Bouaké, des ex-combattants se révoltent et demandent 40 millions Cfa chacun

18 ex-membres du Gaspm démobilisés disent se sentir victimes d’injustice.
18 ex-membres du Gaspm démobilisés disent se sentir victimes d’injustice.

Hier à Bouaké, des ex-combattants se révoltent: «Nous avons été trahis» Ils réclament 40 millions de FCfa chacun

Par Ladji Abou SANOGO
Source Soir info

Après leur démobilisation « récente », dix-huit soldats, ex-membres du Groupement autonome de sécurité du Premier ministre (Gaspm) ont exprimé leur mécontentement à leur ancien patron, le Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Ils n’ont pas attendu longtemps pour donner de la voix. En tout cas, pour être en rogne contre le pouvoir en place, les ex combattants démobilisés l’étaient hier, lundi 11 mars 2013. Ils ont organisé une marche de protestation sur une dizaine de kilomètres. Partis de la gare routière, ils ont lu une motion adressée directement au président de la République, devant l’Onuci, leur destination finale, située au sud, à la sortie de la ville. Ces ex-combattants ont dit à qui veut l’entendre, que s’ils ne sont pas écoutés, ils ont un plan B qu’ils mettront en application.

Dans cette adresse, il est écrit : « M. le président de la République, nous ex-combattants démobilisés de Bouaké, disons non à la politique de réinsertion initiée par le directeur de l’Addr (autorité pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion). Nous avons vécu durant plus de 10 ans sans salaire. Nous ne recevons rien au titre de la démobilisation. Aujourd’hui, nous exigeons 40 millions FCfa par ex-combattant ». Et Ouattara Nagnomon Dramane, ex-combattant dans le bataillon 37, poursuit pour dire qu’ils n’en peuvent plus. A sa suite, l’ex-caporal Bajo Oumarou qui dit avoir appartenu à la compagnie guépard du mythique chef de guerre Chérif Ousmane, enfonce le clou. « Nous sommes ici ce matin parce que nous avons été trahis par des chefs de guerre. Vous savez, il y a beaucoup qui ne comprennent pas le sens du mot démobilisé. En son temps, les Forces de défense et de sécurité de l’ex-président Laurent Gbagbo avaient été démobilisées. Les Forces nouvelles aussi avaient été démobilisées. Mais cela ne veut pas dire qu’elles ne doivent pas intégrer l’armée. Aujourd’hui, on trouve que les 10 ans, voir 13 ans que nous avons passées ici, ont été sans importance. En son temps, le président de la République Alassane Ouattara lui-même avait dit que les 500 mille francs Cfa que Laurent Gbagbo nous avait promis, étaient peu et que s’il était élu, il allait faire mieux. Aujourd’hui, on n’entend même plus le président parler de Bouaké », a déploré l’ex-combattant qui a ajouté : « Nous sommes pris en otage par les propriétaires des maisons que nous louons. Ils nous ont vidés. On n’a même plus 5 francs Cfa pour acheter de l’eau ». Au seul nom Addr, prononcé par un confrère, ils se sont tous emportés et Bajo Oumarou d’attaquer : « Addr, c’est du faux. C’est des gens qui sont venus pour s’enrichir. Ils ne sont pas venus pour les ex-combattants. Nous demandons que ceux qui ont l’âge d’être intégrés dans l’armée, le soient. Mais au lieu de faire çà, ils envoient leurs copines, leurs frères, les frères de leurs copines à notre place. Nous sommes au courant de toutes leurs magouilles et nous disons que çà suffit comme çà ». « Maintenant, ceux qui ne seront pas insérés, on demande 40 millions F Cfa pour chacun », a-t-il indiqué.

A en croire ces ex combattants, au moment où l’on procédait au recrutement pour la douane, les eaux et forêts, les impôts et le trésor, ils n’étaient pas au parfum de qui se passait. « Au départ, nous n’étions pas au courant de leurs magouilles. C’est après que nous avons été mis devant le fait accompli. Ils ont recruté à notre place des gens qui nous insultaient, qui nous traitaient de rebelles et qui n’ont même pas vécu dans nos zones ici à plus forte raison, combattu. Allez-y au camp des sapeurs pompiers et au génie, vous verrez que ce sont les parents d’un chef qui se sont retrouvés là-bas », a-t-il accusé avant de protester : « Nous disons non à tout cela. Que le président de la république prenne ses responsabilités. S’il le faut, qu’il contrôle toutes ces listes de personnes qui ont été intégrées à la douane, aux eaux et forêts, au trésor et aux impôts. Il sera surpris de voir qu’il n’y a même pas plus de 10% d’ex- combattants ».

Devant donc l’entrée principale de l’Onuci, l’officier onusien, Gango Kouassi Léon qui les a reçus, a demandé qu’une délégation de trois personnes vienne avec lui pour remettre la lettre de motion de protestation, à ses responsables. Pendant ce temps, une autre délégation s’était rendue chez le préfet de région Konin Aka pour la même cause. Celui-ci, étant absent, c’est le sous préfet de Brobo, Djandé Lorgne qui les reçus et après les avoir écoutés, leur a prodigué de sages conseils.

Ladji Abou SANOGO

(Correspondant régional)

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