Michel Russel Lohoré, à Lille [France] pour l’Intelligent d’Abidjan
Producteur culte avec à la clé des concepts emblématiques dont les Africar Music Awards, la Nuit du Prestige, et surtout la savoureuse interview réalisée avec le regretté Président du Gabon El Hadj Omar Bongo Ondimba dans son intimité, l’hyperactif et talentueux roi des médias et de l’événementiel ne s’était plus confié à la presse depuis plus d’une décennie. Pour L’Intelligent d’Abidjan, Consty Eka a accepté de se replacer sous les projecteurs. Exclusivité garantie !
Pourriez-vous rappeler pour les lecteurs de L’Intelligent d’Abidjan les circonstances qui vous ont poussé à partir de la Côte d’Ivoire?
C’est tellement triste que je préfère ne pas y revenir. J’ai appris depuis longtemps que seule la vie compte. C’est pourquoi, en toutes choses, je préfère positiver et aller de l’avant en me disant qu’avec le gouvernement actuel et le Président Ouattara à la barre, une nouvelle Côte d’Ivoire est en gestation. Apportons-lui le meilleur, sinon fermons notre gueule!
Est-ce un retour définitif au bercail?
En tant que citoyen du monde, pour vous, mon bercail c’est où? En tant qu’époux d’une Franco-Ivoirienne, pour vous où est mon bercail? En tant qu’ami, j’allais dire frère, de gens qui viennent de toute l’Afrique, pour vous, mon bercail c’est où? Et si je vous disais que c’est l’Afrique?
La Côte d’Ivoire vous manque-t-elle? Nourrissez-vous l’ambition de relancer vos affaires à Abidjan? Alors dans ce cas, ne craignez-vous pas de passer pour un opportuniste qui était parti quand la Côte d’Ivoire allait mal et qui reviendrait parce qu’il y a un gros espoir d’embellie?
Vous Russel osez parler d’opportunisme? Ca m’étonne de vous que je connais bien, et qui me connaissez bien ! Abidjan était ma base, mais j’allais travailler partout ailleurs. Le fruit de ce travail était investi en Côte d’Ivoire et s’y trouve toujours, pour l’essentiel, après des grosses pertes qui se chiffrent à plusieurs dizaines de millions de francs CFA. Voilà la réalité de ma vie que finalement peu de gens connaissent tandis que des tas et des tas font des tonnes avec des choses dont ils ignorent tout. Je suis un homme d’affaires, un vrai, et depuis longtemps, surtout pas un opportuniste…
Comment avez-vous vécu la crise postélectorale ivoirienne?
Comme quelqu’un dont la voiture est prise dans un carambolage avec des tas d’autres voitures, et autour, des morts et des blessés graves, la désolation partout avec le sentiment d’un terrible gâchis.
Etes-vous choqué par la forte propension des intellectuels camerounais à s’immiscer dans le débat politique ivoirien et distiller des leçons?
Oui, j’avoue que cela m’a choqué parfois. Surtout lorsque je voyais la passion prendre le pas sur la connaissance de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens. C’est pourquoi le silence de gens comme moi aura plutôt été utile car il a pu donner encore plus de force à notre parole lorsque nous avons parlé. C’est, en tous cas, ce que j’ai choisi de faire. Y compris avec certaines autorités ivoiriennes pour remettre les pendules à l’heure en diffusant des informations vraies, sur la plus populaire des radios à savoir la mienne, Voltage 2, et sur la télévision la plus populaire du Cameroun Canal 2 International et sa petite soeur Canal 2 Infos. La différence s’est faite toute seule avec un record de diffusion jamais égalé au Cameroun par des hommes politiques, à savoir plus d’une dizaine de diffusions et rediffusions de l’interview de mon frère le Ministre d’Etat Hamed Bakayoko et l’Ex-Premier Ministre, actuel Président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro. Ceci a donné aux Camerounais d’entendre un autre son de cloche, pour ne pas dire une version différente et directe des acteurs politiques, s’exprimant et répondant aux questions des journalistes dans une limpidité et une sincérité incontestables. En communication politique, c’est l’efficacité qui compte. Cela a ringardisé tous ces commentaires faits à base de commentaires non étayés par des informations, des faits.
Comment sont à présent déclinées vos activités?
