Les vérités crues du parti de Gbagbo à Kablan Duncan

salle koudou 2

Dialogue Gouvernement-FPI: Le Fpi demande le report des élections Ses vérités crues à Kablan Duncan

Kisselminan Coulibaly Source Soir info

L’ancien parti au pouvoir a demandé que les élections couplées du 21 avril soient reportées pour la « prise en compte de ses préoccupations »
Face à Daniel Kablan Duncan et l’équipe ministérielle qui les recevaient, le vendredi 8 mars 2013, à la Primature, Sylvain Miaka Ouretto et ses camarades du Front populaire ivoirien (Fpi), ont proposé un recadrage des discussions.

Le tour était inattendu : jusqu’à ce qu’elles soient relancées, les négociations entre partenaires avaient enregistré quelques points de convergence et buté sur un certain nombre de questions. Cependant, la situation socio-politique a évolué avec notamment la fixation « unilatérale » par les autorités, dixit le Fpi, de la date des élections municipales et régionales.

L’ancien parti au pouvoir a alors, demandé, vendredi soir, que les élections couplées du 21 avril, soient reportées pour la « prise en compte de ses préoccupations ». Daniel Kablan Duncan, premier ministre et qui préside les travaux du dialogue direct, aurait rappelé à ses interlocuteurs le processus de fixation de la date des différents scrutins, laisse entendre une source proche des négociations.

Le recadrage que demandait le Front populaire ivoirien, à l’entame des débats, consistait, en fait, dans une proposition d’ordre du jour qui plaçait, en tête, la question des élections. Suivaient d’autres questions : celle de la réconciliation au sommet (le Fpi demande que Ouattara et Gbagbo se rencontrent), la question de l’amnistie générale, celle de la réforme de la Commission électorale indépendante (Cei), la question du financement des partis ou encore celle relative à la « désignation par voie démocratique » des présidents d’Université…

Le discours liminaire du parti à la rose- quoique signé de Miaka Ouretto, président par intérim- a été lu par Richard Kodjo, secrétaire général par intérim. Le Fpi y est allé d’un rare sentiment de frustration, apostrophant Daniel Kablan Duncan : « (…) pendant toute la durée de la première phase du dialogue direct, le gouvernement que vous avez l’honneur de conduire, M. le Premier Ministre, continue chaque jour de poser des actes qui sont de nature à contrarier le dialogue et notre volonté commune de réconciliation. »

Un « poignard dans le dos », selon le Fpi

L’ancien parti au pouvoir s’est appesanti sur quatre situations qui, dans son entendement, étaient venues porter un sérieux coup au dialogue avec le gouvernement : l’arrestation suivie de l’extradition du Ghana de Charles Blé Goudé, « très proche de Laurent Gbagbo » ; l’arrestation puis l’extradition, début février, de Jean Yves Dibopieu et Jean Noël Abéhi, coupables, selon le Fpi, d’avoir « soutenu au nom de la légalité républicaine le président Laurent Gbagbo » ; la fixation de façon « unilatérale » de la date des municipales et régionales couplées ; la mise sous séquestre des biens et des avoirs bancaires d’une vingtaine de proches de Laurent Gbagbo récemment mis en liberté provisoire ou ayant obtenu un non lieu. Le Fpi a tenu, amer, ce discours à Duncan : « M. le Premier Ministre, politiquement ou à tout le moins, humainement, le Fpi était en droit de s’attendre, au moins à ce que, pendant qu’il est, au nom de la paix et de la normalisation de la vie politique, autour de la table de négociation, qu’on ne lui enfonce pas ce poignard dans le dos. Le Fpi comprend difficilement ces actes qui prennent le contre pied des points de convergence de vue validés lors de la première partie des travaux, en l’occurrence, l’interdiction et la violente répression du meeting de la Jfpi, le 16 février 2013 à Yopougon, ainsi que la confiscation continuelle des medias d’Etat par le gouvernement. »

Autre situation évoquée par Miaka Ouretto et ses camarades, les arrestations de pro-Gbagbo, en Côte d’Ivoire, qui continueraient de battre leur plein. Le Fpi, sur ce point également, n’a pas usé de diplomatie, se faisant, au passage, le défenseur des « opprimés » : « Il nous revient (…) que la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (Maca) reçoit chaque semaine au moins une dizaine de partisans de Gbagbo aussitôt déportés dans les prisons de l’intérieur, Séguéla, Man, Dimbokro, Toumodi, et cela dans le plus grand secret. Des meurtres continuent d’être perpétrés par les Frci en toute impunité contre nos militants. Les plus récents sont les massacres d’Affery dans la région de la Mé, et l’assassinat du chef du village de Petit Badjin à Dabou. M. le Premier Ministre, nous sommes en droit de souhaiter vivement et diligemment votre ferme implication personnelle dans la cessation du climat de terreur et son cortège d’humiliation et de traques permanentes des militants de l’opposition. »

Aux vérités crues du Front populaire ivoirien, Daniel Kablan Duncan et ses « lieutenants » ont eu des réponses « appuyées », apprend-on. Duncan était notamment assisté du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko et du ministre auprès du président de la République, en charge de la défense, Paul Koffi Koffi. Les deux ministres, bons connaisseurs des questions sécuritaires et de défense, auraient « recadré », à leur tour, certaines allégations de leurs interlocuteurs.

Ce n’est pas un hasard si les discussions ont duré environ trois heures, ce jour-là. Ce n’est pas non plus un hasard si, à la sortie du huis clos, Miaka Ouretto, seul intervenant, a lâché : « les discussions ont été dures » et puisqu’il « s’agit de questions de fond, ce sont des conclusions qu’on ne peut pas tirer en un jour ».

Seul bémol, cependant, la « volonté » commune qu’ont les parties à « aller à l’essentiel ».

Kisselminan COULIBALY

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