Chronique diplomatique
Je suis contre un second mandat du Président Ouattara à la CEDEAO
Par Ben Ismaël
Alassane Ouattara ne devrait en aucun cas accepter un second mandat à la tête de la Cedeao. La Cedeao n’a pas d’argent. Ne peut rien financer. La Cedeao n’a pas de budget. Pour tout dire, la Cedeao elle-même, est financée par l’Union européenne, appuyée parfois par les Etats-Unis. C’est pourquoi au Nord-Mali, la Cedeao cherche désespérément sa ‘’marque militaire’’ aux côtés des Forces tchadiennes et françaises. La structure sous-régionale fait preuve de peu de réputation militaire dans la gestion de la guerre au Nord-Mali. Ce n’est pas une performance quand les autres chefs d’Etat de la Cedeao estiment que le Président Ouattara est la seule personnalité qui fait l’unanimité pour ‘’sa bonne gestion de la Cedeao’’. La reconnaissance de bons et loyaux services du Président Alassane Ouattara, rendus à la Cedeao, applaudis par les 14 autres chefs d’Etat de la Cedeao est un ‘’danger’’. Honnêtement, le second mandat que le Président Ouattara vient d’accepter ne lui offre aucun avantage. Le Président ivoirien sait lui-même qu’il n’est pas le déclencheur de la guerre au Nord-Mali. C’est bien la France, soucieuse de stopper l’avancée des djihadistes dans le Nord-Mali. La guerre au Nord-Mali est gérée, pourquoi ne pas le dire par l’Union européenne. Personne ne le conteste : La Cedeao peut-elle payer une heure de vol d’un avion à rafales ? Aussi, le second mandat de Alassane Ouattara à la tête de la Cedeao, sera le plus suivi et sans doute plus critiqué : beaucoup de Maliens ne veulent pas d’une opération d’interposition au Mali qu’ils considèrent comme un centre d’opérations stratégiques pour les occidentaux. La Misma ? Un autre terrain délicat. Comment 15 pays et 15 armées ouest-africaines sont-elles incapables d’assurer la sécurité au Nord-Mali ? Cette incapacité peut mettre mal en point la Cedeao, dont les 15 armées seront sous commandement de la Misma, qui n’est qu’une simple opération de surveillance des Nations Unies et des intérêts occidentaux dans le Sahel. Et puis, qui va ‘’surveiller’’ l’autre crise malienne ? L’élection présidentielle. La Cedeao ou la France ? A mon avis, c’est la France qui a fixé déjà les échéances présidentielles au mois de juillet 2013 avec une surface financière de 212 milliards FCFA. La France et l’Union européenne vont tout payer, dans le souci de verrouiller leurs propres intérêts. Il suffit d’observer le poids de l’aide européenne aux refugiés maliens, qui prend à contre-pied l’image de la Cedeao, dans la sous-région ouest-africaine. Dans cette incohérence géopolitique, la Cedeao est affaiblie, par le nouveau statut du capitaine Amadou Haya Sanogo, comme principal réformateur de l’armée malienne. Au Mali, il faut prendre l’ascension du capitaine Sanogo au sérieux. Parfaitement, rien n’interdit le capitaine Sanogo qui agit avec une détermination froide de répondre aux intérêts du Mali. Inutile de faire d’étranges procès au capitaine Amadou Haya Sanogo. Rien n’oppose le capitaine Sanogo à la France, aux Etats-Unis et à l’Union européenne. Pourquoi la Cedeao ne s’est-elle pas offusquer, quand l’Union européenne a levé l’embargo économique en direction de Bamako ? La Cedeao le sait. Alassane Ouattara sait qu’il doit résoudre des tâches domestiques et affronter plus précisément les problèmes de l’emploi, reconquérir et faire fonctionner l’économie, l’école, ou calmer l’effervescence syndicale des agents de la santé, de la fonction publique. En acceptant un second mandat à la tête de la Cedeao, Alassane Ouattara a minimisé ses tâches domestiques très urgentes en Côte d’Ivoire, qui peuvent faire tâches d’huile sur sa gestion actuelle de la Côte d’Ivoire, avant d’assumer au mieux son ambition présidentielle pour un second mandat à la tête de la Côte d’Ivoire, en 2015. Alassane Ouattara doit sortir la Côte d’Ivoire de la crise de confiance, par le dialogue. Cette ‘’solution’’ politique, qui marque aujourd’hui une halte, après la mort du Président Félix Houphouët-Boigny. Face à toutes ces réalités ivoiriennes, le Président Alassane Ouattara a-t-il eu raison d’accepter un second mandat et de s’investir dans la ‘’solution’’ des problèmes des autres pays de la Cedeao.
Par Ben Ismaël
L’Intelligent d’Abidjan
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