La bonne question aurait été où en suis-je avec mes activités, et non la déclinaison de mes activités. Je fais ce que j’ai toujours fait: la communication de marque et politique, la conception de productions audiovisuelles internationales, la radio et la télévision. Avec en réserve, une petite place pour la presse magazine et la diffusion sur Internet quand toutes les applications seront prêtes.
Quelle est la place de Voltage 2 dans le paysage audiovisuel camerounais? Est-ce une radio qui compte?
Ma radio est une radio au format unique, qui fait de la FM, un format qui obéit à une déontologie, une façon de faire, c’est le prolongement de mon savoir-faire dans ce volet, en plus de deux décennies sans tricherie aucune et de professionnalisme reconnu par tous. Vous savez la révolution que j’ai apportée en Côte d’Ivoire avec mes émissions de radio sur la FM nationale et mes émissions télé. Vous pouvez donc vous imaginer ce que peut être une radio que j’ai conçue, que je dirige, et dont je suis propriétaire. Voltage 2 est une radio 100% FM, en hertzien, avec extension sur le satellite Amos5 qui est un satellite israélien. Nous sommes aussi sur Internet http://www.voltage2.net/.
Quels sont vos plus beaux coups de ces dernières années?
Je ne fais pas de coups, je travaille et réalise des projets. Je ne fonctionne jamais en termes de coups car dans 30 ans, je veux continuer à être fier de ce que je fais depuis 30 ans!!!
Contrairement au moment où vous résidiez en Côte d’Ivoire, vous êtes à présent moins bling-bling. Pourquoi cette discrétion?
On prend de l’âge d’abord, et puis qu’appelez-vous bling-bling! Si vous pensez aux belles voitures, j’en suis toujours un féru. Si c’est à la belle toile, oui, je suis toujours fidèle au même tailleur, Pape, qui sévit avenue Rapp dans le 7ème arrondissement de Paris. Mais il est évident que je ne serai jamais plus le même sur certains aspects, comme la Côte d’Ivoire qui se profile ne sera plus la Côte d’Ivoire des années 2000. Parce que la guerre est passée par-là et a fait de nous des sortes de survivants. La guerre est comme un logiciel, elle vous change de l’intérieur, que vous le vouliez ou non, elle change les gens, les pays, les mentalités. La guerre vous apprend surtout à relativiser, à réaliser à quel point regarder son nombril peut empêcher de voir à quel point la planète est grande. Bref, il faut se presser d’apprendre aux adultes que le temps c’est la vie, et non que le temps c’est l’argent.
Il se raconte que vous auriez confié votre vie à Dieu. Comment êtes-vous entré en dévotion?
Je n’ai pas confié ma vie à Dieu. Je ne suis pas entré en dévotion. Ma vie appartient à Dieu, ce n’est pas tout à fait la même chose. Et il en a toujours été ainsi, même si comme certains, je n’ai jamais choisi de le crier sur les toits, tous les soirs, tous les matins. C’est l’un des plus grands héritages que je garde précieusement de mon père qui m’a fait chrétien catholique à ma naissance et m’a donné l’éclairage nécessaire pour qu’à l’âge adulte je confirme mon baptême, en toute connaissance de cause, comme il se doit. Pour l’amour, ce sont les preuves d’amour qui font l’amour. Quand on est enfant de Dieu, ça se voit aussi, ça se sent…
Etes-vous toujours une valeur sûre? Vos détracteurs assurent que votre crédibilité s’est abîmée et que votre grinta ne suffira pas à vous faire revenir aux premières loges.
Qu’ils soient bénis, s’ils trouvent quelque satisfaction dans leurs fantasmes. Moi, je suis devenu »The King of All Media ». Pas mes détracteurs…
La révolution numérique a créé le grand chambardement dans le secteur du showbiz. Comment les artistes africains peuvent-ils sortir de la nasse?
Allez demander aux détracteurs dont vous avez parlé plus haut de régler leurs problèmes !
Quel est le meilleur souvenir de votre impressionnante carrière?
Avoir été le plus jeune homme de média, noir et africain de surcroit, avec ma société Cekam, à interviewer feu le Président El Hadj Omar Bongo en 1995, soit 18 ans à ce jour; 18 ans que je garde une confidence que je peux aujourd’hui vous révéler en exclusivité: il m’a dit que s’il quittait cette terre des hommes avant moi, il souhaiterait que l’intégrale de cette interview dont je n’ai diffusé qu’une heure sur la télévision mondiale TV5 il y a de cela 17 ans, soit mise à la disposition des enfants d’Afrique. C’est 4 heures d’un temps fort pour comprendre l’Afrique.
