouda ne concerne pas la Côte d’Ivoire, les partisans de Laurent Gbagbo se sont trouvé une raison d’espérer que leur champion n’ira pas en procès.
La dernière déclaration en date de la procureure Fatou Bensouda dans le dossier kenyan, associée à cette folle rumeur sur la démission de la Gambienne, a ravigoté les partisans de Laurent Gbagbo qui espèrent un abandon des charges contre leur champion. Ont-ils raison ? Décryptage.
Fatou Bensouda était certainement loin d’imaginer l’effet que susciterait sa récente déclaration sur les sympathisants de Laurent Gbagbo, lequel a comparu, récemment, à La Haye, dans le cadre de l’audience de confirmation des charges. La déclaration de la procureure auprès de la Cour pénale internationale dans le dossier kenyan avait ceci de spécifique qu’elle relayait un abandon des charges à l’encontre de Francis Muthaura, co-accusé du président élu, Uhuru Kenyatta. C’est une annonce, certes, peu fréquente mais, prise dans son contexte, elle reste chargée de sens.
Fatou Bensouda explique, dans son texte suffisamment médiatisé, qu’elle renonçait à poursuivre Francis Muthaura notamment parce que le gouvernement du Kenya n’a pas fourni « d’éléments de preuve de poids » à son bureau et que le principal témoin à charge dans l’affaire, a reconnu avoir « accepté des pots de vin ». Le successeur de Luis Moreno Ocampo évoque une « décision exceptionnelle » qu’elle n’a pas prise sur un coup de tête. La magistrate gambienne jure- surtout- que l’abandon des poursuites contre Muthaura, soupçonné comme Kenyatta, de crimes dans les violences post-électorales entre 2007 et 2008, n’a strictement rien à voir avec les « récents développements dans la vie politique kenyane ».
Quand bien même la déclaration de Bensouda ne concerne pas les affaires ivoiriennes, les partisans de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, se sont trouvé, au moins, une raison d’espérer que leur champion n’ira pas en procès ; que les juges de la Chambre préliminaire 1 ne confirmeront pas les charges contre celui qui est soupçonné d’être co-auteur indirect de crimes contre l’humanité dans les événements post-électoraux, dans son pays, entre décembre 2010 et avril 2011.
Quatre possibilités, explique Me Altit
Sur la toile et dans certains cénacles plutôt favorables à l’ancien président, on agite, volontiers, la thèse de « l’erreur judiciaire » et on revient amplement sur certaines déclarations de la défense lors de l’audience de confirmation des charges. Un internaute ressasse, ainsi, la preuve de l’image kenyane que Bensouda assure avoir reçu par erreur. Cet internaute publie la déclaration de Me Altit, conseil principal de Laurent Gbagbo, sur le sujet : « S’il avait réellement enquêté, le procureur n’aurait pas transmis à la défense comme preuve à charge des images de violence s’étant déroulées au Kenya. S’il avait enquêté, il aurait dû prendre en compte la réalité de la situation et prendre en compte les éléments innocentant le président Gbagbo ».
Fatou Bensouda ne sait probablement pas l’interprétation que font les pro-Gbagbo de sa sortie dans le dossier kenyan. Ils ne sont pas les moins nombreux ceux de ses partisans qui espèrent un revirement. Un revirement signifierait l’abandon des charges et la relaxe de leur mentor.
Emmanuel Altit, premier défenseur de Laurent Gbagbo, ne se laisse pas aller à l’euphorie. Ici, un extrait de son seul entretien à un journal, au sortir de l’audience de confirmation des charges contre son client : « il y a quatre possibilités. La première est que les juges estiment que les éléments étayant les accusations du procureur ne sont pas convaincants. Deuxièmement, les juges peuvent confirmer seulement certaines charges et en infirmer d’autres. Ils peuvent également confirmer l’intégralité des charges. Enfin, les juges peuvent demander au procureur des précisions ou un complément d’enquête » (In le Point.fr). Les explications de l’avocat sont d’une extrême clarté. Son équipe déposera ses observations auprès de la Chambre préliminaire ce 28 mars 2013. Les juges auront, ensuite, soixante jours pour se décider.
En attendant, partisans et sympathisants de Laurent Gbagbo continueront à tourner dans tous les sens les déclarations de la procureure de la Cpi et- quand bien même la probabilité reste faible- ils espéreront encore un hypothétique abandon des charges contre le prisonnier de Scheveningen.
Kisselminan COULIBALY
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