Et le plus douloureux souvenir?
La guerre en Côte d’Ivoire, incontestablement.
Comment avez-vous accueilli l’accession d’Alassane Ouattara au sommet de l’Etat ivoirien?
D’abord, comme l’accomplissement du plan de Dieu, donc comme une leçon pour tous ceux qui croient pouvoir se mettre devant un TGV. Ensuite, comme une chance extraordinaire car la Côte d’Ivoire a à sa tête un homme que n’importe quel pays au monde aurait voulu avoir comme Chef. Des 200 personnes, en gros, qui dirigent le monde, lequel dépasse Alassane Ouattara?
Le couple Ouattara avait parrainé la première édition des Africar Music Awards en 1992. Quel effet cela vous fait-il, vingt ans après?
C’est la preuve que certaines personnes voient et verront toujours plus loin et plus vite que le commun des mortels. L’histoire a voulu qu’avec Alassane Ouattara, Premier Ministre, la Côte d’Ivoire soit la base de lancement d’une première africaine: les Africar Music Awards que j’ai conçus. Sans le parrainage du Premier Ministre et son épouse Madame Dominique Ouattara, l’Afrique n’aurait jamais connu la première cérémonie de remise de trophées des victoires de la musique afro-caribéenne. Tout ce qui a été fait après fut, ni plus ni moins, que des copies serviles auxquelles on aura juste ajouté le clinquant tapageur du bling-bling technologique que l’argent permet pour masquer l’absence de créativité. Comme nos populations sont sous-développées et en manque, elles applaudissent ce qui a donné à la contrefaçon des lettres de noblesse, là où partout ailleurs dans le monde, on aurait assisté à des procès en cascades. L’effet que tout ça me fait, c’est que l’histoire qui jamais ne se termine (« Never ending story », disent les Anglo-saxons) a fini par rattraper tout ce beau monde, faisant justice à la version originale. C’est cette même histoire qui fait définitivement des Africar Music Awards un produit d’appel pour la destination Côte d’Ivoire et pour Abidjan la capitale culturelle de l’Afrique. Et ce que le Premier Ministre Ouattara fit pour la culture avec les Awards, il le fit aussi pour le secteur audiovisuel avec l’ouverture du paysage audiovisuel aux radios privées. Comme le fit le Président Mitterrand au début des années 80 en France où j’ai monté la première radio africaine Tabala FM aux côtés de mon mentor dans cette voie Jean-Claude Courrent. Bientôt viendra le tour pour l’ouverture de l’espace aux télévisions privées en Côte d’Ivoire.
Je disais plus haut qu’on entendait de moins en moins parler de vous. Mais à l’issue du flop monumental des Koras 2012, votre nom revenait tel un tube dans les conversations et sur les réseaux sociaux. Les messages et témoignages étaient à l’unisson : » Si c’était Consty Eka, le show aurait été royal…C’est le meilleur spécialiste africain du showbiz ». Comment gérez-vous tous ces compliments?
Comme l’hommage de la vertu à la vérité. Et la vérité, c’est que j’ai tout fait à la sueur de mon front. Sans un centime de soutien du gouvernement ivoirien, j’ai fait 6 éditions des Africar Music Awards qui, que l’on m’aime ou pas, sont une contribution à l’histoire de la Côte d’Ivoire. Les Anglophones pensent d’abord Afrique du Sud et Nigéria quand ils pensent Afrique. Les Francophones eux, pensent Côte d’Ivoire d’abord. C’est un capital inestimable auquel les Awards ont apporté leur modeste part, à leur juste place. C’est ce que veulent dire tous ces compliments. Chacun et chaque chose à sa place. L’imposture, l’à-peu-près, et le n’importe-quoi, ont suffisamment coûté cher à l’Afrique. Il est temps que ceux qui savent et peuvent, tiennent les manettes pour conduire nos trains en gare. En politique, en économie, en communication, en musique, en sport, partout. Que les autres se mettent au garde-à-vous pour regarder les trains passer…
Très clairement, planchez-vous sur le grand retour des Africar Music Awards?
La 7éme édition est en marche, j’en ai suggéré l’idée à mon frère Hamed Bakayoko, actuel Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de Côte d’Ivoire. Mais je peux d’ores et déjà vous dire que, quelque soit le pays qui l’abritera, comme d’autres événements que je projette, ce sera du très grand chic, avec comme toujours la présence effective des stars annoncées, parce qu’elles savent l’honneur qu’il y a à venir à mes événements où les mercenaires n’ont pas de place. Et pire encore quand ils ne mesurent pas la force du symbole qui s’attache au fait de fouler le sol mythique de l’Afrique.
Lors de la disparition du Président Omar Bongo Ondimba, vous avez marqué les esprits en commercialisant le double CD de la longue interview exclusive qu’il vous avait accordée.
C’est une erreur, et c’est encore ce que j’appelle le Kongossa ou Kpakpato africain. Cette longue interview exceptionnelle baptisée « Confidences » qui, de mémoire d’homme de médias, n’a jamais été accordée par un Chef d’Etat africain, est dans un coffre-fort. Sa sortie est imminente et fera l’objet d’un double coffret digipack, avec des révélations historiques sur l’Afrique, le monde et la vie de ce sage africain. Vous me connaissez quand même Russel. Quand je lance un concept, c’est le ramdam. Et pour la mémoire de feu le Président Omar Bongo, je ne ferai pas dans la dentelle. Pour la promotion de la sortie mondiale de ces deux coffrets, ce sera un tremblement de terre…
Vous êtes de ceux qui, en 1992, ont permis à Radio Côte d’Ivoire, notamment Fréquence 2, de rester au top en dépit de la libéralisation. Après les radios, des chaînes de télé privée vont voir le jour dans notre pays. Avez-vous l’intention de jouer un rôle?
Si on fait appel à mon expertise, et en termes de production. Cekam continue encore à faire du grand chic en HD.
Quels sont vos rapports avec Naomi Campbell?
C’est elle, quand je l’ai connue il ya 18 ans, qui m’a ouvert de nombreuses portes aux USA auprès des multiples stars américaines. C’était sa manière de me remercier de lui avoir fait voir l’Afrique de ses ancêtres. Et puis, je suis celui qui a rédigé l’interview de sa biographie, son unique livre édité à ce jour.
Vous aviez l’habitude de balancer des éloges appuyés à l’endroit de votre ami et sponsor Florentin Duarte. Son épouse Pierrette Adams dont vous avez été le manager ne trouve pas de mots assez durs pour vous vilipender. Avez-vous fait la paix?
Vous me donnez ici l’occasion de rompre le silence!!! D’abord, sachez que je n’ai jamais été le manager de qui que ce soit comme artiste au monde, encore moins de celle dont vous parlez. Ensuite, vous devez savoir que c’est Florentin Duarte qui a fait appel à moi pendant que j’étais à Paris, pour relever sa chanteuse d’épouse. Il m’a alors confié la production exécutive de l’album Coma profond dont j’ai fait une pépite d’or reconnue par tous et à tous égards, y compris pour la qualité de la conception et de la réalisation de clips, le choix des danseuses avec mon ami chorégraphe de toujours Moïse Rippon. Ces danseuses, que l’artiste ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve, ont été sélectionnées sur un casting de 60 candidates organisé par mes soins à Paris pour finalement retenir 8 filles qui ont, bien plus tard, été présentées à l’artiste. Ce que j’avais en tête, c’était de mettre en place des chorégraphies ambitieuses permettant d’élargir la visibilité de cette artiste, par des exécutions en ballet pour sortir un peu de nos arrières-trains-trains traditionnels avec toutes ces fesses qui remuent dans tous les sens. J’ai réalisé des affiches exceptionnelles qui ont été posées par mon réseau dans toute la France. J’ai confectionné un double coffret Digipack DVD jamais réalisé par un artiste afro. L’artiste et son époux ne savaient même pas que ce type de support existait et, à leur décharge, je dois avouer que les seuls à l’avoir fait, c’est l’équipe de production des remixes de Claude François. J’ai mis sur pied une équipe commando, mes réseaux sur Télésud où plus personne ne voulait entendre parler de cette artiste. Et pour couronner le tout, j’ai bataillé comme jamais pour obtenir une place pour l’artiste en première partie de Tabou Combo à l’Olympia. Ce fut la honte de ma vie, une catastrophe vocale que l’on peut revisiter en diffusant les extraits de ce spectacle. Heureusement que Monique Séka est venue sauver la mise à l’Afrique avec une prestation acoustique exceptionnelle et improvisée de bout en bout. Comme pour dire ici aussi qu’il y a version originale et copies serviles. En tout cas, ma mission était terminée car les coffrets étaient sur le marché. Pour des raisons que j’ignore, j’attends toujours mon dû qui, comme convenu avec Florentin Duarte, le producteur, était de 30% du budget de production que lui seul connaissait, ordonnait, et exécutait. J’ai réclamé en vain et si j’ai attendu jusqu’à ce jour dans mon coin, c’est par pur respect pour Florentin Duarte et non pour l’artiste qui ne représente rien à mes yeux, si ce n’est une statue de sel d’ingratitude comme celle de la femme de Lot dans la Bible. Et tout ça se chiffre en plusieurs dizaines de milliers d’euros. Et quand je parle d’ingratitude, je voudrais que vous sachiez que Florentin Duarte n’avait pas de société de production et que j’ai dû lui prêter mon label Cekam pour qu’il puisse signer la distribution de l’album chez un ami de très longue date, Sonima qui, d’ailleurs, n’a signé que par amitié pour moi car, disait-il, les précédentes productions de l’artiste avaient été des navets, de vraies catastrophes financières. En retour, qu’ai-je eu? L’artiste n’a pas trouvé mieux que de me servir la malice, à tel point que malgré l’insistance de son époux de m’exprimer sa reconnaissance, elle n’a pas trouvé nécessaire de me dire merci! J’ai donc exigé de son époux que me soit payé mon dû, un point un trait. Florentin Duarte m’a répondu qu’il me paierait à une seule condition: que je me remette à parler à son épouse. Chose à laquelle j’ai opposé un refus catégorique. Et je n’ai pas bougé d’un iota en raison de l’ingratitude qu’elle a affichée et de la cabale de dénigrement orchestrée par l’artiste avec qui, de toute façon, je n’ai aucun contrat. Des dénigrements en tout genre auquel seul mon silence a répondu à ce jour, par pure gratitude de ma part à l’égard de son époux, et parce que mon éducation ne m’autorise pas à me salir la bouche en répondant aux horreurs qui ont été dites sur moi. L’ingratitude se paie cash sur cette terre des hommes, suivez mon regard. Et comme je suis quand même l’un de papes du showbiz, j’ai fait simplement bloquer la distribution, sans demander un quelconque calcul des royalties auprès du distributeur. Pour moi, c’est une haute trahison. Cette artiste peut tout dire de moi sur Internet, seuls les Mongoliens peuvent la croire, surtout pas les Ivoiriens, qui savent toute son histoire musicale, ce que je lui ai apporté, les plateaux de télé, de spectacles, qu’elle n’aurait jamais faits même dans ses rêves les plus fous, les stars que je lui ai présentées. Que ce soit Koffi Olomidé, Eric Virgal, et j’en passe. Conclusion: ce que j’ai vécu là (!!!) s’appelle de l’ingratitude voir même de la méchanceté. J’espère qu’elle est en harmonie avec sa conscience. Malgré tout ça, suis-je en paix? Oui, parce que, disent les Anglo-saxons, « Be nothing ! »…
Que pensez-vous de l’élimination sans gloire des Eléphants lors de la CAN 2013?
Avec le malheur de la bande à Didier Drogba et Yaya Touré, je comprends pourquoi deux grands de Notre Afrique n’ont jamais eu le foot comme sport préféré: feu le Président Félix Houphouët-Boigny et feu le Président El Hadj Omar Bongo Ondimba. Le foot, c’est l’incertitude du sport, par excellence. Sinon, comment expliquer qu’une génération de surdoués ait pu régner sur le foot africain pendant 10 ans et parte ainsi sans palmarès? Comme par la petite porte. Yako!
Avez-vous un message pour la Côte d’Ivoire et vos fans?
Que chaque Ivoirien fasse table rase du passé pour redonner toutes ses lettres de noblesse à la Côte d’Ivoire. Que chaque ami de la Côte d’Ivoire fasse de même car l’Afrique a besoin d’une Côte d’Ivoire qui va bien. C’est ce que je voudrais faire aussi, apporter ma contribution à l’envol d’une Côte d’Ivoire émergente à travers une interview digne de ce nom, digne de la Côte d’Ivoire dans le coeur des Africains, digne d’un fils d’Afrique qui comble notre continent de fierté, une interview avec le Président Alassane Ouattara qui ne répond qu’à un seul désir: faire respecter et présenter au monde les meilleurs d’entre nous, pour la dignité de l’Afrique.
Propos recueillis par Michel Russel Lohoré
Encadré
Haro sur les délations, place à la compétence! Ou leçons d’une interview avec Consty Eka
En 2006, non loin de l’Empire State Building, à New York, une amie me demandait de réaliser une interview de Consty Eka pour son magazine. J’avais malicieusement traîné. D’abord parce qu’à cette époque, en plein dans la pub et la com, j’avais mis en stand-by mes activités de journaliste. Ensuite, parce que depuis nos dernières retrouvailles en 2003, dans une boîte de la rue Croix Nivert, à Paris, je n’avais plus revu Consty Black. En 2007, alors que j’étais avec mon frère Alafé, directeur général de L’Intelligent d’Abidjan, à la même adresse, l’on avait furtivement aperçu le monstre sacré du showbiz afro-caribéen. Depuis, il n’y avait plus eu de contact. Jusqu’à ce que je sois hospitalisé en France il y a trois ans. L’anecdote est cruelle. Je venais d’être admis dans un établissement hospitalier pour un mal gravissime. Le staff médical pensait qu’il n’y avait plus beaucoup d’espoir… J’avais malgré tout débarqué dans ma chambre avec des documents de travail et l’inséparable téléphone. Couché, je compilais dans mon agenda les petites notes de la 5ème édition de mon événement ‘’Les Bâtisseurs de l’Economie Africaine’’. Un peu l’histoire du garçon qui voulait assouvir sa passion avant de tirer sa révérence. A la rubrique ‘’Présentateurs’’, j’avais coché cinq noms dont Audrey Pulvar et Consty Eka. J’étais d’ailleurs entrain de rédiger un courrier à leur intention lorsque l’un des médecins, furieux, a fait mettre tous ces documents au placard…Pourquoi alors avoir shortlisté Consty Eka ? C’est simple : il est l’une des rares personnes en Afrique à avoir autant de talent dans des domaines aussi diversifiés que la radio, la télé, la présentation de galas, la production de spectacles, l’événementiel, etc. S’il est vrai qu’il y a les paroles et les actes, alors il y a effectivement Consty Eka, qui se place résolument dans le camp de ceux qui agissent. Prenons un peu l’événementiel. Voir Consty bosser sur un concept est une vraie leçon. C’est la marque du lourd. Il vit son événement comme sa vie. Avec minutie. Dans son retroplanning, il y a même un temps consacré à l’essayage de ses costumes chez son couturier, à Paris. Connaissez-vous Pape ? C’est ce Sénégalais qui habillait le gratin black parisien de l’époque, dont mon ami Hervé-Emmanuel Nkom, l’incorrigible dandy du Triangle d’Or. Quand Consty est aux manettes, son souci est de donner du rêve à ses invités. Pas de les enfumer ! Quand le patron de Cekam officiait en Côte d’Ivoire, il était à la fois concepteur et maître de cérémonie, on le trouvait ‘’too much’’. Bien sûr qu’il n’était pas envahissant, il était simplement en avance sur un temps. A Davos, où le professeur Klaus Schwab organise le World Economic Forum depuis plus de 40 ans, il n’est pas rare de voir le distingué professeur de mathématiques modérer lui-même des débats. A New York, Richard Attias fait pareil au New York Forum. On n’est mieux servi que par soi-même. Surtout lorsqu’on en a la compétence. Mieux encore, Consty Eka a raison de demander aux spécialistes de la délation facile et aux incompétents de faire place. Dans cette Côte d’Ivoire meurtrie par autant de drames, où le besoin de rebond est plus impératif, il faudra un peu plus que l’entregent et le dénigrement systématique pour faire prospérer ceux qui n’ont jamais rien organisé de bon, mais qui passent un peu trop facilement pour des as de l’événementiel.
Michel Russel Lohoré, à Lille (France)
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